Eglises d'Asie

Imams et responsables chrétiens se réunissent pour initier un dialogue interreligieux

Publié le 25/03/2010




Le 29 avril à l’Université de Dacca s’est tenu, au sein du département des religions, un séminaire sur le thème « Imams et prêtres : l’unité dans la diversité ». Y participaient une trentaine d’ecclésiastiques, le même nombre d’imams, ainsi que des spécialistes des deux confessions religieuses. Mgr Joseph Morino, nonce apostolique au Bangladesh, Mgr Paulinus Costa, archevêque de Dacca, …

… Mgr Linus Normal Gomes, évêque émérite de Baruipur (un diocèse d’Inde, proche du Bangladesh), et l’ambassadeur d’Italie à Dacca, Mme Itala Occhi, étaient également présents et se sont adressés aux participants (1). Tous ont fait l’éloge du dialogue et condamné fermement toute forme d’isolationnisme communautaire.

Kazi Nurul Islam, fondateur du département des religions à l’Université de Dacca, est à l’origine de cette journée d’étude, organisée en étroite collaboration avec la Commission épiscopale pour le dialogue interreligieux et le Centre pour le dialogue religieux et interculturel. Le séminaire avait été précédé d’une série de réunions, visant à préparer la rencontre finale : courant mars et début avril, chrétiens et musulmans avaient débattu, chacun de leur côté, pour ensuite se réunir par petits groupes, toutes confessions mélangées. Dans un entretien accordé à L’Osservatore Romano le 17 avril 2008, Kazi Nurul Islam avait fait part de son espoir que cette réunion débouche sur un véritable forum interreligieux « où les chrétiens et musulmans [pourront] continuer à se rencontrer, discuter et aboutir à une déclaration commune (…). Cette déclaration commune sera la base de la paix entre chrétiens et musulmans au Bangladesh et dans le monde entier ».

Il rejoignait ainsi le P. Francesco Rapaciolli, supérieur régional de l’Institut pontifical des Missions étrangères (PIME), qui déclarait, lors du séminaire du 29 avril, que « si les musulmans et les chrétiens n’étaient pas en paix, le monde ne pourrait être en paix », ajoutant qu’ils formaient ensemble plus de 55 % de l’humanité.

Lors de l’ouverture de la rencontre, Kazi Nurul Islam a insisté à nouveau sur l’importance du dialogue interreligieux pour construire la paix. Il a souligné, entre autres, le fait que bon nombre de chrétiens ignoraient que le Coran avait « une grande vénération pour Marie et un immense respect pour le Christ ».

Mgr Paulinus Costa a rappelé quant à lui que les chrétiens devaient être « des instruments de paix » et que le pape Benoît XVI, lorsqu’il avait reçu les évêques du Bangladesh pour leur visite ad limina de juin 2008, les avait exhortés à « persévérer avec un dévouement patient à cette dimension essentielle de la mission de l’Eglise ad gentes » (auprès des non-chrétiens) (2). Depuis sa nomination en 2005 à la tête de l’archevêché de Dacca, Mgr Paulinus Costa, qui est également président de la Conférence épiscopale du Bangladesh, a multiplié les actions en faveur d’une meilleure communication de l’Eglise et d’un développement du dialogue interreligieux.

Dans un pays où la population est musulmane à plus de 80 %, les catholiques, très minoritaires (un peu plus de 1 %), forment cependant une communauté très dynamique, qui voit se multiplier les vocations, au point que les infrastructures sont aujourd’hui insuffisantes (3). Cependant, elle est également la cible, de façon répétée, de violences de la part de groupes islamistes, phénomène qui suit l’augmentation des conversions de musulmans au christianisme. Des attentats à la bombe ont été perpétrés dans 63 des 64 districts qui forment le Bangladesh, dont certaines visaient explicitement des églises catholiques. Les fêtes de Noël et de Pâques ont été célébrées cette année, comme les précédentes, sous haute surveillance policière.

« Celui qui suit le véritable enseignement de l’islam ne peut pas être un terroriste. Cependant, il faut reconnaître que certains groupes terroristes sont soutenus par des milieux qui se définissent comme musulmans, reconnaît Kazi Nurul Islam. (…) Je ne dis pas cela pour faire plaisir aux chrétiens. Je le dis aussi dans mes cours à l’université et dans mes séminaires avec des étudiants musulmans (…). On ne peut pas justifier la violence par la religion. »