Eglises d'Asie

Des religieuses redonnent le goût de la vie à des femmes « blessées » psychologiquement

Publié le 12/04/2010




A Loikaw, ville du nord-est de la Birmanie (Myanmar), les religieuses du Bon Pasteur (1) viennent en aide aux femmes victimes de viol ou d’inceste, aux anciennes prostituées et aux mères célibataires.Pour la communauté religieuse, soigner le traumatisme psychologique est la première des priorités. « Nous faisons de notre mieux pour les aider à se reconstruire », …

… explique Sr Htoo Htoo, précisant que le processus de guérison inclut la prière, l’accompagnement spirituel, la participation à des groupes de partage ainsi qu’un suivi psychologique. La congrégation prend actuellement en charge onze femmes âgées de 18 à 25 ans, dont cinq vivent au couvent avec leurs enfants.

Pauline, 23 ans, a été violée par son oncle quand elle avait 15 ans. Lorsque sa tante a découvert qu’elle était enceinte de lui, elle l’a jetée à la rue. La jeune fille, après avoir trouvé refuge au couvent des sœurs du Bon Pasteur, y a donné naissance à son enfant. Aujourd’hui sortie du monastère, elle raconte que sa vie se reconstruit peu à peu, mais n’oublie pas son long combat contre la colère et la dépression.
« J’ai dû prendre le temps de surmonter mes problèmes, raconte-t-elle. Chez les sœurs, j’étais en colère vis-à-vis des autres. Je n’avais pas toujours de bonnes relations avec les autres filles. » Les religieuses du Bon Pasteur ont appris la couture à Pauline, qui a acheté une machine à coudre pour essayer de gagner sa vie et d’élever son enfant. Elle fabrique également des rosaires et reste très proches des religieuses. « Je prie toutes les nuits pour la guérison de mes blessures », dit-elle.

Une autre jeune femme, Rose, 18 ans, n’a passé que cinq années de sa vie auprès de sa mère, et est devenue prostituée à la frontière de la Thaïlande et de la Birmanie. Elle vit aujourd’hui au couvent et apprends également la couture. « Je suis très heureuse d’être ici et les religieuses nous considèrent comme leurs propres enfants. Mais, parfois, ma mère me manque », dit-elle tristement.

Parmi ces jeunes femmes, qui, toutes, ont vécu de graves traumatismes, bon nombre d’entre elles ont déjà envisagé le suicide, comme Sweety, 30 ans. La jeune femme d’origine kayar explique avoir affronté bien des difficultés à partir du moment où elle est tombée enceinte. Avant d’aboutir au couvent, elle avait pensé à mettre fin à ses jours, pensant que personne ne pourrait prendre soin d’elle.

Depuis 1990, la communauté des religieuses du Bon Pasteur de Loikaw a recueilli et pris soin de plus de 70 femmes en difficulté. Leur congrégation, présente en Birmanie depuis 1866, y compte aujourd’hui 42 religieuses, 2 novices et 6 postulantes réparties dans cinq diocèses.

Le pays, bouddhiste à 89 %, ne recense que quelque 4 % de chrétiens, dont seulement un quart de catholiques, très engagés dans l’aide humanitaire et sociale.