Eglises d'Asie

Pour l’Eglise catholique, assurer la sécurité des établissements scolaires dont elle a la charge devient hors de prix

Publié le 25/03/2010




Dans la province du Pendjab, les responsables des institutions éducatives catholiques tirent la sonnette d’alarme : selon eux, les mesures exigées par le gouvernement pour assurer la sécurité des établissements scolaires entraînent des dépenses considérables qui vont jusqu’à remettre en cause l’existence même de ces établissements.

En réponse à la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays, en particulier face à la multiplication des opérations menées par les groupes islamistes à Rawalpindi et à Lahore, au cœur de la province du Pendjab, les autorités provinciales du Pendjab ont édicté toute une série de mesures visant à assurer la sécurité dans les écoles. Désormais, toutes les écoles de la province, qu’elles soient publiques ou privées, doivent être entourées par un mur d’enceinte de deux mètres de haut et munies de caméras de surveillance et de détecteurs de métaux ainsi que de scanners pour contrôler leurs entrées ; en outre, un périmètre ceint de fils barbelés doit être érigé autour des établissements et un minimum de deux gardes armés postés à leur entrée.

Sœur Parveen Rahmat, directrice du lycée catholique attenant à la cathédrale du Sacré-Cœur à Lahore, précise que si la province prend en charge les coûts induits par ces mesures sécuritaires pour ses propres établissements, les écoles privées, dont les écoles catholiques, ne reçoivent aucune aide publique pour faire face à ces nouvelles charges. Elle explique que la police est en train de passer en revue tous les établissements scolaires de la province et ordonne la fermeture de ceux qui ne se conforment pas aux nouvelles directives. « Nous essayons de nous y conformer mais cela représente un travail considérable qui ne correspond pas à notre vocation première », précise-t-elle.

Outre les attaques, semble-t-il méticuleusement planifiées, contre le quartier général de l’armée à Rawalpindi-Islamabad et les attentats simultanés à Lahore qui ont visé trois bâtiments stratégiques et fait 28 morts, l’attaque-suicide du 20 octobre contre l’Université islamique internationale d’Islamabad est l’action qui a amené les autorités à réagir. Six personnes, dont trois étudiantes, ont perdu la vie du fait de ce dernier attentat. Immédiatement après, le gouvernement fédéral a ordonné la fermeture de tous les établissements scolaires et universitaires du pays. Ceux-ci sont restés portes closes durant plusieurs jours, avant d’être autorisés à rouvrir peu à peu, à l’exception toutefois des établissements de la Province de la frontière du Nord-Ouest, qui demeurent fermés jusqu’à nouvel ordre.

Au Pendjab, où se trouvent l’essentiel des établissements catholiques du pays, la plupart des écoles catholiques sont restées fermées durant deux semaines. « Les parents ont peur pour la sécurité de leurs enfants. Or, nous ne pourrons continuer à former les jeunes qui nous sont confiés tant que le gouvernement n’assurera pas la paix et la sécurité », témoigne Sœur Parveen Rahmat.

Pour Mgr Lawrence Saldhanha, archevêque de Lahore et président de la Commission catholique nationale pour l’éducation, « on ne peut certes que déplorer que les terroristes s’en prennent aux écoles, mais le gouvernement failli qui est le nôtre nous fait porter la charge de ces nouvelles mesures de sécurité. La situation lui échappe complètement ».

Face à la multiplication des actions terroristes attribuées aux milieux talibans, qu’ils soient issus de la Province de la frontière du Nord-Ouest ou du Pendjab lui-même, Islamabad a réagi en déclenchant une vaste offensive militaire au Waziristan. Toutefois, certaines voix s’élèvent dans le pays pour dire que l’option militaire ne résoudra pas à elle seule le problème taliban au Pakistan. Quelle que soit l’issue des combats, la seule certitude demeure que les écoles dans le Nord-Ouest du pays sont toujours fermées ; pour les établissements chrétiens, très minoritaires dans cette partie du Pakistan, cela concerne 90 écoles catholiques et 17 écoles protestantes.

A Peshawar, chef-lieu de la province, la situation est tendue ; le 28 octobre dernier, un attentat à la voiture piégée a fait 105 morts et plus de 200 blessés.