Eglises d'Asie

Report de la huitième Assemblée nationale des représentants catholiques

Publié le 25/03/2010




A l’issue d’une récente réunion des organes « officiels » de l’Eglise catholique en Chine, a été annoncé le report de la tenue de l’Assemblée nationale des représentants catholiques, laquelle devait siéger avant la fin 2009 pour notamment, élire les titulaires des deux postes, aujourd’hui vacants, de président de la Conférence des évêques catholiques de Chine…

… et de président de l’Association patriotique des catholiques chinois. Aucune information n’a été donnée quant à la date de convocation de cette Assemblée, qui est censée se réunir tous les cinq ans, la septième réunion ayant eu lieu en 2004.

C’est lors d’une réunion à Pékin, les 25 et 26 novembre derniers, que les quelque 80 membres des organes permanents centraux de l’Association patriotique et de la Conférence des évêques « officiels » ont pris la décision de reporter la tenue de l’Assemblée nationale des représentants catholiques. Des évêques présents à cette réunion dans la capitale ont rapporté qu’il leur avait été dit que les dirigeants de l’Eglise n’avaient pas disposé d’assez de temps pour préparer cette huitième Assemblée. Le tremblement de terre du Sichuan en mai 2008 et la mobilisation qui s’en est suivie pour venir en aide aux populations sinistrées, les Jeux olympiques du mois d’août 2008 ou encore la célébration du 60ème anniversaire de la fondation de République populaire en octobre 2009, ont été autant d’événements qui ont mobilisé les énergies et qui expliquent le report de la tenue de l’Assemblée.

La convocation, attendue depuis plusieurs mois, de la huitième Assemblée nationale des représentants catholiques est un événement important. Si, d’évidence, cette structure est au nombre des organes tenus pour « incompatibles avec la doctrine catholique » dans la Lettre du pape Benoît XVI aux catholiques chinois, publiée en juin 2007, elle n’en est pas moins au centre de la politique de contrôle de l’Eglise catholique par le régime chinois.

Lors de sa précédente réunion, la septième du genre, en 2004, l’Assemblée nationale des représentants catholiques avait réuni environ 300 délégués, où, parmi des prêtres, des religieuses et des laïcs, les évêques étaient en minorité. L’Assemblée avait amendé ses statuts et réélu à leurs postes Mgr Michael Fu Tieshan, évêque « officiel » de Pékin, et Mgr Joseph Liu Yuanren, évêque « officiel » de Nankin, qui, tous deux, n’étaient pas reconnus par Rome en tant qu’évêques. Mgr Fu Tieshan présidait l’Association patriotique et Mgr Liu Yuanren la Conférence épiscopale « officielle ». Le premier est décédé en 2007, le second en 2005 et, depuis lors, les deux postes sont vacants.

Lors de la réunion des 25 et 26 novembre derniers, les évêques, prêtres, religieuses et laïcs convoqués à Pékin ont entendu des « rapports de travail » présentés par l’Association patriotique et la Conférence épiscopale. Ils ont également écouté les discours de Zhu Zeiqun, directeur adjoint du Front uni du Parti communiste chinois, l’organe qui chapeaute les institutions de la société civile non directement placées sous la tutelle du Parti, et ceux de Wang Zuo’an, le directeur récemment nommé de l’Administration d’Etat pour les Affaires religieuses. L’un et l’autre ont rappelé les grands principes qui gouvernent la politique religieuse du pouvoir chinois.

En l’absence d’informations plus détaillées, les observateurs ne peuvent que supputer les vraies raisons du report de la huitième Assemblée. Pour Anthony Lam Sui-ki, chercheur au Centre d’études du Saint-Esprit à Hongkong, le report annoncé est une « sage décision ». Cela montre que le gouvernement chinois commence à prendre en compte les commentaires émis à l’étranger sur sa politique religieuse. Tout en soulignant l’anormalité de la configuration qui place l’Assemblée nationale des représentants catholiques au-dessus de la Conférence épiscopale, le chercheur indique que le délai que se donnent les autorités chinoises est peut-être le signe qu’elles cherchent une solution pour remédier à cette anormalité.

Pour sa part, le cardinal Zen Ze-kiun, évêque émérite du diocèse de Hongkong, n’a eu de cesse, ces derniers temps, d’appeler les évêques « officiels » à se démarquer des instances que le pouvoir chinois qualifie de « démocratiques » mais qui sont contraires à la doctrine catholique en matière d’organisation de l’Eglise. On se souvient que le cardinal a appelé ces prélats, notamment ceux qui ont demandé et obtenu de Rome leur légitimation en tant qu’évêques, à mettre fin aux « compromissions » avec le régime chinois. Dans ce contexte, il est possible de penser que Pékin rencontre des difficultés à trouver des évêques reconnus par Rome qui acceptent de prendre la tête des organes « officiels » de l’Eglise catholique en Chine.