Eglises d'Asie

Des milliers de réfugiés hmong ont été expulsés vers le Laos, malgré la condamnation unanime de la communauté internationale

Publié le 25/03/2010




Dès le lundi 28 décembre, l’armée thaïlandaise a commencé à évacuer le principal camp de réfugiés de l’ethnie lao hmong, à Huay Nam Khao, dans la province de Phetchabun, au nord-est du pays, reconduisant de force plus de 4 000 d’entre eux à la frontière laotienne. Commencée à 5 h 30 du matin, cette opération s’est effectuée sous le contrôle de soldats armés de matraques…

… et de boucliers anti-émeutes, qui ont forcé les familles de réfugiés pour la plupart présentes sur le sol thaïlandais depuis plus de trente ans, à embarquer dans des camions puis des bus les reconduisant à la frontière.

Face aux craintes exprimées aussi bien par l’ensemble de la communauté internationale que par les organisations de défense des droits de l’homme concernant la sécurité des réfugiés une fois de retour dans leur pays d’origine, le gouvernement thaïlandais avait affirmé que les Hmong de Huay Nam Khao étaient des immigrants économiques clandestins ne pouvant prétendre à ce titre au statut de réfugié politique et que Vientiane avait assuré par ailleurs que les rapatriés ne feraient l’objet d’aucune persécution. Une promesse qui n’avait pas semblé rassurer les organismes humanitaires lesquels avaient été nombreux à rappeler que les précédentes vagues d’expulsion de Lao Hmong de Thaïlande s’étaient soldées par des assassinats, des tortures, des emprisonnement et des mesures discriminatoires dès leur arrivée sur le sol laotien.

Depuis la prise de pouvoir du Pathet Lao communiste au Laos, on estime qu’entre 300 000 et 600 000 membres de cette minorité ethnique montagnarde qui s’était ralliée aux Etats-Unis durant la guerre du Vietnam, ont dû fuir les persécutions, se réfugiant pour la plupart d’entre eux en Thaïlande. Plusieurs milliers de Lao seraient encore, selon certains rapports d’ONG, terrés dans la jungle laotienne où l’armée continue de les traquer.

Dans un communiqué daté du 28 décembre 2009, le porte-parole du département d’Etat américain Ian Kelly, avait rappelé au gouvernement thaïlandais que ce dernier avait reconnu officiellement avec les Nations Unies que les Hmong « avaient besoin de protection en raison des risques qu’ils pourraient encourir au Laos » et avait enjoint Bangkok de « suspendre immédiatement l’opération d’expulsion ». Le même jour, le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU qui avait demandé fermement la suspension du rapatriement forcé, était suivi dans ses déclarations par l’Union européenne ainsi que par de nombreux pays occidentaux qui tous, condamnaient une expulsion « en contravention avec le droit international ».

L’inquiétude des ONG et de la communauté internationale se faisait d’autant plus forte que l’opacité entourant l’opération d’expulsion était totale. La presse, les organisations humanitaires ou encore le HCR ne pouvaient avoir accès au site, tandis que les téléphones portables des résidents du camp étaient confisqués afin d’éviter tout contact avec l’extérieur. Aucun organisme ne pouvait approcher les réfugiés, comme en témoigne auprès de l’agence Ucanews (1), le Bureau catholique pour l’aide d’urgence et les réfugiés (COERR) qui s’était « vu refuser l’accès au camp dès le dimanche matin ». L’ONG catholique, créée par la Conférence des évêques de Thaïlande et soutenue par l’UNICEF, était le seul organisme humanitaire encore autorisé à intervenir auprès des Hmong de Huai Nam Khao, depuis le retrait de MSF en mai dernier en raison « des pressions exercées par l’armée » qui, selon l’ONG médicale, ne lui permettait plus d’assurer sa mission (2).

Le mardi 29 décembre, l’opération baptisée « grand nettoyage » par l’armée thaïlandaise était achevée et les derniers bus de réfugiés parvenus au Laos. Un accord bilatéral entre Vientiane et Bangkok prévoyait que la dernière phase du processus de rapatriement des Hmong qui s’était accéléré depuis 2006, devait être terminée d’ici le 31 décembre de cette année.