Eglises d'Asie

Semaine pour l’unité des chrétiens : catholiques et protestants font de l’œcuménisme une réalité concrète

Publié le 08/04/2010




Les Eglises chrétiennes de Birmanie (Myanmar) ont montré leur détermination à œuvrer ensemble lors de la semaine pour l’Unité des chrétiens qui vient de s’achever hier lundi 25 janvier (1). Organisées par la Conférence des évêques catholiques du Myanmar et le Conseil des Eglises du Myanmar (MCC), des célébrations œcuméniques se sont tenues un peu partout dans le pays, …

… débutant à Rangoun (Yangon) le 18 janvier dernier à la cathédrale anglicane de la Sainte-Trinité, pour s’achever le 25 janvier à la cathédrale catholique Sainte-Marie.

Le P. Joseph Maung Win, secrétaire de la Commission mixte des Eglises, a expliqué à l’agence Ucanews (2) les différents moyens d’actions et de collaborations que catholiques et protestants ont mis en place ces dernières années en Birmanie. Pour le prêtre catholique, l’œcuménisme se doit d’être concret, même si les « discussions doctrinales permettent de mieux se comprendre ». Lui-même est président du conseil d’administration du cimetière chrétien, alors que « le secrétaire est anglican et le trésorier luthérien ».

Citant ce qui lui semble l’un des meilleurs exemples de cette coopération efficace entre les Eglises, le P. Maung Win rappelle l’aide qui a été apportée lors de la catastrophe du cyclone Nargis (3). Avant même que Nargis ne frappe, raconte-t-il, les Eglises avaient déjà prévu de collecter des fonds ensemble afin de fournir des filets aux pêcheurs. « Lorsque le cyclone est arrivé, nous avons pu agir immédiatement pour aider les survivants. »

L’Eglise catholique s’était particulièrement investie dans les secours aux sinistrés, s’appuyant sur les associations locales et les diocèses, alors que l’aide internationale était bloquée par la junte au pouvoir. Aujourd’hui, c’est encore l’Eglise qui, à travers la Caritas Internationalis, continue de pourvoir aux besoins des nombreuses victimes et des déplacés. En décembre dernier, cette branche de l’action sociale mondiale de l’Eglise catholique a lancé un appel urgent pour venir en aide à 85 000 survivants du cyclone toujours en situation précaire (4).

Sur place, la Karuna, appellation locale de la Caritas, a secouru, depuis mai 2008, plus de 100 000 sinistrés, reconstruit des écoles, des maisons, des ponts, creusé des puits, fourni du matériel de pêche et d’agriculture et réuni les fonds nécessaires pour permettre à plusieurs centaines d’enfants de retourner à l’école (5). Mais des milliers de déplacés sont encore sans toits ni moyens de reconstruire leur vie. De son côté, ACT International (Action by Churches Together), un rassemblement œcuménique d’obédience protestante lié au COE (6), a prolongé également son aide humanitaire aux victimes du cyclone pour l’année 2010.

Les chrétiens de Birmanie ont aussi été à l’initiative, un an après le drame, d’une grande célébration interreligieuse commémorative le 2 mai 2009, à la cathédrale catholique Saint-Pierre de Pathein, laquelle avait réuni de façon assez inhabituelle, de nombreux représentants catholiques, protestants, mais aussi musulmans, hindous, bouddhistes, ainsi que des autorités locales (7).

Réussir à faire « l’unité malgré les différences », selon les termes utilisés par le président du MCC pour définir cette semaine de prière pour l’œcuménisme de janvier 2010, était déjà au cœur des échanges interreligieux qui s’étaient mis en place spontanément après la catastrophe du cyclone Nargis. Lors de la célébration commémorative du 2 mai dernier, Mgr Charles Bo, archevêque de Rangoun, avait ainsi rappelé comment des moines bouddhistes avaient risqué leur vie pour sauver des chrétiens emportés par les vagues, tandis que des volontaires catholiques apportaient des colis de première urgence dans les villages bouddhistes, ou encore comment les musulmans et les hindous de Rangoun avaient organisé de grands repas communautaires pour tous les sinistrés. Tout autant d’actions qu’il aurait semblé impossible d’imaginer avant le cataclysme. « Nous étions Un, nous étions une seule et même famille », avait déclaré alors le prélat.

Selon les statistiques ecclésiastiques locales, les chrétiens, toutes confessions confondues, représentent 5 % de la population d’un pays bouddhiste à plus de 89 %.