Eglises d'Asie

Les catholiques ont préparé Pâques dans la crainte, tout en étant incité par leurs évêques à proclamer la Bonne Nouvelle

Publié le 08/04/2010




A Lahore, au Pendjab, les responsables de l’Eglise catholique locale ne cachent pas que le sentiment dominant parmi les fidèles est la peur. Ils ajoutent aussitôt que les appels qu’ils adressent aux fidèles consistent à ne pas craindre de proclamer la Bonne Nouvelle.Ces derniers mois, les mauvaises nouvelles semblent s’être accumulées au Pakistan.

Outre de fréquents attentats terroristes, chacun doit continuer à vivre alors que les coupures de courant électrique n’ont jamais été aussi importantes et que l’inflation rend les denrées de base inabordables pour les plus pauvres. L’incapacité du pouvoir politique à juguler l’action des militants islamistes témoigne de son impuissance. Dans ce contexte, la toute petite minorité chrétienne n’est pas épargnée. Outre des actions terroristes directement dirigées contre elle, elle a à déplorer le fait que la plupart de ses membres, qui appartiennent aux couches socialement les plus défavorisées du pays, sont victimes d’une double discrimination, sociale et religieuse.

Pourtant, dans ce contexte plutôt sombre, les évêques de l’archidiocèse catholique de Lahore veulent garder espoir. Pour son message de Pâques, publié dans le journal diocésain, l’archevêque, Mgr Lawrence J. Saldanha, avait choisi le titre, « La lumière dans l’obscurité ». « Nous vivons une période sombre et difficile. Les gens ont peur et craignent les attentats-suicides (…). La fête de Pâques nous apporte un message d’espérance et de joie en dépit des circonstances difficiles qui sont les nôtres. Par la résurrection du Christ d’entre les morts, nous célébrons la victoire de la lumière sur les ténèbres, de la vie sur la mort et de l’espérance sur le désespoir », écrivait l’archevêque.

Dans les colonnes du Catholic Naqeeb, le bimensuel en ourdou de l’archidiocèse de Lahore, Mgr Sebastian Shah, évêque auxiliaire, notait que les fidèles « ne se sen[taient] plus en sécurité chez eux, que ce soit dans leur maison ou dans leur quartier, du fait de la hausse du coût de la vie, du chômage, des attaques-suicides et de la pénurie de produits de base ». L’évêque continuait en appelant les chrétiens à devenir « des porteurs de la Bonne Nouvelle » auprès de leurs frères non chrétiens, eux aussi rendus tristes, déprimés ou terrorisés par l’état du pays. « Quelles que soient les circonstances, gardez foi en Dieu et défendez la primauté de la vie dans une société tentée par le désespoir. »

Interrogé par l’agence Ucanews (1), le P. Andrew Nisari, vicaire général de Lahore, ajoutait que les préparatifs de Pâques n’avaient pas été altérés par les événements. Il précisait que les fidèles avaient été particulièrement assidus aux chemins de croix dans les églises chaque vendredi. Quant aux célébrations de la Semaine Sainte elles-mêmes, elles avaient été menées avec autant de solennité que les années précédentes mais dans la discrétion. Les grandes processions des années passées sont désormais oubliées et ont fait place à des célébrations cantonnées dans l’espace des églises. En outre, l’accès aux lieux de culte est doublement filtré, par les forces de sécurité gouvernementales puis par le service d’ordre du diocèse.