Eglises d'Asie

Fujian : un deuxième prêtre « clandestin » arrêté pour avoir organisé un camp d’étudiants

Publié le 08/04/2010




Le 19 mars dernier, le P. Liu Maochun, 36 ans, a été placé en détention par les autorités de Fu’an, ville de la province côtière du Fujian. Il lui est reproché d’avoir participé à un camp d’étudiants catholiques organisé sans autorisation. Son arrestation intervient au lendemain de la remise en liberté, après quinze jours de détention, du P. John Baptist Luo Wen, qui avait été arrêté pour le même motif le 3 mars dernier (1).

Les deux ecclésiastiques font partie d’un groupe de sept prêtres de la partie « clandestine » du diocèse de Mindong qui avait organisé et animé un camp pour étudiants catholiques du 28 janvier au 6 février dernier. Le camp, monté sans que la permission en eut été demandée aux autorités, avait été interrompu par la police le 4 février mais avait pu être mené toutefois jusqu’à son terme. Ce n’est qu’un mois plus tard que les sept prêtres furent convoqués par la police, pour se voir notifier une amende de 500 yuans (53 euros) chacun, et un placement en détention pour trouble à l’ordre public pour quatre d’entre eux. Initialement, seul le P. Luo Wen fut emprisonné. Désormais, c’est au tour du P. Liu Maochun de se voir privé de liberté, a priori pour une durée de quinze jours, ainsi que le prévoit la loi en cas de non-obtempération à un ordre visant à maintenir l’ordre public.

Contacté par l’agence Ucanews (2), le P. Luo a donné des détails sur les conditions de son emprisonnement : retenu au Centre de détention de Fu’an, il n’a pas eu à subir de mauvais traitements, sinon qu’il a été placé dans une cellule de 40 m² qui a compté jusqu’à 21 personnes, interpellées principalement pour des affaires liées à la consommation ou au trafic de drogue ainsi qu’à des jeux d’argent clandestins. La plupart partageaient un long lit commun en béton et les autres dormaient à même le sol. La seule possibilité de se laver était l’accès à un point d’eau froide situé dans la cour. « Parce qu’il faisait froid et qu’il a plu, je ne me suis pas lavé de toute ma détention », a témoigné le P. Luo, qui ajoute qu’il s’est vu privé du droit de visite accordé aux autres détenus – en moyenne deux visites par semaine.

Après le P. Luo, c’est donc au tour du P. Liu d’être détenu. En toute logique, les deux autres prêtres qui ont reçu un ordre de placement en détention, les PP. Guo Xijin et Miu Yong, devraient prochainement être convoqués par la police et emprisonnés à leur tour.

Parallèlement et sans qu’il puisse être établi aucun lien entre les deux événements, la Commission pour la Chine établie en 2007 par le pape Benoît XVI s’est réunie pour la troisième fois au Saint-Siège. Présidée par le cardinal secrétaire d’Etat et comptant une trentaine de membres, dont cinq évêques de Hongkong, Macao et Taiwan, la commission a siégé du 22 au 24 mars derniers. Le programme annoncé le 20 mars par le service de presse du Saint-Siège faisait état d’un approfondissement du thème déjà abordé lors de la deuxième session de cette commission, qui avait eu lieu du 30 mars au 1er avril 2009, à savoir la formation des catholiques en Chine, tout particulièrement celle des prêtres et des personnes consacrées. Nul doute que d’autres sujets ont été abordés par ceux qui sont appelés à conseiller le pape et la curie romaine sur le dossier chinois. On peut penser aux nominations épiscopales à venir ainsi que les réponses constatées sur le terrain au chemin vers la réconciliation et l’unité de la communauté catholique tracé par Benoît XVI dans sa lettre aux catholiques chinois de 2007. Enfin, il est probable que les membres de la commission ont partagé leurs idées quant à la meilleure façon pour l’Eglise de se situer face à la réunion prochaine à Pékin de l’Assemblée nationale des représentants catholiques. Cette assemblée, dont le pilotage est assumé par Pékin, doit désigner les futurs présidents de l’Association patriotique des catholiques chinois, courroie de transmission de la politique religieuse des autorités chinoises sur l’Eglise, et de la Conférence des évêques « officiels » de Chine, qui n’est pas libre de fonctionner comme elle devrait pouvoir le faire.

Enfin, en réponse à une demande en ce sens de la première session de la Commission pour la Chine, l’œuvre de communication aux catholiques chinois des textes de l’Eglise se poursuit. Le 18 mars, le Saint-Siège a annoncé que le Catéchisme de l’Eglise catholique, dans sa traduction chinoise, avait été mis en ligne sur le site Internet du Vatican. Le Code de droit canon de 1983 et les grands textes du concile Vatican II en chinois devraient suivre prochainement. Reste à voir si le site du Vatican et ces textes en chinois resteront consultables par les internautes de Chine populaire.