Eglises d'Asie

Mongolie intérieure : le nouvel évêque du diocèse de Hohhot a été ordonné par des évêques en communion avec Rome

Publié le 22/04/2010




Dimanche 18 avril, Mgr Paul Meng Qinglu, 47 ans, a été ordonné évêque du diocèse de Hohhot, en Mongolie intérieure. Il semble que la cérémonie se soit déroulée sans le déploiement policier qui avait été constaté, le 8 avril dernier, lors de l’installation de l’évêque de Bameng, un autre diocèse de Mongolie intérieure (1). A Hohhot, l’évêque consécrateur et les deux évêques co-consécrateurs étaient des évêques légitimes, c’est-à-dire reconnus par Rome.

La cathédrale du Sacré-Cœur de Jésus était pleine à craquer pour l’occasion. Dûment munis de tickets d’entrée, quelque 500 catholiques du lieu avaient pu prendre place dans l’édifice, deux mille autres étaient massés sur la place devant l’église. Venus du diocèse de Hohhot et des quatre diocèses de Mongolie intérieure, environ 80 prêtres, qui, pour la plupart, avaient fait leurs études avec le P. Paul Meng ou avaient été ses élèves, ont concélébré la messe d’ordination. Et c’est Mgr Paul Pei Junmin, évêque de Shenyang, dans le Liaoning, qui a consacré le nouvel évêque, assisté de Mgr John Liu Shigong et de Mgr Matthias Du Jiang, évêques respectivement de Jining et de Bameng, en Mongolie intérieure. Etait également présent à l’autel Mgr Joseph Li Jing, jeune évêque du Ningxia, qui avait prêché la retraite de trois jours suivie par le P. Paul Meng juste avant son ordination. Les quatre évêques « officiels » sont tous en communion avec Rome.

Mgr Paul Meng Qinglu prend ainsi la succession de son prédécesseur, Mgr John Baptist Wang Xixian, mort à l’âge de 79 ans en mai 2005. Un mois plus tard, en juin 2005, le P. Paul Meng était choisi pour devenir le nouvel évêque de Hohhot mais l’acceptation de cette candidature, tant par Rome que par Pékin, prendra du temps. Ainsi qu’il l’explique le 19 avril à l’agence Ucanews (2), Mgr Paul Meng voyait sa candidature, pourtant approuvée par l’Administration d’Etat pour les Affaires religieuses, tarder à être acceptée. Selon lui, les Jeux olympiques de 2008 puis les célébrations du soixantième anniversaire du régime, l’an dernier, ont fait que Pékin ne voulait pas alors entendre parler d’ordination épiscopale. Du côté de Rome, l’accord prendra là aussi du temps car des membres du presbyterium de Hohhot expriment, dans un premier temps, des réserves sur le candidat à l’épiscopat. Finalement, ces obstacles levés, Mgr Paul Meng a pu être ordonné en étant à la fois reconnu par Rome et accepté par Pékin.

Dans une Mongolie intérieure évangélisée à partir du XVIIIème siècle, notamment par les missionnaires du Cœur immaculé de Marie (CICM), Hohhot est un diocèse relativement important, avec aujourd’hui 21 prêtres et 65 000 fidèles. Depuis cinq ans sans évêque, le diocèse a manqué de direction. « Je m’appliquerai à remettre en place les structures diocésaines afin que le travail pastoral et d’évangélisation s’en trouve renforcé », a expliqué Mgr Paul Meng au lendemain de son ordination.

Né dans une famille catholique, entré en 1985 au grand séminaire de Mongolie intérieure, Mgr Paul Meng a été ordonné prêtre en 1989. Il reste ensuite au séminaire, où il enseigne la théologie morale et devient doyen des études. En 1999, Mgr John Baptist Wang Xixian lui confie la tâche de faire construire de nouvelles églises, puis, en 2000, le nomme curé de paroisse. En 2004, lorsque Mgr Wang tombe malade, il se voit confier l’administration effective du diocèse. De plus, à partir de 2001, Paul Meng a assumé diverses fonctions de direction au sein de l’Association patriotique locale et auprès des Affaires religieuses de Mongolie intérieure.

Selon les observateurs, si le déroulement de l’ordination de Mgr Paul Meng contraste avec l’installation, le 8 avril 2010, de Mgr Du Jiang, c’est parce que la cérémonie à Bameng avait été rendue difficile par la présence à la cérémonie de Mgr Joseph Ma Yinglin, évêque « officiel » et illégitime (car non reconnu par Rome) de Kunming. Le 18 avril, ni Mgr Joseph Ma, secrétaire général de la Conférence des évêques « officiels », ni aucun autre évêque illégitime n’étaient présents à l’ordination. Le 25 mars dernier, le Saint-Siège, par le biais d’un communiqué, avait rappelé avec netteté que les évêques de Chine devaient éviter de prendre part à une ordination épiscopale à laquelle assisterait un évêque illégitime (3).

D’autres ordinations épiscopales se préparent au sein de la partie « officielle » de l’Eglise catholique en Chine : le 21 avril prochain pour le diocèse de Haimen (dans le Jiangsu), puis, un peu plus tard, pour les diocèses de Xiamen, Taizou et Wumeng. Les noms des évêques consécrateurs ne sont pas encore connus.