Eglises d'Asie – Chine
Campagne internationale pour la libération d’un chrétien ouïghour
Publié le 29/04/2010
Agé de 37 ans, Alimujiang Yimiti appartient à la minorité ouïghoure de Chine, minorité ethnique et musulmane principalement présente au Xinjiang, la vaste province de l’extrême-ouest chinois. Marié et père de deux jeunes garçons, il s’est converti au christianisme en 1995. En janvier 2008 (soit bien avant les émeutes qui ont secoué Urumuqi et le Xinjiang en juillet 2009), la Sécurité publique l’a arrêté au motif qu’il aurait fourni des secrets d’Etat à des organisations étrangères. En Chine populaire, la notion de « secret d’Etat » étant extensive et pouvant s’appliquer à la communication d’informations parues dans la presse, l’accusation est très imprécise. Li Dunyong, l’avocat d’Alimujiang Yimiti, affirme que les charges retenues contre son client sont fausses et que le « crime » qui lui est reproché est de s’être entretenu avec des chrétiens américains. Passé en jugement, Alimujiang Yimiti a été condamné à 15 ans de prison ferme et, en mars dernier, sa demande d’un jugement en appel a été rejetée par les autorités. Alimujiang Yimiti aurait été battu durant sa détention et sa femme n’a pas reçu l’autorisation de lui rendre visite.
Dès 2008, le Groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU a étudié le cas du Ouïghour converti. Il a conclu que sa détention était « arbitraire » et n’était motivée que par l’appartenance et les activités religieuses de l’intéressé. Alimujiang Yimiti était devenu le responsable d’une « Eglise domestique », en fait un groupe de chrétiens et de Ouïghours intéressés par sa démarche spirituelle.
En Europe, le groupe Christian Solidarity Worldwide (CSW), basé à Bruxelles, s’est lui aussi saisi du cas du jeune Ouïghour. Le 25 avril dernier, le journal anglais Catholic Times l’a présenté comme un « prisonnier de conscience » et CSW a organisé la visite dans la capitale belge du président de ChinaAid et de l’avocat Li Dunyong, où ils ont rencontré des représentants des institutions européennes. Le cas de l’avocat Gao Zhisheng a également été rappelé (1).
A Hongkong, les groupes de défense des droits de l’homme indiquent que l’attitude des autorités chinoises n’a cessé de se durcir ces derniers temps. Le 26 avril dernier, le CHRD (Chinese Human Rights Defenders) a publié son rapport pour l’année 2009. On peut y lire que le gouvernement de Pékin n’hésite pas à réduire au silence, par intimidation ou arrestation, les ONG dont l’action lui déplaît, les militants des droits de l’homme, les avocats de ces derniers (2), les activistes sur Internet ou encore ceux qui dénoncent divers scandales de corruption ou d’atteinte aux libertés et à l’environnement. L’année 2009 se caractérise par un bilan, en termes d’arrestations, plus lourds que les années précédentes.
Patrick Poon Kar-wai est catholique. Membre de la Commission ‘Justice et paix’ du diocèse de Hongkong, il est aussi le secrétaire exécutif du Chinese Human Rights Lawyers Concern Group. Il souligne qu’il est du devoir des catholiques de dénoncer les atteintes aux droits de l’homme constatées en Chine populaire, notamment en ce qui concerne la liberté religieuse. Il remarque aussi que les militants qui, sur le continent, travaillent auprès des plus pauvres, des laissés-pour-compte du système, sont eux aussi désormais la cible de la police.