Eglises d'Asie

Fujian : ordination d’un évêque « officiel » pour le diocèse de Xiamen, siège épiscopal resté vacant durant dix-neuf ans

Publié le 12/05/2010




Le 8 mai dernier, fête de Notre-Dame de Chine, deux mille fidèles ont pris place dans la cathédrale de Notre-Dame du Rosaire, à Xiamen, pour l’ordination de leur nouvel évêque, Mgr Joseph Cai Bingrui, 44 ans, qui succède ainsi à Mgr Joseph Huang Ziyu, qui fut le premier évêque chinois de ce diocèse. Le jeune évêque « officiel » met ainsi fin à une vacance de près de vingt ans.

A Xiamen, ville côtière de la province du Fujian, qui fut l’une des premières zones économiques spéciales initiées par Deng Xiaoping à la fin des années 1970, l’Eglise catholique est relativement modeste. Sur une population de 2,5 millions d’habitants, on compte environ 30 000 catholiques, servis par dix prêtres seulement et seize religieuses. Né en 1966 dans une famille catholique, Cai Bingrui est entré au grand séminaire de Sheshan, près de Shanghai, en 1985. Ordonné prêtre en 1992, il est revenu dans son diocèse de Xiamen, devenu entretemps quasi désert avec la mort, en 1991, de Mgr Huang Ziyu et de plusieurs prêtres âgés. Durant plusieurs années, le jeune prêtre a mené son ministère en compagnie de seulement deux confrères aussi jeunes que lui ; en 1996, il a été désigné par eux administrateur diocésain et, finalement, c’est en juin dernier que le presbyterium l’a élu à l’unanimité évêque de Xiamen, une élection confirmée par le Saint-Siège et acceptée par les autorités chinoises.

 

Le 8 mai, la messe d’ordination a été présidée par Mgr Johan Fang Xingyao, évêque « officiel » de Linyi (province du Shandong), et quatre autres évêques y ont pris part. Il s’agissait de Mgr Joseph Li Mingshu, évêque de Qingdao (Shandong), de Mgr Paul Xiao Zejiang, évêque de Guiyang (Guizhou), de Mgr Joseph Xu Honggen, évêque de Suzhou (Jiangsu), et de Mgr Vincent Zhang Silu, évêque de Mindong (Fujian). Les trois premiers sont des évêques « officiels » en communion avec Rome, tandis que Mgr Zhang Silu ne l’est pas : il fait partie du groupe des cinq évêques ordonnés le 6 janvier 2000 à Pékin sans avoir reçu l’assentiment du pape (1). Il semble donc que les autorités chinoises parviennent, comme cela été récemment le cas pour l’installation de l’évêque de Bameng (2) et l’ordination de l’évêque de Hohhot (3), à imposer la présence d’un évêque non reconnu par Rome sinon parmi les consécrateurs ou co-consécrateurs, du moins parmi les concélébrants.

 

Parmi les autres faits notables de la cérémonie d’ordination, on peut noter la présence d’un évêque taiwanais. En effet, la ville de Xiamen fait face à Taiwan et l’île de Taiwan était, jusqu’à son érection en préfecture apostolique en 1913, intégrée au territoire du diocèse de Xiamen. Du fait de cette proximité, de nombreux pèlerins taiwanais se rendent chaque année à Xiamen et, pour l’ordination, c’est Mgr Joseph Cheng Tsai-fa, archevêque émérite de Taipei et natif de Xiamen, qui a fait le voyage. Signe de l’ouverture de cette ville portuaire, plusieurs étrangers étaient présents à la messe d’ordination : le consul général des Philippines à Xiamen, deux prêtres et une vingtaine de laïcs venus de Taiwan. Enfin, une soixantaine de prêtres, du Fujian et d’autres provinces, avaient fait le déplacement.

 

Quant à la partie « clandestine » de la communauté catholique de Xiamen, elle était, elle aussi, présente à la messe d’ordination. Six laïcs et trois religieuses « clandestins » avaient pris place dans la cathédrale pour signifier leur soutien au nouvel évêque. L’unique prêtre « clandestin » de Xiamen avait toutefois préféré s’abstenir. « Je me rends dans leur église pour y célébrer la messe lors des grandes fêtes du calendrier liturgique. Nous nous entendons bien, dans un esprit d’amour et de paix », a-t-il expliqué à l’agence Ucanews (4), mais, pour cette ordination, la communion sacramentelle n’était pas possible, a-t-il précisé. La communauté « clandestine » de Xiamen compte environ 500 âmes.

 

Pour Mgr Cai, l’unité entre les deux communautés, « officielle » et « clandestine », est à rechercher. « Nous partageons un même objectif et nous disposons d’une direction claire », a-t-il précisé, faisant référence au développement de l’évangélisation en Chine et à la Lettre de 2007 du pape Benoît XVI aux catholiques de Chine. Dans l’immédiat, après dix-neuf années de vacance épiscopale, Mgr Cai affirme vouloir s’atteler à la remise en ordre des structures ecclésiales. La promotion des vocations sacerdotales et la formation pour des prêtres, religieuses et laïcs, sont pour lui des priorités. Dans le contexte social très avancé de cette Chine côtière, aucune entrée au séminaire n’a été enregistrée depuis dix ans. La promotion des vocations locales est pourtant une nécessité, souligne le jeune évêque, car il n’est pas facile de trouver des prêtres pour desservir des communautés rurales qui ne s’expriment qu’en minnan, la langue locale.