Eglises d'Asie – Pakistan
Après une nouvelle semaine meurtrière, l’Eglise catholique condamne les règlements de comptes entre factions rivales qui endeuillent Karachi
Publié le 26/05/2010
… visant à représenter la population mohajir (immigrée) urbaine de langue ourdoue réfugiée au Pakistan en provenance de l’Inde après la partition de 1947. De l’autre, l’Awami National Party (ANP), représentant notamment les deux millions de Pachtounes arrivés ces dernières années de la Province de la frontière du Nord-Ouest.
« Chaque parti politique à Karachi est maintenant affilié à un groupe de militants pour pouvoir riposter à toute réaction des autres. Nous demandons la fin de cette politique sanglante, entretenue par les armes et le terrorisme ; le cercle de la violence doit être rompu. Les leaders politiques doivent s’engager dans un dialogue constructif et travailler à résoudre leurs différences », a déclaré un porte-parole de l’archidiocèse de Karachi, cité par l’agence Ucanews (1).
Les deux partis, qui appartiennent tous deux à la coalition soutenant le président Asif Ali Zardari, le Pakistan People’s Party (PPP), lequel est au pouvoir dans le Sind, se renvoient mutuellement la responsabilité des meurtres.
Nul ne sait exactement comment se sont déclenchées les dernières violences en date, qui semblent avoir commencé dès le dimanche 18 mai : des fusillades ont été relevées dans différents quartiers de la ville, et se sont prolongées durant la nuit puis poursuivies la journée suivante, accompagnées d’incendies de véhicules, avant que le gouvernement ne déploie, mardi 20 mai, les « Rangers pakistanais », une force paramilitaire investie de pouvoirs spéciaux équivalents à ceux de la police, afin de rétablir l’ordre dans la mégapole. Le ministre provincial de l’Intérieur annonçait parallèlement l’arrestation de 200 personnes.
Le 20 mai 2010, l’agence officielle pakistanaise, The Associated Press of Pakistan, donnait le bilan officiel des fusillades avec 17 morts tandis que les agences de presse étrangères parlaient d’une trentaine de victimes dont deux enfants. Un bilan revu progressivement à la hausse, de nombreux blessés graves étant décédés des suites de leurs blessures, jusqu’à atteindre 42 personnes ce 25 mai, selon Ucanews.
Pendant deux jours, les commerces, les écoles et les bureaux sont restés fermés et, parmi eux, le siège de la Commission ‘Justice et Paix’ de la Conférence épiscopale catholique du Pakistan (NCJP). « J’étais à mon bureau lundi 19 mai, quand plusieurs coups de feu se sont fait entendre. Nous avons dû fermer et le lendemain aussi », a rapporté Peter Nauman, qui travaille au NCJP. Selon lui, les responsables de ces affrontements meurtriers récurrents ne sont pas véritablement poursuivis par les autorités. « L’effusion de sang continuera jusqu’à ce que le gouvernement provincial intervienne de façon décisive », affirme-t-il.
Karachi, qui n’a pas été épargnée par les violences islamistes et a subi de nombreux attentats à la bombe ces dernières années, semble cependant encore davantage touchée par cette guerre sans merci que se livrent les deux factions rivales depuis les années 1990, et qui s’est intensifiée ces derniers mois (2). Ainsi en février dernier, des incidents similaires avaient coûté la vie de 37 personnes dans les deux camps, un peu moins que les 48 morts le mois précédent, toujours lors d’affrontements armés entre militants (3).
Le 23 mai, dimanche de Pentecôte, il avait été demandé aux chrétiens de prier spécialement pour la paix à Karachi. « L’Esprit Saint nous a accordé la sagesse. Nous pouvons donc travailler à l’élimination de la haine dans la société et promouvoir les valeurs humanistes. Voilà le véritable message de la fête de la Pentecôte », a déclaré le P. Pascal Robert, invité à l’antenne le 23 mai sur Good News (4), l’unique et toute nouvelle chaîne de télévision catholique par satellite, lancée en mars dernier par l’archidiocèse de Karachi.