Eglises d'Asie

Les évêques catholiques demandent au président sri-lankais d’accélérer l’aide aux déplacés tamouls

Publié le 01/09/2010




Une délégation de la Conférence des évêques catholiques du Sri Lanka (CBCSL) conduite par son président, Mgr Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo, a rencontré le président sri-lankais, Mahinda Rajapaksa, dimanche 22 août au soir, à sa résidence de Temple Trees, afin de discuter des graves problèmes qui touchent les régions nord et est du pays, …  

… profondément ravagées par la guerre civile, terminée officiellement en mai 2009.

La presque totalité de l’épiscopat sri-lankais (1) était présente à cette réunion au sommet, dont Mgr Thomas Savundaranayagam, évêque de Jaffna, connu pour son combat en faveur des réfugiés et des civils tamouls. Les évêques ont abordé avec le président, qui était entouré de son Premier ministre et de nombreux membres de son gouvernement, les questions préoccupantes de la réinstallation des déplacés, de la réhabilitation des « Tigres présumés » (soupçonnés d’avoir eu des liens avec l’armée ou l’administration des Tigres de libération de l’Eelam tamoul, LTTE), des conditions de vie des civils dans les anciennes zones de guerre, ainsi que des tensions interethniques et religieuses.

La délégation a tout particulièrement insisté sur l’urgence de la réinstallation des milliers de déplacés tamouls qui attendent toujours de regagner leurs foyers dans les camps du gouvernement surpeuplés du nord-est du pays. La mousson arrivera sous peu dans cette partie de l’île et les prélats ont fait part de leur crainte d’une aggravation des conditions sanitaires, déjà considérées comme alarmantes par les rares ONG qui y ont encore accès (2).

Les représentants de l’Eglise catholique ont également demandé au chef de l’Etat que les jeunes « ex-Tigres présumés » rééduqués dans des centres gérés par l’armée sri-lankaise ainsi que les Tamouls emprisonnés sans jugement lors des derniers combats soient autorisés à rentrer chez eux.

Selon les chiffres fournis par le gouvernement sri-lankais, sur les 300 000 personnes qui avaient été placées dans les camps en 2009 à l’issue de la guerre civile, 250 000 auraient été « réinstallées ». Tout en rappelant l’urgence du règlement de la situation des déplacés restants, les membres du CBCSL ont félicité Mahinda Rajapaksa des actions déjà effectuées, ce qui a été largement commenté et souligné dans la presse d’Etat. Sur le site officiel du gouvernement, on pouvait ainsi lire au lendemain de la rencontre que les évêques catholiques « [avaient] apprécié la manière dont le gouvernement avait géré l’après-conflit et la réhabilitation menée dans le nord et l’est du pays ». Selon les Nations Unies, au moins 80 000 personnes seraient cependant toujours détenues, d’autres ONG présentes sur le terrain affirmant que leur nombre est bien supérieur.

Comme lors de leurs précédentes tentatives auprès du président sri-lankais, les prélats catholiques ont offert leur aide pour les secours d’urgence mais aussi la reconstruction. Les déplacés encore dans les camps ont besoin d’une aide alimentaire et médicale ainsi que d’un accès à l’éducation pour leurs enfants. Quant aux populations tamoules « réinstallées », elles vivent le plus souvent sans moyens de subsistance, à proximité de terrains minés et de champs rendus incultivables par les combats, leurs maisons et les infrastructures de la région détruites. La délégation a également demandé à Mahinda Rajapaksa qu’il autorise les ONG à travailler avec le gouvernement dans l’assistance aux déplacés. A cette requête a été opposé un refus formel du président sri-lankais qui a répondu que le gouvernement avait une bien meilleure expérience que les ONG sur le terrain de la réhabilitation et qu’il entendait poursuivre le programme en cours sans l’aide de « puissances étrangères » n’ayant pas à « s’immiscer dans les affaires intérieures du pays » et qui ont accordé un « soutien direct ou indirect au LTTE ».

Les évêques ont également évoqué le sujet épineux des terres confisquées aux civils dans le nord et l’est de l’île. Les ministres ont rétorqué que ces zones étaient classées « Haute Sécurité » et que les propriétaires seraient indemnisés, comme ceux dont les terres avaient été réquisitionnées pour des projets d’intérêt général. Le président a également affirmé que, contrairement à ce que prétendaient certains, ces terres n’étaient pas destinées à être colonisées par des Cinghalais aux dépens des Tamouls.

La place des communautés chrétiennes et les problèmes posés par les fortes dissensions entre les différentes religions ont été aussi abordés. La délégation catholique a proposé au gouvernement de mettre en place une commission de consultation interreligieuse supervisée par le Premier ministre, proposition qui a été agréée par le chef de l’Etat (3).