Eglises d'Asie – Pakistan
Affaire du Coran profané : un deuxième lieu de culte chrétien attaqué
Publié le 21/09/2010
Selon le pasteur du lieu, le Rév. Peter Shahzad, l’attaque a été commise aux environs de minuit. « Les portes de l’église ont été ouvertes, les cadenas fracturés et les assaillants ont brisé un placard avant de vandaliser des objets religieux », a-t-il témoigné à l’agence Ucanews (1). Neuf exemplaires de la Bible, trois recueils de cantiques et trois croix en bois ont été retrouvés calcinés. Le lendemain, lors du service religieux dominical, le pasteur, qui précise que 120 familles chrétiennes vivent à proximité de son église, a appelé la police à retrouver les coupables de cet acte d’agression afin qu’ils soient déférés devant un tribunal au titre des lois anti-blasphèmes (2). Il a aussi emmené une partie de ses fidèles manifester devant le Karachi Press Club, où sont très souvent organisées des manifestations dénonçant les abus du pouvoir et les atteintes aux droits de l’homme.
Depuis l’éruption médiatique provoquée par le projet du pasteur américain de Floride, c’est la deuxième fois qu’un lieu de culte chrétien est pris pour cible au Pakistan. Après la diffusion sur Internet d’images de la télévision iranienne montrant un groupuscule chrétien déchirant des pages du Coran devant la Maison Blanche, à Washington DC, les manifestations ont été très nombreuses au Pakistan. Partout dans le pays, des musulmans ont crié leur colère et leur incompréhension ; dans la province de Khyber Pakhtunkhwa (ex-Province de la Frontière du Nord-Ouest), à Mardan, un temple luthérien a été la cible, le 12 septembre, d’une attaque à la grenade, qui heureusement n’a pas fait de victimes.
Le P. Thomas Gulfam, catholique, est le secrétaire général d’un groupe œuvrant en faveur du dialogue interreligieux, The Heralds of Peace. Il explique que « les musulmans veulent que le gouvernement américain leur remette le pasteur Terry Jones. Ils sont nombreux à n’avoir reçu qu’un enseignement de l’islam très succinct et ils sont prêts à créer des tensions supplémentaires ».
Le P. Aftab James Paul, directeur de la Commission pour le dialogue entre les croyants du diocèse catholique de Faisalabad, ne cache pas son inquiétude : « Que les auteurs des récentes attaques contre des lieux de culte chrétiens soient arrêtés ou non, cela ne fait pas de différence : on ne peut que s’attendre à de nouvelles actions. »
Dans les deux jours qui avaient suivi l’anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, des violences avaient éclaté en Inde, notamment au Cachemire où les forces de l’ordre avaient tiré pour ramener le calme, faisant une vingtaine de morts, et en Indonésie, où une femme pasteur avait été agressée et son assistant poignardé (3).