Eglises d'Asie

Le pape a accepté la démission de Mgr Emile Destombes, vicaire apostolique de Phnom Penh

Publié le 04/10/2010




Le 1er octobre 2010, le pape Benoît XVI a accepté la démission de Mgr Emile Destombes, vicaire apostolique de Phnom Penh. Avec le départ à la retraite du prêtre, membre des Missions Etrangères de Paris (MEP), âgé de 75 ans, c’est une page de la reconstruction de l’Eglise du Cambodge qui se tourne. Sa succession est assurée par Mgr Olivier Schmitthaeusler, MEP, 40 ans, dont la nomination comme évêque coadjuteur…

du vicariat de Phnom Penh remonte au 24 décembre dernier.

Par-delà les vicissitudes de l’histoire contemporaine, la vie de Mgr Destombes a étroitement épousé la destinée du peuple cambodgien. Né en 1935 dans une famille du nord de la France, ordonné prêtre le 21 décembre 1961 au titre des Missions Etrangères de Paris, le jeune P. Destombes part pour le Cambodge en mars 1965. Après un temps d’études de la langue khmère, il enseigne la philosophie au petit séminaire de Phnom Penh ; de 1967 à 1975, il est en outre directeur d’un foyer d’étudiants de la capitale cambodgienne. Durant ces années où le pays est peu à peu entraîné dans la tourmente, de 1970 à 1975, il dirige le Comité d’aide aux victimes de guerre, fondé par son confrère, le P. Yves Ramousse. Lors de la prise de Phnom Penh par les Khmers rouges, comme les derniers étrangers présents dans le pays, il trouve refuge à l’ambassade de France, où il reste du 17 au 30 avril, avant d’être expulsé du Cambodge.

De retour à Paris, il enseigne la théologie aux séminaristes MEP et travaille pour « Echange France-Asie », service de la Société des Missions Etrangères chargé de faire connaître l’Asie et les Eglises d’Asie au public français. Le Cambodge entre les mains du régime Khmer rouge, restant totalement hermétique, il part pour le Brésil en 1979, où des évêques appellent des missionnaires. Il restera dix années curé de Palmeiropolis, dans l’Etat de Goias. En 1989, les troupes vietnamiennes, après dix années d’occupation, battent en retraite et, à l’occasion d’un passage à Bangkok, le P. Destombes parcourt les camps de réfugiés cambodgiens en Thaïlande. Il lui est alors demandé de retourner à Phnom Penh, où, en tant que représentant de la Caritas Internationalis, il a l’occasion de renouer le contact avec certains de ses anciens étudiants. Seul prêtre étranger dans le pays durant un an, il obtient du gouvernement, en 1990, la reconnaissance officielle de l’Eglise catholique. Le 7 avril 1990, le Comité central du Parti révolutionnaire autorise l’ouverture d’une « église de la religion chrétienne ». Pour la première fois depuis 1975, les catholiques cambodgiens assistent ouvertement, le jour de Pâques, à la messe, célébrée par le P. Destombes.

Peu à peu, la communauté chrétienne dispersée par la guerre – et en grande partie anéantie par les années du régime de Pol Pot (1975-1979) – se rassemble et l’Eglise va peu à peu renaître. En 1993, la liberté religieuse est reconnue par la nouvelle Constitution. En 1994, le Saint-Siège et Phnom Penh établissent des relations diplomatiques. 1995 voit l’ordination d’un prêtre cambodgien, Pierre Sophal Tonlop, le premier depuis vingt-deux ans. En 1997, le P. Destombes est nommé évêque coadjuteur de Phnom Penh puis, après la démission de Mgr Ramousse en 2000, il devient vicaire apostolique de Phnom Penh (1). Avec environ 20 000 fidèles, la communauté chrétienne fait preuve de dynamisme, les prêtres et les religieuses mettant l’accent sur la formation, la constitution de petites communautés de foi et la participation à de nombreuses activités sociales et caritatives.

Affaibli depuis quelque temps par la maladie, Mgr Destombes avait officiellement présenté sa démission au pape à l’occasion de son 75ème anniversaire, le 15 août dernier.