Eglises d'Asie – Cambodge
Des efforts toujours plus soutenus pour construire une Eglise autochtone
Publié le 17/11/2010
… à la formation d’un clergé autochtone. « Nous devons construire une Eglise locale (…) et aider les jeunes catholiques à répondre à l’appel de Dieu », a déclaré le prélat devant une foule de plus d’un millier de personnes, rassemblée dans l’église St-Joseph à Phnom Penh, principal lieu de culte catholique du Cambodge (2).
Depuis une vingtaine d’années, l’Eglise catholique au Cambodge, qui avait été presque totalement anéantie par les Khmers rouges et la guerre civile, renaît progressivement de ses cendres. Sous une apparente lenteur, sa reconstruction fait montre d’un singulier dynamisme ; avec quelque 20 000 fidèles (dont 7 000 Khmers et le double de Vietnamiens), cinq jeunes prêtres récemment ordonnés et six séminaristes, la communauté catholique autochtone se développe, petite minorité au sein d’une société à 95 % bouddhiste. Mais aujourd’hui, sur plus d’une vingtaine de prêtres actifs dans le vicariat apostolique de Phnom Penh, seuls deux sont cambodgiens.
« Il faut réaliser que, pour ces futurs prêtres, une formation d’une dizaine d’années est nécessaire, sans compter qu’en amont de la formation, il y a un travail de pastorale des vocations », explique le P. Bruno Cosme, joint au téléphone par Eglises d’Asie, ce 16 novembre 2010. Prêtre des Missions Etrangères de Paris, il vient tout juste de quitter ses fonctions de recteur du grand séminaire de Phnom Penh pour devenir curé de l’église St-Joseph (6 500 paroissiens, soit la moitié de la communauté catholique du vicariat). Jusqu’en 2006, il a également dirigé le service des vocations et a suivi les premiers pas de l’Eglise cambodgienne renaissante. Il témoigne du défi que représente pour ces jeunes prêtres le fait d’avancer comme des pionniers de l’Eglise catholique au Cambodge tout en étant des modèles pour les générations suivantes et les jeunes qui les entourent.
« Nous avons créé en 1999 un groupe d’accompagnement pour ceux qui se posent la question du sacerdoce, avec un cheminement qui varie entre deux ans et plus, précise le P. Cosme. Les six séminaristes que nous avons actuellement sont tous passés par ce groupe ; c’est le signe que cela marche bien, mais en aucun cas nous ne voulons forcer les choses et parfois même, nous leur conseillons de prendre encore une année de réflexion supplémentaire. »
Cette croissance, lente mais appuyée sur une formation solide (3) et une foi éprouvée, se heurte parfois à l’apostolat plus agressif de nombreuses Eglises protestantes dont le développement est aujourd’hui exponentiel, avec plus de 350 000 fidèles revendiqués.
Conséquences de ces méthodes d’évangélisations souvent controversées, un certain mécontentement est récemment apparu parmi les populations bouddhistes qui font facilement l’amalgame entre les chrétiens de différentes confessions. « Nos missions et nos perspectives sont différentes, reconnaît le P. Cosme. L’Eglise catholique au Cambodge a toujours montré la plus grande attention à respecter la langue et la culture ainsi que le bouddhisme. » Signe tangible des bonnes relations que l’Eglise entretient avec la société cambodgienne, Min Khin, ministre des Cultes et des Religions, était présent, le 13 novembre, lors de l’installation de Mgr Schmitthaeusler ; le ministre a tenu à remercier officiellement le prélat des services rendus « aux Cambodgiens défavorisés », notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé (4).
« Notre mission d’enseignement ne s’arrête pas à la catéchèse ou à la formation à la foi, mais s’étend à l’ensemble de l’éducation… de la maternelle à l’enseignement supérieur (…). Tout comme elle s’investit entièrement dans la formation de ses prêtres et de ses fidèles – parmi lesquels les jeunes et les catéchistes demandent une attention toute particulière –, l’Eglise ne ménage pas ses efforts pour les écoles et l’éducation générale ; c’est également une priorité dans un pays où le taux d’analphabétisme dépasse les 25 % », conclut le P. Cosme (5).