Eglises d'Asie

Les différentes religions s’unissent face à la progression inquiétante du sida dans le pays

Publié le 24/11/2010




Une centaine de leaders religieux de différentes religions ainsi que des responsables d’organisations au service des séropositifs et des sidéens ont participé à un grand rassemblement le 18 novembre dernier à Rangoun, afin mener une action commune face à la progression inquiétante de la maladie en Birmanie. « Notre but est d’instaurer le respect mutuel et la compréhension entre les différentes religions…

afin d’établir des communautés de croyants formés à la connaissance du sida et de pouvoir également réduire la discrimination envers les malades », a déclaré le Rév. Peter Joseph, du Réseau interreligieux de Birmanie contre le sida (MINA), l’un des organisateurs du Forum qui s’est tenu le 18 novembre dernier à Rangoun (Yangon).

 

« Au sein de notre propre groupe religieux, nous travaillons tous pour la même cause, les patients sidéens ou séropositifs », explique U Hoosein Kadar, musulman et membre du MINA. Tout en se félicitant du succès remporté par le Forum l’année dernière, il souligne que le principal défi de l’association reste toujours la recherche de fonds et de nouveaux donateurs (1).

 

Il s’agissait cette année de la deuxième édition du rassemblement interreligieux, le MINA ayant été fondé le 17 novembre 2009 par la Myanmar Baptist Convention (2). Son objectif est d’organiser des sessions et des missions d’études afin de promouvoir et de mettre en place des services d’aide et de réhabilitation pour les populations touchées par le sida. Les représentants de toutes les communautés ont pu faire part du point de vue de leur religion sur la question et de leurs préconisations pour enrayer la propagation du virus. En Birmanie, bouddhiste à 89 %, les chrétiens (parmi lesquels on compte deux tiers de protestant, majoritairement baptistes) ne représentent que 6 % de la population mais sont particulièrement engagés dans l’action humanitaire et sociale et, depuis le début de l’épidémie, dans la lutte contre le sida.

 

Une déclaration commune publiée durant le rassemblement a rappelé que la progression du sida représentait l’une des plus grandes menaces pour la vie humaine dans le pays. La maladie touche de plus en plus de femmes et d’enfants, la plupart du temps par méconnaissance des moyens de transmission du virus.

 

Dans le domaine de la prévention de la maladie, la minorité catholique de Birmanie est connue pour être très active, notamment par l’intermédiaire de la Karuna, la Caritas locale. Dans les régions montagneuses et isolées où vivent les minorités ethniques du pays, la plupart des habitants des villages ne savent rien du sida ni de la séropositivité, laquelle en Birmanie, se transmet essentiellement par les relations sexuelles non protégées ou des seringues infectées (3). Les séropositifs et sidéens souffrent également d’une forte discrimination, contre laquelle luttent également les organisations caritatives chrétiennes qui organisent régulièrement des campagnes de sensibilisation et d’information (dont la Myanmar Catholics HIV/AIDS, une autre branche de la Karuna).

 

Selon le dernier rapport de l’ONUSIDA, le programme des Nations-Unies contre le sida, publié en octobre dernier, plus de 240 000 personnes, femmes et enfants compris, vivent actuellement en Birmanie avec la maladie. Avec l’un des taux de prévalence les plus élevés d’Asie, surtout dans les grandes villes (plus de 23 % à Rangoun), la Birmanie présente cependant un budget national pour la santé parmi les plus faibles au monde.