Eglises d'Asie

Shaanxi : les autorités d’un district encouragent l’action de religieuses catholiques engagées dans la scolarisation d’enfants handicapés

Publié le 19/01/2011




Tandis qu’à Wu Qiu, dans le Hebei, les autorités tentent de fermer l’orphelinat pour enfants handicapés fondé par l’évêque « clandestin » de Zhengding, Mgr Jia Zhiguo (1), un autre centre d’accueil pour enfants handicapés, situé celui-là à Fufeng, dans la province du Shaanxi, reçoit les encouragements des autorités locales, qui soulignent l’action bienfaisante des religieuses catholiques responsables de cet établissement.

Il y a quelques jours, dans le cadre de visites menées peu avant le Nouvel An lunaire, une délégation de responsables du district de Fufeng a rendu visite au « Centre Xinyue pour l’éducation spécialisée ». Fondé en 2005 dans la localité de Yingxi, le Centre Xinyue accueille aujourd’hui 130 enfants, âgés de 3 à 18 ans atteints de handicap mental. L’initiative en revient aux Sœurs franciscaines missionnaires du Sacré-Cœur, une congrégation religieuse fortement implantée dans le Shaanxi, ainsi qu’au Centre d’action sociale catholique du diocèse de Xi’an, capitale du Shaanxi.

A l’issue de sa visite, Gao Jun, chef de la délégation du district de Fufeng, s’est déclaré très positivement surpris de la qualité du travail réalisé auprès des enfants par les religieuses. Il a chaleureusement remercié les sœurs et le personnel soignant, louant leur dévouement désintéressé au service des enfants handicapés. Les autorités locales veilleront à apporter un plus large soutien à cette institution au cours de l’année à venir et le Centre Xinyue peut être pris pour modèle par les autres institutions sociales, a notamment déclaré le responsable politique.

Pour les Sœurs franciscaines missionnaires, cette reconnaissance des autorités locales est bienvenue. En effet, si l’Etat ne cache plus qu’il compte sur le secteur privé pour répondre aux besoins sociaux et éducatifs du pays, il prend soin de maintenir son monopole sur l’enseignement et toute initiative en ce domaine qui ne serait pas associée à un but lucratif est soigneusement encadrée, a fortiori lorsque cette initiative vient d’une structure religieuse. Les religieuses tiennent donc à rester discrètes, tout en se félicitant des bonnes relations qu’elles peuvent nouer avec l’administration locale.

L’engagement des franciscaines missionnaires du Shaanxi dans l’éducation des handicapés mentaux remonte à plus d’une vingtaine d’années (2). Au départ, des jardins d’enfants ont été ouverts puis des centres ont été développés pour accompagner ces enfants au fil des années. Les religieuses ont œuvré à ce que les enfants atteints de handicap, qui faisaient souvent l’objet d’ostracisme social et étaient gardés cachés à la maison par leurs parents, puissent être pris en charge par un personnel formé et compétent. Au Centre Xinyue, les enfants accueillis souffrent d’autisme, de trisomie 21, de paralysie cérébrale et d’autres handicaps mentaux. Par leur travail, les sœurs et le personnel soignant veillent à accompagner chacun au gré de son potentiel. A l’agence Ucanews (3), Sœur Tong Xiaoya explique que certains enfants, après plusieurs années passées au jardin d’enfants puis à l’école primaire où ils ont bénéficié d’une éducation spécialisée, ont pu rejoindre le système scolaire classique ; d’autres ont pu acquérir une réelle autonomie et, pour certains, accéder à une activité rémunératrice. Le parent d’un garçon handicapé précise que, si son enfant a pu gagner confiance en lui, c’est grâce au travail effectué au centre ; certaines de ses peintures ont été récemment exposées dans une exposition d’art. Pour ce parent, il est plutôt rassurant de voir que les autorités locales se félicitent de ce qui est réalisé au Centre Xinyue et déclarent vouloir contribuer au bien-être des handicapés.

La reconnaissance par les autorités de Fufeng du travail des religieuses est d’autant plus remarquable que le Centre Xinyue est situé sur le territoire du diocèse de Zhouzhi, ville située à 70 km au sud-ouest de Xi’an. Important diocèse du Shaanxi par le nombre de ses fidèles (60 000) et de ses prêtres (une cinquantaine), Zhouzhi a à sa tête un évêque reconnu par Rome mais non accepté par Pékin. Mgr Joseph Wu Qinjing a en effet été ordonné évêque en 2005 par Mgr Li Du’an, évêque de Xi’an (1987-2006), mais le Bureau des Affaires religieuses, qui avait un autre candidat pour le siège de Zhouzhi, n’a jamais accepté de reconnaître cette ordination épiscopale et, depuis, les autorités mènent la vie dure au jeune évêque, âgé de 42 ans. Les arrestations succèdent aux mises en résidence surveillée, sans oublier les violences physiques exercées sur la personne de l’évêque (4).