Eglises d'Asie

POUR APPROFONDIR – La difficile entente entre la Chine et le Vatican

Publié le 17/02/2011




L’année 2010 a été une année particulièrement riche pour l’Eglise de Chine. Après une longue série d’ordinations épiscopales menées tant avec l’accord du pape qu’avec celui du gouvernement chinois, l’ordination illicite – car menée sans l’accord de Rome – d’un évêque à Chengde puis la tenue à Pékin de la Huitième Assemblée nationale des représentants catholiques…

ont constitué comme une rupture dans un processus de rapprochement progressif entre la Chine populaire et le Saint-Siège. Dans une conférence donnée le 12 février à l’Espace MEP, au siège de la Société des Missions Etrangères de Paris, le P. Jean Charbonnier, MEP, est revenu sur cette actualité pour l’expliciter, notamment en s’appuyant sur une lettre adressée le 15 décembre 2010 aux autorités civiles chinoises par les membres du clergé du diocèse de Xianxian. Eglises d’Asie publie ici le texte complet de la conférence du P. Charbonnier, éminent sinologue de la Société des Missions Etrangères.

 

Des malentendus de base bloquent la relation Chine-Vatican. La Chine est le plus grand pays du monde avec une population de 1 milliard 400 millions d’habitants. Le Vatican est l’un des plus petits Etats du monde. L’Etat chinois est un pouvoir politique séculier qui intègre les corps religieux. Le Vatican est un pouvoir religieux qui inclut des revendications politiques. La Chine possède une culture originale qu’elle estime supérieure à la culture occidentale. Le Vatican est dépositaire d’une culture européenne qui a longtemps servi de référence mondiale. La culture chinoise est riche de sagesses confucéenne, taoïste et bouddhiste. La culture européenne s’enracine dans les terreaux gréco-latins fertilisés par la foi chrétienne.

Le blocage historique

La Chine a été humiliée par les puissances occidentales de 1840 à 1940. Le Vatican était alors impliqué dans les intérêts des pouvoirs occidentaux. La France en particulier menaçait le Saint-Siège d’intensifier sa politique de laïcisme anticlérical dans l’Hexagone si le protectorat sur les missions en Chine lui était retiré. Les relations directes entre la Chine et le Saint-Siège ont ainsi été retardées de plus d’un demi-siècle et n’ont pu être établies qu’en 1942. C’était sous le régime nationaliste de Nankin, en pleine guerre mondiale doublée en Chine d’une guerre civile entre les communistes de Mao Zedong et les nationalistes de Tchiang Kaishek. Sévèrement critique du communisme, le Vatican jouait perdant en apportant son soutien au gouvernement de Nankin. En 1949, le gouvernement nationaliste se réfugiait à Taiwan. Rejeté par le pouvoir communiste, le représentant du Saint-Siège devait à son tour trouver refuge dans l’île de Taiwan auprès des autorités de la République de Chine qualifiée de « Chine libre » L’Eglise perdait ainsi sa place dans la Chine « libérée » de toute ingérence étrangère.

Des fissures dans la muraille

En soixante ans, l’Eglise a évolué, la Chine aussi. Le rôle d’abord religieux du Saint-Siège s’est manifesté clairement grâce au Concile Vatican II. La constitution Gaudium et Spes inaugurait un Eglise rajeunie ouverte sur le monde. La liturgie pouvait s’exprimer dans les langues locales. Dès 1965, la messe était célébrée en chinois à Taiwan, Hongkong et Singapour. En Chine en revanche, le traitement des religions empirait. Les chrétiens en particulier devaient s’inféoder au nouveau pouvoir en obéissant aux « associations patriotiques » de croyants. De 1949 à 1978, le régime communiste suivit une politique religieuse encourageant l’activisme révolutionnaire et le scientisme athée.

Après les ravages de la Révolution culturelle et la mort de Mao en septembre 1976, les forcenés de la lutte des classes étaient réduits au silence. Deng Xiaoping pouvait lancer en 1978 une nouvelle politique réaliste d’ouverture et de modernisation. Les grandes religions reconnues non superstitieuses étaient invitées à participer au front uni pour la modernisation. Depuis, les idéologues du Parti admettent que les religions ne sont pas toujours l’opium du peuple, qu’elles sont un phénomène social de longue durée et même qu’elles sont utiles pour la morale, la paix sociale et la culture. Le socialisme aux couleurs chinoises n’est plus une menace contre la foi chrétienne. L’Eglise catholique en fait a pu renaître et s’épanouir.

Et pourtant le blocage continue avec le Vatican. Les dirigeants chinois affirment qu’il ne pourra cesser qu’à deux conditions : le Vatican doit rompre avec le gouvernement de Taiwan et doit laisser l’Eglise en Chine ordonner ses évêques. En ce qui concerne Taiwan, le mur est très fissuré. Les relations entre Taiwan et le continent sont au beau fixe. L’Eglise à Taiwan peut accueillir des continentaux pour leur formation théologique. Depuis une vingtaine d’années, les prêtres chinois de Taiwan ont pris au sérieux leur mission confiée par le pape d’être une Eglise-pont.

La question est plus épineuse en ce qui concerne la nomination des évêques. Des raisons religieuses interviennent qui échappent au pouvoir politique chinois. Rome ne peut pas se contenter d’avaliser les choix faits par une conférence épiscopale chinoise trop inféodée au pouvoir politique. Cette conférence n’est d’ailleurs pas reconnue par Rome pour plusieurs raisons. Entre autres, parce qu’elle est dépendante de l’Assemblée nationale des représentants catholiques, autorité suprême dans l’Eglise de Chine, qui se réunit tous les quatre ans. La dernière réunion de cette assemblée, du 7 au 9 décembre 2010, confirme sa faiblesse. La participation des évêques a été forcée, les non-votants ont été comptés au profit des candidats du gouvernement. Ont été élus un évêque illicite, Mgr Ma Yinglin, évêque de Kunming (province du Yunnan), à la tête de la Conférence épiscopale, et un évêque reconnu par Rome à la tête de l’Association patriotique des catholiques chinois, Mgr Fang Xinyao, évêque de Linyi (province du Shandong).

Des témoignages de fidélité

L’obéissance aux directives de Rome demeure un principe intouchable pour la plupart des catholiques de Chine, qu’ils soient « officiels » ou « clandestins ». Les catholiques « officiels » doivent affirmer l’indépendance de l’Eglise en Chine. Il s’agit pour eux d’un slogan politique qui ne touche pas à leur foi. En fait, leurs journaux les plus diffusés dans le pays font connaître les orientations de la vie de l’Eglise données par Rome. C’est ainsi que tous les diocèses ont organisé des activités appropriées pour l’année Saint Paul et l’année du sacerdoce. Le décès du pape Jean Paul II a entraîné des cérémonies émouvantes. Tout événement marquant la tête de l’Eglise à Rome est rapporté. Cette presse officielle catholique peut encore être muselée en certaines occasions – ce fut le cas pour la lettre du pape Benoît XVI aux catholiques de Chine en 2007 –, mais la lettre était déjà diffusée partout grâce aux réseaux Internet.

Les directives concernant la discipline d’Eglise dans le domaine sacramentel des ordinations épiscopales sont beaucoup plus difficiles à appliquer. Un modus vivendi semblait enfin avoir été atteint au cours de l’année 2010. Dix évêques étaient consacrés avec l’accord de Rome. Mais la fin de l’année a été marquée par deux grandes épreuves : l’ordination forcée d’un évêque non approuvé par Rome et la réunion de l’Assemblée nationale des représentants catholiques. Que s’est-il passé ?

Au moins trois évêques ont résisté courageusement, dont l’évêque de Xianxian (Cangzhou), Mgr Li Liangui, qui s’est esquivé à temps. Il s’est abstenu de participer aux deux événements. Arrêté par la police, il fut ensuite empêché de retourner dans son diocèse. Ses prêtres ont alors pris l’initiative courageuse de porter plainte aux autorités locales. Datée du 15 décembre 2010, voici cette lettre dans son intégralité :

« Nous, les membres du clergé du diocèse de Cangzhou, comme le peuple dans le pays entier, nous bénéficions de tout ce que la politique d’ouverture et d’ouverture (NdT : politique lancée par Deng Xiaoping fin des années 1970) a pu apporter comme amélioration. Plus particulièrement, nous nous considérons encore plus chanceux d’avoir la possibilité d’être prêtres sur cette terre de Xianxian et de participer au travail d’évangélisation. En effet, nous avons observé la collaboration sincère entre le gouvernement local et le diocèse; nous avons personnellement expérimenté la stabilité et l’harmonie du diocèse, ainsi que l’aide et le soutien apportés par le gouvernement local et vous-même. Toutes ces années, sous la direction et les encouragements de notre évêque, nous avons guidé les fidèles à respecter la loi, à participer activement aux programmes nationaux de développement, avec les moyens qui sont particuliers au clergé, nous avons remercié la Patrie et contribué au développement de la société. Nous sommes persuadés d’être des clercs catholiques qui aiment le Pays et le Peuple. Nous sommes en effet appelés par Dieu pour être prêtres en Chine, d’accomplir la volonté de Dieu en annonçant la Bonne Nouvelle de vérité, de justice et de miséricorde à la Grande Chine, pour le bonheur de millions de compatriotes, en accomplissant l’objectif recherché par nos anciens sages d’« unité entre le Ciel et les hommes » et d’une société globale saine et paisible. Mais récemment, une série d’événements se sont passés dans notre diocèse qui nous ont fortement affectés, oppressés, voire rendus furieux. C’est pourquoi nous exigeons de votre part ainsi que des différents responsables du gouvernement de nous fournir une explication claire, pour résorber l’angoisse de l’ensemble des prêtres du diocèse de Cangzhou.

1.) La participation à une ordination épiscopale est un acte libre et volontaire. Il n’existe aucune loi ni politique qui rend obligatoire ou force à participer : c’est un droit garanti par chacun par la Constitution de notre pays. Alors pourquoi, dans le cas de l’ordination illégitime de Chengde, certaines personnes ont eu recours à la tromperie, à la séquestration et à d’autres méthodes pour obliger notre évêque à participer à l’ordination épiscopale de Chengde ? Où se trouve la liberté des citoyens garantie par la Constitution ?

2.) Le choix et l’ordination de prêtres ou d’évêques dépend des affaires intérieures de l’Eglise et est du ressort de la doctrine de l’Eglise. Pourquoi donc faut-il que le gouvernement force à participer ? Est-ce que notre pays veut établir une religion d’Etat ? Ceci inquiète non seulement les membres de l’Eglise, mais aussi un chercheur de l’Académie des Sciences Sociales, M. Ren Yanli, qui est inquiet et déconcerté par cette ordination de Chengde, il dit : « C’est vraiment étonnant. Depuis les affrontements de 2006, les quatre dernières années s’étaient passées paisiblement, en particulier cette année où les dix ordinations épiscopales avaient été menées avec l’accord des deux parties. La Chine et le Vatican avaient un accord mutuel… Cette fois-ci, c’est la continuité d’une politique très gauchiste, qui nous ramène malheureusement à la situation des trois ordinations illégitimes de 2006. Quatre années perdues pour rien ! »

3.) Notre évêque a été forcé, contre son gré, de participer à cette ordination contraire à la doctrine de l’Eglise, et ne pouvant supporter cette terrible pression, il n’est pas revenu et jusqu’à aujourd’hui, il reste introuvable. Selon les dires du gouvernement et selon les règles du bon sens, la famille de l’évêque, ses proches et son diocèse devraient recevoir des explications et du réconfort. A l’inverse, et cela paraît inconcevable, des organismes du gouvernement ont pris des mesures inacceptables pour l’ensemble des fidèles : des voitures de police encerclent le centre diocésain, comme si une grande bataille devait éclater ! De telles mesures ont des conséquences désastreuses non seulement sur le diocèse mais aussi sur les foules non croyantes. Est-ce là les caractéristiques d’un pays démocratique ? Est-ce là la manifestation de la société d’harmonie ? A moins que ce soit le retour de la Révolution culturelle ? Comment se fait-il qu’à une époque d’ouverture démocratique et de construction de l’harmonie, de telles pratiques apparaissent encore ? Notre cœur se glace.

Les questions ci-dessus nous inquiètent en permanence, nous nous demandons si la politique religieuse du pays n’est pas en train de régresser. Pour le moment, tous les prêtres et les 85 000 fidèles de notre diocèse se font énormément de souci pour la sécurité de notre évêque. La fête de paix de Noël (NdT : la nuit de Noël est appelée couramment en chinois ‘nuit de paix’) approche. Afin de garder le calme et l’harmonie de notre district, maintenir les bonnes relations entre le gouvernement et le diocèse, entretenues toutes ces dernières années, nous espérons grandement que vous et les responsables concernés du gouvernement nous fournirez au plus vite des explications claires sur les questions ci-dessous qui préoccupent le diocèse à tous les niveaux, et ainsi éviter de susciter une plus grande incompréhension et colère, qui pourrait détruire la belle ambiance de paix de la fête de Noël. » (15 décembre 2010)

Les prêtres de Xianxian ont obtenu gain de cause. Leur évêque était de retour avant Noël.

Mgr Feng Xinmao, évêque du diocèse voisin de Hengshui, a lui aussi tenté d’éviter de participer aux deux événements. Mais il a été arraché à la foule des chrétiens par d’importantes forces de police.

Mgr Jia Zhiguo, évêque ouvertement « clandestin » de Zhengding, s’est évidemment abstenu de participer. Les menaces qui pèsent sur lui n’en sont que plus pressantes. L’Etat veut reprendre l’orphelinat qu’il gère depuis vingt ans et disperser la trentaine de religieuses qui s’en occupe.

Un autre signe de protestation catholique est apparu dans la capitale même de la province du Hebei, au grand séminaire provincial de Shijiazhuang qui dessert une dizaine de diocèses. L’administration provinciale voulait leur imposer comme vice-supérieur un cadre communiste non chrétien. Revêtus de la soutane et du surplis, ils ont fait le piquet devant le siège gouvernemental pendant plusieurs jours et ont obtenu finalement satisfaction. C’est Mgr Feng Xinmao, évêque de Hengshui, qui a été nommé à la place du cadre communiste.

Des tendances « gallicanes »

A l’opposé de ces témoignages de fidélité rigoureuse à l’Eglise et aux directives romaine, divers échos signalent que quelques évêques sympathisent assez facilement avec les requêtes gouvernementales. Ce qui les motive n’est pas la peur de subir des représailles d’ordre financier ou même contre leur famille. C’est plutôt une fierté d’être chinois et un certain mépris pour des directives imposées par des étrangers depuis Rome. Le sentiment nationaliste culturel devient l’épine dorsale du régime après le double succès des Jeux olympiques de Pékin et de l’Exposition internationale de Shanghai. La Chine veut même exporter sa culture grâce à la multiplication des Instituts Confucius dans le monde. C’est une réponse légitime à ce que font les Européens avec leurs Alliances françaises ou leurs Goethe Institutes. Toujours est-il que les personnels d’Eglise amis des dirigeants locaux peuvent être sensibles à ce sentiment de supériorité culturelle et n’hésitent pas à marquer leurs divergences de vues avec les directives romaines.

Est-ce là une sorte de « gallicanisme chinois » ? On sait comment le règne de Louis XIV a été marqué par des conflits entre les hommes d’Eglise proches du roi, tels Bossuet, évêque de Meaux, contre d’autres évêques qualifiés d’« ultramontains » parce que plus respectueux de l’autorité romaine. Au XVIIIème siècle de nombreux prêtres français ont été gagnés aux idées gallicanes, ce qui rendit possible, au début de la Révolution française, l’adoption de la Constitution civile du clergé. Ce parallèle historique est sans doute peu applicable en Chine où les dirigeants n’ont rien à voir avec la foi chrétienne. Heureusement d’ailleurs, car il suffirait que le président chinois soit une sorte de Henri VIII d’Angleterre, « défenseur de la foi », pour qu’un schisme réel se produise. Chez certains évêques chinois qui coopèrent avec les gouvernants contre les directives de Rome, il s’agit surtout d’un patriotisme culturel légèrement xénophobe. Ce sentiment s’est manifesté autrefois en Chine quand le clergé chinois tardait à être promu à l’épiscopat. Plus tard à Taiwan, certains prêtres chinois ont manifesté dans leurs écrits leur impatience face aux mesures romaines. A ceci s’ajoute l’intérêt viscéral de certains Chinois pour obtenir le statut de fonctionnaire, une voiture prioritaire et des revenus assurés. Il est facile de retrouver des tendances similaires dans l’histoire européenne de l’Eglise.

Un grand geste de Rome

Les événements de décembre 2010 ont apporté la désolation à Rome et une grande peine à tous ceux qui souhaitent un rapprochement entre le Saint-Siège et la Chine. Du côté chinois, il n’y a probablement pas d’animosité nouvelle contre l’Eglise, mais plutôt une exigence de discipline intérieure et une crainte maladive de toute ingérence occidentale. La condamnation du professeur Liu Xiaobo, prix Nobel de la paix, à onze ans de prison est précisément un défi aux supposées manœuvres de l’Occident pour déstabiliser la Chine. Le crime de Liu Xiaobo est d’avoir recommandé une vie démocratique conforme à la Constitution chinoise avec liberté d’expression et respect du pouvoir judiciaire. Mais le Parti au pouvoir donne priorité au maintien de l’ordre sur la justice en s’appuyant sur un puissant système policier. La méfiance des Occidentaux peut gagner rapidement la population, même le personnel d’Eglise qui a eu l’occasion de vivre et d’étudier en Europe. Ce qu’ils y ont vu de la vie de l’Eglise ne leur inspire pas forcément des comparaisons favorables avec la fidélité des chrétiens chinois. Sans faire preuve de préjugé sur l’attitude de l’évêque Guo Jincai, ordonné pour le nouveau diocèse de Chengde sans accord de Rome, il faut bien constater qu’il a fait des séjours d’étude en Europe où il avait été reçu par la communauté de l’Emmanuel. Il travaillait d’ailleurs de grand cœur à construire l’Eglise de son diocèse. Tout en étant proche des gouvernants, il s’acquittait au mieux de sa tâche pastorale. Personne ne sait pourquoi Rome lui a refusé l’accès à l’épiscopat. Seuls les responsables de l’enquête peuvent avoir leurs raisons restées confidentielles. La seule raison d’une trop grande proximité du pouvoir chinois peut aussi faire craindre à Rome une désaffection des milieux catholiques clandestins.

Comment sortir de ces impasses ?

Le pape Benoît XVI vient de faire un geste fort : il a ouvert une voie nouvelle en nommant un prêtre chinois au poste de secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Le P. Savio Hon Tai-fai, de Hongkong, a été consacré archevêque à Rome le 6 février en vue d’assurer ce poste clé dans la vie de l’Eglise.

Il est prêtre salésien avec une grande expérience d’enseignement de la théologie en Chine et aussi une expérience de Rome où il appartenait à la Commission théologique dirigée par le cardinal Ratzinger. Rome se dote enfin d’un personnel capable de comprendre la mentalité des Chinois et les exigences de leur culture. Pékin a d’ailleurs réagi poliment, demandant à M. Liu Bainian, secrétaire émérite de l’Association patriotique, d’envoyer ses félicitations. Ce qu’il a fait sans sourciller, tout en rappelant les deux conditions impératives d’un dialogue avec Rome.

En conclusion :

L’entente Chine-Vatican est-elle nécessaire ?
L’absence de relations diplomatiques n’empêche pas la vie de l’Eglise en Chine et ne met pas en cause la foi des catholiques chinois. Ils demeurent fidèles dans leur ensemble, reconnaissent la primauté pontificale et sont en communion spirituelle avec le Saint-Père. Ils mettent en pratique les orientations données par le Saint-Siège. D’un autre côté, un accord est nécessaire entre le Saint-Siège et le pouvoir chinois pour résoudre les problèmes intérieurs de la vie de l’Eglise en Chine : autorité des évêques, division territoriale des diocèses, réconciliation entre « clandestins » et « officiels », ouverture au monde.

L’entente Chine-Vatican est-elle souhaitable actuellement ?
Non, à cause de la violation des droits de l’homme. Le prix Nobel de la paix Liu Xiaobo a été condamné à onze ans de prison. L’Eglise ruinerait son autorité morale au service de la justice et de la paix dans le monde. L’Eglise risquerait aussi d’accroître la déchirure interne de l’Eglise en Chine en s’aliénant les « clandestins » qui ont souffert pour lui demeurer fidèles.

Y-a-t-il une voie médiane ?
Oui. Multiplier les échanges internationaux avec les catholiques de Chine : visites, communication Internet, accueil des pèlerins chinois en Europe, formation de prêtres, religieuses et dirigeants laïcs en Europe et en Amérique. Négocier des accords pragmatiques avec les autorités chinoises sur les nominations d’évêques, les divisions territoriales des diocèses. Faire place aux catholiques chinois à Rome et dans les pays occidentaux en favorisant leur accueil, en leur offrant des locaux adaptés à leurs besoins pastoraux, en aidant à leur formation, en cessant de discriminer entre « clandestins » et « patriotiques ».