Eglises d'Asie

Hebei : Décès de l’évêque « clandestin » du diocèse catholique de Xiwanzi

Publié le 14/03/2011




C’est un coup très dur porté à la communauté catholique « clandestine » du diocèse de Chongli-Xiwanzi situé dans le nord-ouest du Hebei, avec la mort de Mgr Andrew Hao Jinli, évêque « clandestin » du diocèse, à l’âge de 95 ans, le 9 mars dernier dans le village de Gonghui.Son décès survient un an seulement après celui de son évêque coadjuteur Mgr Yao, …

… très âgé lui aussi, qui assumait la direction effective du diocèse en raison de l’état de santé défaillant de Mgr Hao. Mgr Yao n’a pas été remplacé et selon des sources catholiques locales, étant donné les relations tendues entre la partie « clandestine » du diocèse et les autorités locales, on ne peut s’attendre à ce que le Saint-Siège nomme prochainement des successeurs aux deux évêques, ordinaire comme coadjuteur, à la tête du diocèse.

Dès l’annonce de la mort de l’évêque clandestin, la police a barré toutes les routes permettant d’accéder au village, empêchant les catholiques de venir rendre un dernier hommage à Mgr Hao.

Le prélat, très diminué depuis ces dix dernières années par le diabète et la maladie d’Alzheimer, ne quittait plus son fauteuil roulant. Le mois dernier, sa santé s’était brutalement détériorée mais la police n’avait pas autorisé les fidèles à l’emmener à l’hôpital. Les forces de sécurité avaient même installé des caméras de surveillance chez lui et interdit à quiconque de lui rendre visite.

 

« Mgr Hao est mort le mercredi des Cendres. Il s’est uni à Jésus-Christ durant toute sa vie à travers les épreuves qu’il a vécues et c’est avec Lui qu’il ressuscitera », a déclaré un des catholiques « clandestins » du diocèse.

 

Le prélat, très aimé de sa communauté, aura laissé le souvenir d’un « homme chaleureux et fidèle à sa fonction d’évêque » et formé des bataillons de jeunes prêtres oeuvrant aujourd’hui au sein de l’Eglise catholique clandestine.

 

Comme son évêque coadjuteur, Mgr Hao appartenait à la génération des prêtres catholiques chinois ayant commencé leur vie pastorale avec l’arrivée du communisme et les persécutions. Il a passé une grande partie de sa vie en prison pour sa foi (plus de vingt ans) et toujours refusé d’adhérer à l’Association des patriotes catholiques chinois, l’organe officiel contrôlé par le Parti, subissant en retour l’étroite surveillance et l’oppression des autorités jusqu’à son décès le 9 mars dernier.

 

Mgr Hao né en 1916 dans une famille catholique très croyante – ses deux frères sont également devenus prêtres – , avait été ordonné en 1943. Il a été condamné à dix ans de prison en raison de sa foi en 1958. A sa sortie de détention, il est envoyé à Gonghui dans un camp de « rééducation par le travail ». Ce n’est qu’en 1981, qu’il est libéré et prend la charge d’une paroisse.

 

En 1984, il est ordonné clandestinement évêque et succède à Mgr Melchior Zhang Kexing à la tête du diocèse de Chongli-Xiwanzi. En 2002, le P. Leo Yao Liang est ordonné évêque coadjuteur de Xiwanzi, également dans la clandestinité. Rapidement, Mgr Hao devenant de plus en plus affaibli par la maladie, c’est Mgr Yao qui assume la direction effective du diocèse. Régulièrement arrêté par les autorités, mais ne renonçant jamais à son travail missionnaire, Mgr Yao a laissé la communauté locale dans un réel désarroi lorsqu’il est décédé fin 2009.

 

Lors des funérailles de l’évêque coadjuteur, des milliers de fidèles avaient afflué pour assister à la célébration, malgré les barrages mis en place par les autorités et le blocage des informations concernant la date et le lieu de l’enterrement (1). Le gouvernement voulant insister sur la non-reconnaissance officielle de l’évêque, n’avait autorisé que des prêtres enregistrés auprès du Bureau local des Affaires religieuses à concélébrer pour son inhumation, avec interdiction de désigner le défunt par son titre ecclésiastique.

 

Il semblerait que le même scénario soit en train de se reproduire pour les funérailles du dernier évêque clandestin de Xiwanzi : la date de l’inhumation n’est toujours pas connue, le périmètre est bouclé autour du village de Gonghui et il a été signifié que seuls quelques prêtres « officiels » pourront présider la célébration.

 

Le catholicisme a été introduit dans la région de Xiwanzi il y a plus de 300 ans, par les lazaristes puis les scheutistes belges (CICM, Congrégation du Coeur Immaculé de Marie). Au XIXe le diocèse de Chongli-Xiwanzi, siège du vicariat apostolique de Mongolie, deviendra la base missionnaire de ces derniers pour l’évangélisation des « régions au-delà de la Grande muraille ».

 

La situation du diocèse de Chongli-Xiwanzi s’est considérablement compliquée depuis qu’en 1980 les autorités chinoises ont fusionné les deux diocèses de Xiwanzi et de Xuanhua pour former celui de Zhangjiakou. Ce dernier n’ayant aucune légitimité aux yeux du Saint-Siège, les communautés « clandestines » de Xiwanzi et de Xuanhua, inscrites dans les registres du Vatican en tant que diocèses, ont continué, malgré les pressions et la surveillance policière, de fonctionner comme auparavant.

Aujourd’hui, du côté « officiel », le siège épiscopal du nouveau diocèse de Zhangjiakou est encore vacant. Et le diocèse « clandestin » de Chongli-Xiwanzi  » est désormais, de fait, vacant lui aussi.