Eglises d'Asie

Shaanxi : le futur évêque du diocèse de Fengxiang a été élu à l’issue d’un processus « ouvert, juste et libre »

Publié le 24/05/2011




L’élection remonte à près d’une semaine mais la nouvelle n’a été connue que récemment. Le 18 mai dernier, dans la province du Shaanxi, le P. Peter Li Huiyuan, 46 ans, a été élu pour devenir le prochain évêque de Fengxiang, un diocèse qui présente la particularité de s’être développé ces dernières années en échappant à la mainmise de l’Association patriotique des catholiques chinois, …

… l’organisation mise en place par les autorités chinoises pour contrôler la partie « officielle » de l’Eglise catholique en Chine.

L’évêque actuel de Fengxiang est Mgr Lucas Li Jingfeng. A l’âge de 89 ans, il est l’une des personnalités les plus connues de l’Eglise en Chine. En 1980, alors qu’il était consacré dans la clandestinité évêque de Fengxiang, il prenait la tête d’une communauté catholique qui refusait obstinément de rejoindre les structures « officielles » de l’Eglise, en dépit des campagnes des autorités locales (1). De ce fait, la cathédrale, les églises, le séminaire et différentes organisations de ce diocèse sont longtemps restées « clandestines » tout en étant bien visibles aux yeux de tous. En 2004, sur les conseils de Mgr Li Du’an, évêque « officiel » de Xi’an, Mgr Li Jingfeng décidait que, pour le bien de l’unité de l’Eglise dans le Shaanxi, il était nécessaire de « faire surface », c’est-à-dire d’obtenir du gouvernement qu’il reconnaisse sa qualité épiscopale – ce qui fut fait. Cependant, Mgr Li Jingfeng a toujours refusé depuis toute adhésion à l’Association patriotique et toute affiliation à la Conférence épiscopale « officielle ». En octobre 2005, Mgr Li Jingfeng faisait partie du groupe des quatre évêques catholiques de Chine continentale invité par le pape Benoît XVI à se rendre à Rome pour participer au Synode des évêques consacré à l’« l’Eucharistie : source et sommet de la vie et de la mission de l’Eglise ». Aucun des quatre évêques ne put alors obtenir de Pékin l’autorisation de se rendre à Rome.

C’est donc cet évêque, âgé mais en bonne forme physique et intellectuelle, qui a organisé l’élection de celui qui sera son successeur. Le 18 mai, après avoir prêté serment sur la Bible, les responsables de la curie diocésaine, à savoir Mgr Li Jingfeng, ses deux vicaires généraux et deux prêtres, ont directement supervisé le bon déroulement des opérations de vote, et c’est Mgr Li qui en a proclamé les résultats, avec à ses côtés l’évêque coadjuteur émérite, Mgr Peter Zhang Zhiyong, âgé de 80 ans (dont la qualité épiscopale n’est pas reconnue par les autorités chinoises). Les votants, qui étaient au nombre de 48 (36 prêtres diocésains, six déléguées des congrégations religieuses féminines, et six responsables laïcs), avaient à se prononcer pour ou contre l’unique candidat en lice, le P. Li Huiyuan. Le résultat a été 47 voix pour et une abstention. Né en 1965, ordonné prêtre par Mgr Li Jingfeng en 1991 après avoir été formé au séminaire diocésain, le P. Li Huiyuan a exercé différents ministères sacerdotaux en paroisse. D’un contact facile, il est apprécié pour son intégrité.

Contrairement à ce qui s’était passé le 11 mai dans le diocèse de Shantou (Guangdong) où la Sécurité publique était très présente (2), des représentants des autorités étaient bien là mais dans une certaine discrétion. Mgr Li Jingfeng a précisé que les responsables locaux du Bureau des Affaires religieuses avaient été « invités » à assister à la votation, de manière à attester de sa conformité avec la législation nationale et à en confirmer la validité du résultat. Selon Mgr Li, le processus électoral a été conforme au droit canon de l’Eglise ainsi qu’aux règlements de la Chine en ce qui concerne les élections. Il a qualifié l’ensemble du processus d’« ouvert, juste et libre ». L’évêque a ajouté qu’il restait à Pékin de valider le choix exprimé dans les urnes et que l’ordination épiscopale serait organisée dans le respect des « principes de l’Eglise », sous-entendant sans doute par là que l’élection devait être confirmée par le pape et que le P. Li ne pourrait être ordonné évêque que par des évêques eux-mêmes en communion avec Rome.