Eglises d'Asie

Dans l’Etat Kachin, la situation des personnes déplacées par les combats demeure très précaire

Publié le 06/07/2011




En Birmanie, l’Eglise catholique dans le diocèse de Banmaw, dans la partie sud-est de l’Etat Kachin, s’est mobilisée pour venir en aide aux milliers de personnes déplacées par les combats qui ont éclaté le 9 juin dernier entre les forces armées birmanes et celles de la KIA (Kachin Independence Army), la branche armée de la Kachin Independence Organization (KIO).

Ses responsables indiquent toutefois que les ressources disponibles sont maigres et leur capacité à venir en aide efficacement et durablement limitée.

Sur la vingtaine de milliers de personnes déplacées par les combats, plus de 6 500 ont trouvé refuge auprès de cinq paroisses catholiques installées à proximité de la frontière avec la Chine, notamment dans les villages de Laiza, où se trouve l’état-major de la KIO, Loije et Man Win. La branche locale de la Caritas, Karuna Banmaw, coordonne les secours aux déplacés, des femmes, des enfants et des personnes âgées pour la plupart, et ses responsables ne cachent pas que les ressources disponibles sont insuffisantes, les grandes ONG internationales n’ayant pas ou très peu accès à la région. Mgr Raymond Sumlut Gam, évêque de Banmaw, précise que « les réfugiés sont aidés avec les fonds qui ont été récoltés à l’occasion de la dernière campagne de Carême et avec le produit d’autres quêtes menées auprès des fidèles du diocèse », mais il explique que les besoins dépassent de beaucoup les ressources disponibles. Les fortes pluies de ces derniers jours ne facilitent pas la situation, ajoute-t-il encore, ne cachant pas son inquiétude pour les personnes qui ont fui dans la jungle et qui n’ont pas réussi à rejoindre les centres d’accueil mis en place par les paroisses.

Toujours selon Raymond Sumlut Gam, si la situation va en s’améliorant dans certaines régions de l’Etat Kachin, la tension demeure forte près de la frontière avec la Chine. Selon lui, des villageois choisissent de quitter leurs maisons durant la nuit pour passer en douce la frontière, avant de revenir au petit matin travailler dans leurs champs et veiller leurs rizières. En Chine, ils craignent de se faire prendre par les gardes-frontières, qui refoulent vers la Birmanie tous ceux qui passent dans la clandestinité, et en Birmanie, ils redoutent de tomber sur un détachement de l’armée birmane, dont les soldats n’hésitent pas à pratiquer la torture, des exécutions sommaires ou le viol.

Dans ce conflit qui a éclaté après que la KIA a refusé une offre des autorités birmanes d’intégrer l’armée régulière en tant que gardes-frontières et du fait que les Kachin refusent de voir la Chine édifier sur leurs terres sept très importants barrages hydroélectriques (1), une issue semble se dessiner, la junte birmane, soumise à des pressions internationales, ayant proposé un cessez-le-feu à la KIA. Le 1er juillet, les chefs de la KIA ont ordonné à leurs troupes de cesser leurs attaques contre l’armée birmane et des rencontres entre généraux des deux armées ont eu lieu. Toutefois, aucun accord formel n’a été signé et il semble que les militaires birmans acheminent des renforts dans la région.

Signe du peu de confiance que les Kachins accordent à ce cessez-le-feu, les camps de personnes déplacées n’ont pas commencé à se vider, rapportent des sources sur place. L’évêque de Myitkyina, dont le diocèse couvre la partie nord-ouest de l’Etat Kachin, s’est adressé à ses fidèles via les ondes de Radio Veritas Asia pour les conforter : « Je prie pour vous, mon cher petit troupeau, et je ne vous laisserai pas seul. L’Eglise est prête à vous venir en aide, nos églises et nos chrétiens vous accueillent les bras ouverts afin que vous séchiez vos larmes et consoliez vos peines. Restez unis, aidez-vous les uns les autres, le Seigneur est proche de vous. Ayez foi en Lui, prions sans cesse pour la paix. »

Selon le gouvernement birman, 57 % des 1,2 millions de Kachin de Birmanie sont bouddhistes et 36 % sont chrétiens, essentiellement baptistes et catholiques.