Eglises d'Asie

La prochaine ordination épiscopale illicite de Shantou suscite des tensions, des oppositions et des hésitations dans les diocèses concernés par cet événement

Publié le 11/07/2011




 Il ne reste plus que quelques jours avant la date fixée par le gouvernement pour une nouvelle ordination épiscopale illicite, sans mandat du Souverain pontife, pour le diocèse de Shantou au sud de la province de Guangdong. Elle devrait, en effet, avoir lieu le 14 juillet prochain dans la cathédrale Saint Joseph de la ville de Shantou (1).

 A l’intérieur même du diocèse et dans le groupe des responsables ecclésiastiques impliqués dans cette ordination, des divisions se font jour : certains expriment leur opposition tandis que d’autres hésitent.

L’évêque désigné pour cette ordination à la suite d’une élection organisée par les autorités, le P. Joseph Huang Binzhuang, âgé de 44 ans, n’a pas reçu de nomination du Saint-Siège. Il a été élu pour ce poste le 11 mai dernier, au cours d’une élection contrôlée de bout en bout par des représentants du pouvoir. Certains électeurs ont même été forcés de voter contre leur conscience, ont affirmé plusieurs sources ecclésiastiques.

Le diocèse de Shantou a déjà un évêque nommé pour ce siège en 2006 par le Vatican, Mgr Pierre Zhuang Jianjian. Il n’a pas reçu la reconnaissance du gouvernement et a été ordonné secrètement. Il a aujourd’hui 81 ans. Considéré par les autorités comme un simple prêtre, il est tenu sous surveillance. Blessé dans un accident de voiture en mai dernier, il est aujourd’hui immobilisé dans le district de Jiexi. Une source locale a rapporté que Mgr Zhuang a écrit au P. Huang et l’a invité à le rencontrer afin de le dissuader d’accepter sa désignation pour l’ordination illicite du 14 juillet. Mais le candidat du gouvernement a décliné cette invitation.

Diverses sources ecclésiastiques ont fait savoir que les quatre autres évêques de la province du Guangdong, tous les quatre reconnus par le Saint-Siège, ont été invités à participer à cette ordination illicite, et sont aujourd’hui soumis à une pression très forte de la part des autorités. Ils sont au courant de la sanction annoncée par le Vatican contre ceux qui ont participé à l’ordination illicite de Leshan (2). « Notre évêque, rapporte un témoin, a fait savoir aux responsables civils qu’il n’était pas disposé à participer à l’ordination si celle-ci n’était pas approuvée par le Vatican. Les évêques ayant pris part à l’ordination de Leshan ont été sévèrement sanctionnés » (3). Les responsables gouvernementaux lui auraient répondu de ne pas s’inquiéter. Il aurait le soutien du gouvernement et plusieurs autres évêques participeraient à la même ordination.

Mgr Paul Pei Junmin, évêque approuvé par Rome du diocèse de Liaoning (Shenyang) au nord de la Chine, a été chargé de présider l’ordination illicite. Il est vice président de la Conférence des évêques patronnée par le gouvernement. Selon des sources diocésaines, une réunion a rassemblé, le 7 juillet dernier, 80 prêtres du diocèse. Ils auraient déclaré à l’unanimité que leur évêque ne devait pas participer à cette ordination. Une déclaration écrite signée par eux, est prête à être envoyée au gouvernement. Elle exprime leur profonde opposition à cette ordination. Leur évêque, Mgr Pei, a déjà participé, l’an dernier, à une ordination illicite à Chengde. Cependant il aurait affirmé devant ses prêtres qu’il ne voulait pas participer à la prochaine ordination. À l’heure actuelle, le diocèse serait en train de négocier avec les responsables officiels et essaierait de faire en sorte que l’évêque ne soit pas un instrument entre les mains des autorités.

Par ailleurs, un certain nombre de prêtres et de laïcs qui soutiennent ouvertement le P. Huang font publiquement son éloge. Ils affirment que la contribution significative apportée par lui au diocèse justifie pleinement son ordination épiscopale.