Eglises d'Asie

POUR APPROFONDIR – « A ces athées qui dirigent l’Eglise catholique en Chine »

Publié le 28/07/2011




Membre de la Commission du Saint-Siège pour l’Eglise catholique en Chine, le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, évêque émérite du diocèse de Hongkong, n’a jamais mâché ses mots dès lors qu’il s’est agi de défendre les libertés en Chine populaire et de dénoncer les atteintes à la liberté religieuse et à la liberté de conscience. Dans le texte ci-dessous, diffusé depuis Hongkong le 26 juillet, …

 … le cardinal commente les récentes ordinations épiscopales illégitimes qui ont eu lieu en Chine ainsi que les déclarations des autorités de Pékin chargées des affaires religieuses et de la partie « officielle » de l’Eglise catholique en Chine. La traduction est de la rédaction d’Eglises d’Asie.

 

                                « A ces athées qui dirigent l’Eglise catholique en Chine »

 

Ces derniers jours, les catholiques en Chine et à l’étranger, ont appris avec tristesse et indignation les mots prononcées par Anthony Liu Bainian et les PP. Joseph Guo Jincai, Johan Fang Xingyao et Joseph Yang Yu, paroles que l’on a du mal à ne pas qualifier de schismatiques. Mais la déclaration des responsables de l’Administration d’Etat pour les Affaires religieuses du 25 juillet a atteint un degré extrême dans l’absurde.

Nous pouvons comprendre que le gouvernement, pour défendre ses marionnettes, affirme qu’elles sont « politiquement correctes » ou encore louent leur courage à résister aux pressions venues de l’étranger, mais aujourd’hui les autorités en viennent à faire l’éloge de leur « ardente foi catholique » et à prétendre que les ordinations sans mandat pontifical sont nécessaires pour « le fonctionnement normal de l’Eglise et pour les besoins de la pastorale et de l’évangélisation ». Cela est parfaitement absurde et ridicule quand on sait, comme l’ont récemment souligné plusieurs spécialistes, que ce sont les autorités de l’Etat qui dirigent en réalité l’Eglise catholique.

Sont-ils devenus aveugles ? N’ont-ils jamais eu la possibilité de voir comment l’Eglise catholique fonctionnait dans le reste du monde ? Est-ce que la situation de la Chine est si particulière qu’elle force le gouvernement à diriger une Eglise qui ne pourrait tout simplement plus être reconnue comme catholique ? Ils n’auront réussi qu’à se couvrir de ridicule aux yeux du monde entier !

Nos dirigeants peuvent-ils prendre un peu de temps sur leurs intrigues en vue du pouvoir suprême, pour prêter attention à cette « toute petite communauté » de catholiques ? Pourquoi nos frères et sœurs ne peuvent-ils être autorisés à vivre normalement et paisiblement leur vie de croyants ? N’est-ce pas un droit qui leur a été reconnu par la Constitution ?

Déformant honteusement la réalité, ils n’hésitent pas à qualifier les premières excommunications prononcées par le Saint-Siège dans les années 1950 de « causes  premières», et les récentes ordinations illégitimes d’évêques, de « conséquences ».

Lors des trois dernières ordinations illégitimes et de la Huitième Assemblée nationale des représentants catholiques, tout le monde a pu constater que l’Administration d’Etat pour les Affaires religieuses et l’Association patriotique des catholiques chinois avaient pris la décision de conduire l’Eglise « officielle » à poursuivre sans faiblir son chemin vers l’indépendance, en élisant et ordonnant unilatéralement leurs évêques.

Attendez seulement qu’ils trouvent une personnalité ayant assez de poids, comme Martin Luther ou le roi Henri VIII, pour donner un statut à leur nouvelle Eglise ; cela ne leur donnera pas pour autant une quelconque légitimité pour usurper l’appellation d’« Eglise catholique ».

Les autorités chinoises ont restreint avec violence les libertés individuelles, y compris la liberté de conscience, avec violence. Elles ignorent complètement l’autorité et la magnanimité de notre Saint-Père, mais elles osent prétendre être animées d’une volonté sincère de dialogue. Voilà bien le pire des mensonges ! Seules la lâcheté des nations et la défense de leurs intérêts égoïstes les empêchent d’exprimer leur juste réprobation.

Le proverbe dit que « les yeux du peuple sont clairvoyants ». A Leshan, certaines personnes peuvent admirer l’efficacité administrative du P. Paul Lei Shiyin, mais elles n’ignorent pas qu’il est inapte à être évêque ; à Shantou, on pourra de la même manière trouver des gens pour soutenir les ambitions du P. Joseph Huang Bingzhang, mais la majorité des fidèles catholiques en Chine rejettera ces « opportunistes » et restera aux côtés du pape.

Personne ne sait combien de temps durera cet hiver rigoureux, mais nos fidèles n’ont pas peur. Ils surmonteront leurs craintes par la foi et la prière, qui leur donneront la force d’imiter les saints martyrs et les innombrables héros de la foi, en donnant un témoignage courageux à notre Sauveur Ressuscité.

Chers fidèles, frères et sœurs, nous vous adressons notre salut – celui d’un frère aîné qui a presque honte d’être en liberté.