Eglises d'Asie

Arrestations de plusieurs groupes de chrétiens catholiques et protestants

Publié le 26/08/2011




Des vagues d’arrestations s’apparentant à des rafles ont touché l’Eglise catholique « clandestine » et les Eglises protestantes non officielles, dans les provinces septentrionales du Gansu et de Mongolie intérieure. Plusieurs prêtres et laïcs dont le nombre exact n’est pas encore connu, ont été arrêtés par la police dans le diocèse de Tianshui, …

 … a révélé l’agence AsiaNews. Appartenant à l’Eglise “clandestine” de ce diocèse de la province de Gansu, les catholiques appréhendés comptaient parmi eux l’évêque émérite de Tianshui, Mgr Casmir Wang Milu, l’administrateur apostolique du diocèse, le P. Jean-Baptiste Wang Ruohan, le P. Jean Wang Ruohan, ainsi que plusieurs autres prêtres clandestins et de nombreux laïcs.

Arrêtés le week-end dernier, les responsables catholiques ont été conduits dans des centres de détention différents. Selon des sources locales, les prêtres sont astreints à des « sessions de travail » et ne peuvent communiquer avec l’extérieur, les laïcs seuls ayant été autorisés à téléphoner à leurs familles.

Le diocèse de Tianshui compte environ 20 000 catholiques et 27 prêtres dont 15 appartiennent à l’Eglise clandestine. La situation du diocèse est critique car il ne dispose plus d’évêque titulaire reconnu par le Vatican, Mgr Wang Milu ayant quitté ses fonctions en 2003, ni d’évêque « officiel » non plus, le dernier, Mgr Augustine Zhao Jinglong étant décédé en 2004 sans avoir été remplacé.

Il est plus que probable que le siège épiscopal vacant de Tianshui soit l’un de ceux où le gouvernement chinois entend placer un autre de ses candidats sans mandat pontifical. Depuis les ordinations illicites menées récemment par le gouvernement et les excommunications venues de Rome qui s’en sont suivies pour les évêques concernés, les responsables de l’Eglise « officielle » en Chine ont en effet annoncé qu’ils préparaient d’ores et déjà d’autres ordinations, dont sept étaient programmées dans un avenir proche (1).

Le candidat de Pékin pour l’évêché de Tianshui, Zhao Jianzhang, est le petit-neveu du dernier évêque « officiel » décédé. Si sa nomination fait partie des priorités listées par le parti communiste du Gansu dans son rapport de 2010, il n’a en revanche jamais été accepté par la communauté des catholiques de Tianshui fidèles au pape qui viennent de lancer une chaîne de prière pour obtenir la libération de leurs prêtres et responsables laïcs.

Au cours des derniers mois, les arrestations « préventives » de membres de l’Eglise clandestine dans le but d’imposer un candidat « officiel » ou de forcer des évêques à assister à des ordinations illicites, se sont multipliées en Chine.

Ces arrestations au sein de l’Eglise catholique clandestine ont été précédées d’une autre rafle policière, en milieu protestant cette fois, mais concernant toujours des chrétiens appartenant à des Eglises « non enregistrées » au sein de l’officiel Mouvement patriotique des trois autonomies. Les faits, qui se sont produits fin juillet, viennent seulement d’être révélés par ChinaAid Association, une ONG de défense de la liberté religieuse dans le pays.

Le 26 juillet, plus d’une vingtaine de pasteurs et de laïcs appartenant à des Eglises protestantes non officielles ont été appréhendés par les forces de l’ordre lors d’une réunion à Wuhai, dans la province de Mongolie intérieure. Six d’entre eux ont été relâchés rapidement en raison de leur âge et de leur état de santé, mais les 15 autres ont été incarcérés pour « pratique d’un culte menaçant la sécurité de l’Etat ».

Lors de la descente de police, tout ce qui se trouvait dans le local a été saisi par les autorités, aussi bien les bibles que les simples tapis de sol sur lesquels étaient assis les participants.

Quinze jours après les arrestations, les forces de l’ordre se sont ensuite livrées à des extorsions de fonds auprès des proches des prisonniers, prétendant que l’affaire était déjà entre les mains du procureur et qu’il fallait qu’ils envoient la somme de 50 000 yuans (environ 5 000 euros) afin d’obtenir la libération des détenus. Après avoir réuni et envoyé la somme avec de grandes difficultés, les familles ont appris que les dossiers étaient revenus entre les mains de la Sécurité publique. Les policiers leur ont alors demandé de leur verser à nouveau plusieurs milliers de yuans, faute de quoi les prévenus écoperaient de lourdes peines pénales et seraient envoyés en camp de travail.

A ce jour, les quinze chrétiens sont toujours détenus dans le centre pénitencier de Wuhai.