Eglises d'Asie – Chine
Sichuan : un prêtre et une religieuse passés à tabac pour avoir demandé la restitution de biens d’Eglise confisqués par l’Etat
Publié le 07/09/2011
La religieuse et le prêtre appartiennent au diocèse de Kangding, un diocèse dont le siège est aujourd’hui vacant et qui est administré par le diocèse voisin de Leshan (1). La région de Kangding, située dans la partie occidentale du Sichuan, couvre un vaste territoire principalement montagneux. D’un point de vue administratif, elle correspond aujourd’hui à la Région tibétaine autonome de Garze et, d’un point de vue ecclésiastique, avait été confiée autrefois, en 1846, à la Société des Missions étrangères de Paris comme faisant partie de la préfecture apostolique du Tibet. Lors de l’érection de la hiérarchie catholique en Chine en 1946, le siège du diocèse a été fixé à Kangding.
Moxi est connue des Chinois pour avoir été la scène d’un épisode fameux de la Longue marche : en 1935, Mao Zedong, Zhu De et Zhou Enlai ont dormi une nuit dans l’église catholique de la ville avant de s’en aller vers Luding où, selon l’historiographie officielle, une poignée de valeureux soldats rouges prirent le pont enjambant la rivière Dadu, permettant ainsi aux troupes communistes d’échapper aux soldats nationalistes. Après la prise du pouvoir par les communistes en 1949 et l’expulsion des missionnaires étrangers, la communauté catholique locale a traversé tant bien que mal la tourmente révolutionnaire, et aujourd’hui, on estime le nombre des catholiques dans le diocèse de Kangding à environ deux mille, dont une bonne part de Tibétains et de minorités ethniques comme les Yi, servis par trois prêtres et deux religieuses.
Dans l’affaire qui a valu à Sr Xie et au P. Huang de se faire agresser, la paroisse de Moxi réclame le retour à l’Eglise du terrain qui autrefois abritait un petit séminaire ainsi que des bâtiments servant d’école pour garçons. Dans le premier cas, le séminaire a été rasé mais une société privée occupe le terrain et y a construit des locaux. Dans le second cas, ce sont des fonctionnaires qui occupent les bâtiments de l’école et les utilisent comme résidence.
Selon un accord passé il y a quelques temps entre la paroisse de Moxi et les autorités locales, le principe de la rétrocession de ces biens fonciers à l’Eglise était acquis mais, selon les responsables de la paroisse, cet accord n’a toujours pas été appliqué. Sur la façade de l’église de Moxi, les catholiques ont déroulé deux grandes bannières où l’on peut lire en gros caractères que la paroisse « prie le gouvernement de rendre le terrain du séminaire de Xin Xing occupé par l’entreprise Tian Yu (…) et la propriété d’Eglise occupée par les autorités de Moxi ». Après l’attaque perpétrée contre la religieuse et le prêtre, les catholiques locaux se sont réunis devant leur église pour manifester leur colère face aux méthodes employées par ceux qui ont commandité ces hommes de main et pour affirmer leur volonté de défendre les droits de l’Eglise (2).
En Chine, ces dernières années, les conflits entre l’Eglise et les autorités locales au sujet de biens fonciers autrefois confisqués et aujourd’hui partiellement rétrocédés sont légion. Il arrive que des accords soient trouvés au mieux des intérêts des parties en présence ; il arrive aussi que des situations s’enveniment au point où des promoteurs, en cheville avec des intérêts publics locaux, envoient des hommes de main intimider les catholiques pour que les responsables de ces derniers reculent et cèdent les terrains d’Eglise en échange de contreparties notoirement insuffisantes.