Eglises d'Asie

L’Eglise locale se réjouit de l’ordination de son premier missionnaire aborigène

Publié le 13/09/2011




Le 9 septembre dernier, dans le diocèse de Dinajpur s’est tenue une célébration particulièrement importante pour l’Eglise catholique locale, avec l’ordination du P. Lucas Marandy, d’origine santal, en tant que premier prêtre aborigène missionnaire… 

…Mgr Moses M. Costa, évêque de Chittagong (1), a ordonné vendredi dernier 9 septembre le P. Lucas Marandy, 36 ans, au titre de la Société de St François Xavier pour les Missions étrangères (2), à l’église du Sacré-Cœur de Jésus à Khalippur.

« Jésus a lavé les pieds de ses disciples par amour. Je veux essayer chaque jour de me souvenir de cet exemple d’amour et l’imiter », s’est engagé le nouveau missionnaire xavérien à l’issue de la célébration.

Pour sa première mission, le P. Lucas Marandy sera envoyé au Brésil. L’ordination du jeune Santal marque une étape importante pour cette région septentrionale du Bangladesh, tout comme pour la communauté aborigène à laquelle il appartient. « C’est un événement historique pour les Santals, se réjouit le P. Joseph Marandy (3), vicaire général et administrateur du diocèse de Dinajpur. Il a rendu possible ce que nous n’avons pas pu accomplir. »

Les Santals (4) forment aujourd’hui une part importante de la communauté catholique du diocèse de Dinajpur, où ils sont également l’ethnie dominante. Selon le P. Anthony Sen, secrétaire de la Commission ‘Justice et Paix’, les catholiques représentent à peine plus de 0,2 % de la population du diocèse.

L’Eglise a toujours été particulièrement active auprès de la communauté santal, qui souffre au sein de la société bangladaise de fortes discriminations et d’une marginalisation grandissante. Mais si la première vague d’évangélisation du diocèse de Dinajpur remonte au XVIIème siècle, la conversion des Santals y est récente. Les premiers missionnaires dans la région furent des baptistes américains au début du XIXème, suivis par les missionnaires catholiques des PIME en 1855. Ces derniers, toujours très présents dans l’encadrement ecclésiastique, furent les premiers évêques du diocèse, érigé en 1927 (situé dans le nord-est de l’Inde à l’époque). Il apparaît comme très probable que la forte implication de l’Eglise dans les domaines éducatif, médical et sanitaire, ou encore juridique avec la défense des droits des aborigènes, ainsi que la multiplication des activités missionnaires et paroissiales sont à l’origine des nombreuses conversions de ces dernières années dans la communauté santal (5). Selon des sources ecclésiastiques locales, aujourd’hui plus de 50 000 des 225 000 Santals du Bangladesh sont chrétiens, parmi lesquels on compte 70 % de catholiques.

« Cela fait des centaines d’années que les missionnaires étrangers évangélisent et travaillent au sein des tribus (santals) (…). Il faut beaucoup de temps pour faire naître une Eglise locale et ‘ produire’ un missionnaire issu de la communauté aborigène », résume le P. Samson Marandy, membre du conseil diocésain.

Si l’ordination d’un missionnaire aborigène est une première pour l’Eglise catholique du Bangladesh, cette dernière peut se targuer d’avoir tout récemment envoyé des missionnaires bangladais porter l’Evangile à l’étranger. Une manifestation concrète du dynamisme et de la croissance de son clergé local, et ce malgré une représentation qui reste très minoritaire avec 2 % de chrétiens au sein d’une population à 80 % musulmane (6).