Eglises d'Asie

Mongolie intérieure : malgré des tensions persistantes, les catholiques et les autorités locales inaugurent ensemble un lieu de culte consacré à la Vierge

Publié le 19/09/2011




 Alors qu’il y a peu encore, la région de Mongolie intérieure faisait parler d’elle avec les ordinations houleuses de Hohhot et de Bameng (1) ainsi que des arrestations massives de chrétiens protestants appartenant à des « Eglises domestiques » (2), une place gigantesque dédiée à Notre-Dame de Mongolie vient d’être inaugurée en grande pompe par l’Eglise catholique sur une étendue de steppe de 7 500 m², dans le diocèse de Bao Tou.

 Plus de 3 000 fidèles ont assisté à l’événement, organisé avec le soutien des autorités locales lesquelles ont également contribué au financement de la statue de la Vierge à l’enfant, haute de plus de 8 m et vêtue du costume mongol traditionnel, qui domine la steppe devant l’église historique d’Ershisiqingdi construite au début du siècle dernier.

Pas moins de trois évêques, dont le nouveau titulaire de Hohhot, Mgr Paul Meng Qinglu, entourés d’une trentaine de prêtres, ont assisté à la célébration de consécration et de bénédiction de la place de Notre-Dame de Mongolie.

Si la participation des autorités locales peut, dans un premier temps, sembler étonnante dans le contexte tendu qui prévaut actuellement en Chine entre les Eglises et l’Etat, elle se comprend davantage au regard de la situation géographique du nouveau lieu de culte, lequel se trouve dans la même région que le célèbre mausolée de Gengis Khan. Elevé en pleine steppe sur le plateau d’Ordos, le cénotaphe est probablement le site le plus connu de Mongolie Intérieure mais les visiteurs étrangers y sont assez rares en raison de son isolement.

Situé dans le « triangle d’or » de la Mongolie intérieure, entre la ville-préfecture d’Ordos, Baotou et Hohhot – tout comme l’église d’Ershisiqingdi et maintenant la place de Notre-Dame de Mongolie –, le cénotaphe de Gengis Khan est l’objet de toutes les attentions des autorités locales qui souhaitent voir se développer aux alentours une vaste zone touristique.

Ces dernières années, la Chine a mené un programme de développement intensif de son réseau routier, en particulier dans les régions autonomes. Situées aux confins de son territoire, celles-ci sont le principal objectif du ministère des Transports, qui vise d’ici 2020 la construction de 32 000 km d’autoroutes « rurales » destinées à désenclaver les régions isolées et d’accès difficile, tout en développant leur potentiel économique. La Région autonome de Mongolie intérieure, qui a détrôné en 2009 la province de Shanxi en tant que premier producteur de charbon en Chine, est devenue un vaste chantier routier, en particulier sur les plateaux d’Ordos où se trouve le mausolée.

En 2009, la demande de restauration de l’ensemble paroissial de l’église d’Ershisiqingdi, considérée comme à l’origine de l’évangélisation de l’actuel diocèse de Bao Tou (dont elle fut la cathédrale autrefois), fut donc accueillie favorablement par les autorités. Ces dernières apportèrent une aide financière de trois millions de yuans (344 000 euros), offrant de créer une « zone touristique culturelle et religieuse » autour de l’église. L’ensemble de la paroisse s’est depuis beaucoup investie dans la « relance de l’évangélisation » que représente cette occasion, en rassemblant notamment divers objets liturgiques anciens pouvant permettre de retracer l’histoire de l’église d’Ershisiqingdi à travers une exposition.

Cette volonté de désenclaver spirituellement la région isolée de l’Ordos a été soulignée par les deux nouveaux évêques de Mongolie intérieure, Mgr Meng Qing Lu, évêque de Hohhot, et Mgr Du Jiang, évêque de Bameng, lors d’une récente visite dans la province du Hebei, à l’occasion du vingtième anniversaire de la plus importante publication catholique chinoise, Shinde (‘La foi’). « Maintenant, il nous revient de lancer dans la province, l’évangélisation par des moyens de communication de masse », ont affirmé les deux prélats (3).