Eglises d'Asie

L’Eglise forme ses responsables pour lutter contre la traite des femmes et des enfants

Publié le 01/11/2011




Dans le diocèse de Rajshahi (1), une cinquantaine de catéchistes religieux et laïcs ont suivi une formation de quatre jours sur le thème du trafic des femmes et des enfants, un phénomène dont l’augmentation dans le pays est aujourd’hui préoccupante…

… Sous l’égide de la Caritas Bangladesh qui se bat depuis des décennies contre ce fléau, ces responsables du diocèses du nord-ouest du pays se sont réunis du 27 au 30 octobre au centre pastoral Christo Jyoti à Rajshahi.

Au cours de ce séminaire ont été abordés les causes à l’origine de la traite des femmes et des enfants dans le pays ainsi que les moyens de lutte dont peuvent disposer ces catéchistes catholiques, qu’il s’agisse des campagnes de prévention dans les villages ou des mesures pénales mises en place par le gouvernement pour sanctionner les trafiquants. Comme l’année précédente, la Caritas a organisé ces journées de formation à l’approche de l’hiver, une période où le trafic subit toujours une hausse conséquente en raison de la diminution de la surveillance des frontières et de l’aggravation des conditions de vie des familles démunies.

« Notre région est pauvre et frontalière avec l’Inde : cela la rend très vulnérable aux trafiquants », explique le P. William Murmu, chancelier du diocèse de Rajshahi. Il ajoute que les catéchistes peuvent devenir des vecteurs privilégiés de la prévention par le fait qu’ils se rendent dans des villages éloignés où les personnels des ONG ou des institutions gouvernementales ne pénètrent presque jamais.

Les trafiquants ciblent en priorité les communautés marginalisées socialement et économiquement, essentiellement en zone rurale et peu alphabétisée. Les orphelins, les enfants vivant dans la rue ou issus de familles déshéritées, les veuves, les femmes pauvres ayant charge de famille, sont des proies faciles pour les rabatteurs qui leur font miroiter un emploi à l’étranger ou une promesse de mariage. Une fois arrivées à destination, les victimes se retrouvent prises au piège de l’esclavage domestique ou de la prostitution, sans compter une part importante d’enfants qui serviront de jockeys dans les très dangereuses courses de dromadaires au Moyen-Orient (2).

Au sein du Bangladesh, déjà en seconde place dans le classement des pays d’origine des populations subissant la traite en Asie du Sud, les régions de Rajshahi, Dinajpur et Khulna, proches de la frontière indienne, sont considérées comme formant le principal vivier des trafiquants. Selon différents rapports d’ONG, les femmes et les enfants issus de cette région de l’ouest du Bangladesh sont emmenés principalement en Inde, au Pakistan, au Moyen-Orient, mais également à Hongkong, à Taiwan ou encore en Malaisie.

Malgré les différentes mesures mises en place par le gouvernement, dont en 2008 le lancement d’une unité spéciale de police contre le trafic d’êtres humains, puis la création de six centres d’aide médico-psychologiques d’urgence pour les victimes, l’Etat du Bangladesh semble aujourd’hui impuissant à enrayer un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Bien que la loi bangladaise punisse de vingt ans de prison la traite humaine, les poursuites n’aboutissent généralement pas, les trafiquants bénéficiant de liens avec la mafia locale et souvent de la bienveillance de la police aux frontières.

En 2001, un rapport conjoint de l’UNICEF et du gouvernement bangladais estimait que plus de 4 500 personnes disparaissaient chaque année du Bangladesh, victimes de la traite humaine. Aujourd’hui, ces statistiques ont été revues à la hausse, certaines organisations humanitaires évoquant des chiffres oscillant entre 15 000 et 20 000 femmes et enfants bangladais pris dans les réseaux des trafiquants.