Eglises d'Asie – Chine
Yunnan : le clergé « officiel » s’approprie les funérailles de l’administrateur apostolique « clandestin » de Kunming
Publié le 15/02/2012
… qui, toute sa vie durant, avait pourtant refusé de faire cause commune avec les instances patriotiques contrôlées par le régime chinois.
Dans notre dépêche, nous indiquions que les obsèques avaient eu lieu le 12 février, soit sept jours après le décès du P. Zhang, mort le 5 février à l’âge de 92 ans des suites d’un cancer. Ces sept jours respectaient la coutume des Yi, peuple auquel appartenait le P. Zhang, qui veut qu’un mort soit veillé durant sept jours avant d’être inhumé. Selon les informations rapportées par l’agence Ucanews (1), les autorités chinoises ont en réalité exigé que la dépouille du P. Zhang soit incinérée dès le 9 février, soit quatre jours après son décès. Elles ont aussi laissé la partie « officielle » de l’Eglise du Yunnan, à la tête de laquelle se trouve un évêque illégitime (non reconnu par Rome), prendre en main la cérémonie des funérailles, en écartant ainsi les prêtres et les fidèles « clandestins ».
En l’absence de l’évêque de Kunming, Mgr Joseph Ma Yinglin, également président de la Conférence des évêques « officiels » de Chine, c’est le vicaire général « officiel » de Kunming, le P. Joachim Yue Tiande, 42 ans, membre lui aussi de l’ethnie Yi, qui a présidé la cérémonie. Les funérailles chrétiennes ont été célébrées à Haiyi, village natal du P. Zhang. Neuf prêtres « officiels » des diocèses de Kunming et de Dali ainsi que de la préfecture apostolique de Zhaotong étaient présents, ainsi que des diacres, des religieuses et plusieurs centaines de fidèles.
Selon le P. Yue Tiande, si la communauté des « officiels » a ainsi organisé les obsèques, c’est qu’elle tenait à rendre hommage au P. Zhang. « J’ai entendu dire que des prêtres « clandestins » auraient voulu se joindre à la cérémonie, mais finalement ils ne se sont pas montrés », a-t-il expliqué, ajoutant que les cendres du défunt avaient été enterrées dans la cour de l’église de Haiyi à l’issue de la célébration.
Du côté de la communauté « clandestine » du Yunnan, l’écho est tout autre. On y déplore l’incinération du corps du vieil administrateur, qui ne respectait ni les volontés du P. Zhang ni les coutumes du peuple Yi. De plus, la cérémonie était placée sous le sceau d’un évêque illégitime, ce qui constitue un paradoxe pour rendre hommage à un prêtre dont la vie est un témoignage de fidélité à l’Eglise universelle et à son chef, le Souverain pontife. Ce serait pour toutes ces raisons que les prêtres « clandestins » du Yunnan auraient choisi de ne pas prendre part aux funérailles du 13 février à Haiyi. Les sources citées par Ucanews indiquent qu’ils ont préféré célébrer en toute discrétion des messes à la mémoire de leur ancien administrateur apostolique.