Eglises d'Asie

Yunnan : Mgr Ma Yinglin, évêque « officiel » illégitime, a ordonné six prêtres

Publié le 27/03/2012




Lundi 26 mars, solennité de l’Annonciation, Mgr Ma Yinglin,évêque « officiel » illégitime de Kunming, a ordonné à la prêtrise six diacres (1). La cérémonie a pris place dans la cathédrale de Dali, Mgr Ma étant entouré de 16 prêtres concélébrants, dont trois prêtres étrangers (un Américain et deux Sud-Coréens).

Plus de 600 personnes ont assisté à la messe d’ordination, parmi lesquels environs 200 catholiques de la minorité ethnique Jingpo, venus de la région de Dehong, et 200 catholiques tibétains de la région de Deqing. La plupart des autres participants étaient des fidèles du Yunnan membres d’autres minorités nationales, notamment une trentaine de Miao de la région de Honghe et une trentaine de Yi de la région de Zhaotong. Une vingtaine de religieuses chinoises, un groupe de cinq laïcs occidentaux, quelques étudiants catholiques indiens et une vingtaine de policiers en uniforme étaient également présents sur le site. Des portiques de sécurité avaient été installés à l’entrée de l’église, mais, selon un témoignage local, si la sécurité était bien visible, elle n’a pas été tatillonne.

Etant donné la taille relativement réduite de la cathédrale de Dali, une bonne partie des participants ont assisté à la messe à l’extérieur de l’édifice en suivant la liturgie sur des écrans de télévision. La cérémonie, qui a duré près de trois heures, a été introduite par une danse Jingpo pour accueillir l’évêque, les prêtres concélébrants et les diacres. Une autre danse a marqué le temps de l’offrande et une chorale tibétaine a chanté plusieurs hymnes durant la communion.

Cinq des diacres ordonnés sont originaires du Yunnan et membres de minorités ethniques : deux Tibétains de la région de Deqin (diocèse de Dali), un Jingpo de la région de Dehong (également dans le diocèse de Dali), un Miao de la région de Honghe (diocèse de Kunming) et un Yi originaire de la préfecture apostolique de Zhaotong, dans l’extrême nord-est du Yunnan.

A Eglises d’Asie, une personne proche des ordonnés yunnanais a assuré que cinq des nouveaux prêtres ont accepté à contre cœur cette ordination par un évêque qui n’est pas en union avec Rome. Ils n’ont toutefois pas osé refuser l’ordination pour trois motifs principaux : la pression psychologique exercée sur eux et sur leur familles pour qu’ils acceptent cette ordination ; le fait qu’aucun prêtre du Yunnan ne les a encouragés à refuser cette ordination ; et enfin, pour ceux qui sont originaires du diocèse de Dali, un réel souci pastoral, le diocèse n’ayant jusqu’ici aucun prêtre autochtone pour assurer la pastorale des nombreuses et vivantes communautés catholiques tibétaine et jingpo. Le sixième ordonné est un séminariste originaire du Shanxi, qui a été récemment incardiné dans le diocèse de Kunming.

Contrairement à ce qu’écrivait Eglises d’Asie le 14 mars dernier, ce ne sont donc non pas trois mais six séminaristes qui ont été ordonnés à la prêtrise ce lundi 26 mars. Reste toutefois entière la question du degré de liberté qui a été laissé par les autorités chinoises à ces séminaristes qui se sont vus conférer les ordres sacrés par un évêque qui n’est pas en communion avec Rome. Ainsi que l’exprime un observateur très au fait de la situation locale, « s’il faut éviter de juger trop vite les séminaristes yunnanais d’avoir accepté une ordination illégitime dans un contexte fort complexe et tendu, on peut en revanche s’inquiéter de la décision de l’évêque illégitime de Kunming de procéder à cette ordination ». Mgr Ma savait en effet fort bien que cet acte allait à l’encontre des instructions romaines.

On peut également s’interroger sur la gravité du geste posé par les trois prêtres missionnaires étrangers qui ont cru bien faire en concélébrant une ordination aux côtés d’un évêque non reconnu par le Saint-Siège. En effet, la plupart des fidèles qui ont assisté à cette liturgie étaient des chrétiens fervents, mais peu au fait que cette ordination constituait une flagrante violation de l’unité ecclésiale. Or, la présence de prêtres étrangers concélébrant à cette cérémonie, ne les aide évidemment pas à voir clair, analyse encore cet observateur.