Eglises d'Asie – Chine
POUR APPROFONDIR – Interview du cardinal John Tong Hon, évêque de Hongkong
Publié le 29/03/2012
… le cardinal Wu –, ils ne partagent pas le même style, notamment dans l’expression médiatique, le cardinal Tong se montrant plus réservé que son prédécesseur. A l’occasion de son élévation au cardinalat, Mgr John Tong a toutefois donné plusieurs interviews à la presse. La Rédaction d’Eglises d’Asie a traduit en français celle qui est parue dans les colonnes de 30Giorni (30Jours) (n° 01/02-2012). Celui qui est devenu le septième cardinal chinois de l’histoire de l’Eglise catholique était interviewé par Gianni Valente.
Gianni Valente : Vous êtes évêque et cardinal. Mais si l’on regarde votre biographie, il apparaît que vos parents ne venaient pas de familles catholiques. Aucun de vos grands-parents n’a été baptisé.
Cardinal John Tong Hon : C’est ainsi. Ma mère fut la première qui eut l’opportunité d’entrer en contact avec la foi catholique. Etant enfant, elle allait dans une école tenue par des sœurs canossiennes, où les Italiennes étaient nombreuses. Elle rencontra même le nonce en Chine alors qu’il visitait son école : les sœurs l’avaient choisie pour apporter un bouquet de fleurs au représentant du pape et elle en était très fière. Elle avait commencé à étudier le catéchisme mais sans recevoir immédiatement le baptême car il n’y avait jamais eu de catholique dans sa famille. Elle ne demanda le baptême qu’après la seconde guerre mondiale alors que j’étais âgé de 6 ans.
Ces années qui furent celles de votre enfance durent être terribles.
Quand les Japonais ont envahi Hongkong, nous avons fui à Macao. Là, je fus confié à ma grand-mère paternelle qui habitait un village du Guangdong. Ce ne fut qu’à la fin de la guerre que je pus retrouver mes parents à Canton. C’étaient des années de guerre civile. Les communistes et les nationalistes s’affrontaient principalement dans le nord du pays, tandis que les réfugiés et les blessés affluaient dans les provinces du sud. Les missionnaires américains présents à Canton accueillaient avec bonté tous ceux qui étaient dans le besoin sans se soucier de leur camp. Ma mère et moi les aidions à distribuer de l’aide aux survivants et aux réfugiés. Le témoignage du P. Bernard Meyer et de ses frères Maryknoll m’a fait penser qu’un jour, moi aussi, je pourrais devenir prêtre.
Il s’avère que vous avez étudié à Rome précisément durant les années du concile Vatican II.
Le concile m’a beaucoup aidé à élargir et approfondir ma compréhension des choses et de l’Eglise. J’ai été ordonné prêtre quelques semaines seulement après la fin du concile. Notre promotion de diacres à l’Université pontificale Urbanienne fut choisie pour recevoir l’ordination presbytérale des mains du pape Paul VI en la fête de l’Epiphanie 1966.
Près d’un demi-siècle plus tard, au dernier consistoire, il vous est revenu la charge de d’expliquer la situation de l’Eglise catholique en Chine au Sacré Collège. Qu’avez-vous dit à vos frères cardinaux ?
Pour décrire la situation en Chine, j’ai utilisé trois mots. Le premier est « merveilleux ». Il est merveilleux de constater que, ces dernières décennies, l’Eglise de Chine n’a cessé de grandir alors même qu’elle est l’objet de nombreuses pressions et restrictions. C’est un fait objectif étayé par les chiffres. Les catholiques en Chine étaient au nombre de trois millions en 1949 ; ils sont douze millions aujourd’hui. En 1980, après la réouverture du pays par Deng Xiaoping, il y avait 1 300 prêtres. Ils sont maintenant environ 3 500. Il y a aussi près de 5 000 religieuses dont les deux tiers appartiennent aux communautés « officielles », enregistrées auprès du gouvernement. Il y a enfin 1 400 séminaristes, un millier d’entre eux étudiant dans les séminaires financés par le gouvernement. Les séminaires « officiels » sont au nombre de dix, tandis qu’il y a six séminaires « clandestins ». Depuis 1980, 3 000 nouveaux prêtres ont été ordonnés et 4 500 jeunes religieuses ont prononcé leurs vœux. Neuf prêtres sur dix ont entre 25 et 50 ans.
Tout va donc bien ?
Le second mot pour décrire la situation de l’Eglise en Chine est « difficile ». Et le défi le plus difficile auquel est confrontée l’Eglise de Chine est le contrôle imposé sur la vie ecclésiastique par le gouvernement à travers l’Association patriotique des catholiques chinois. J’ai cité la lettre qu’un évêque très respecté de Chine continentale m’écrivait : « Dans tout pays socialiste, le gouvernement essaye de diviser les chrétiens en s’appuyant sur certains pour créer une organisation en-dehors de l’Eglise afin de contrôler cette dernière. » L’Association patriotique est un exemple de ce modus operandi. Or, dans la lettre que le pape a adressée aux catholiques chinois en juin 2007, il est écrit que ces organismes ne sont pas compatibles avec la doctrine catholique. Cela s’est encore vu lors des ordinations épiscopales illégitimes imposées à l’Eglise en 2010 et 2011.
Mais pourquoi la superpuissance qu’est devenue la Chine ressent-elle toujours le besoin de contrôler si étroitement la vie de l’Eglise ?
D’après Kwun Ping-hung, universitaire bien connu à Hongkong et ex-conseiller de celui qui fut le dernier gouverneur britannique de Hongkong, Chris Patten, cela tient à plusieurs raisons. Les régimes communistes craignent que la religion concurrence leur influence dans l’esprit, les idées et même l’action des personnes. Ils réalisent de plus en plus que les religions sont un élément fondamental dans la vie des personnes, qu’elles ne vont pas disparaître de l’horizon des sociétés humaines et qu’au contraire le nombre de leurs fidèles va en augmentant. Ils ont peur de cette évolution. Après un événement comme le 11 septembre, leur crainte s’est encore accrue car ils ont réalisé que les idées religieuses pouvaient aussi mener à la guerre. Enfin, les nouveaux dirigeants qui se préparent à assumer le gouvernement de la Chine en 2012 doivent montrer qu’ils sont de loyaux communistes.
Comme le pape l’écrit clairement dans sa Lettre aux catholiques de Chine, « l’Eglise de Chine n’a pas vocation à changer les structures ou l’administration de l’Etat ; sa mission est de proclamer le Christ aux hommes et aux femmes de ce temps ». Comment est-il donc possible que le gouvernement d’une nation aussi puissante que la Chine puisse être effrayé par l’influence politique du Vatican ?
Nous vivons en société et notre vie a nécessairement une dimension politique et en dépend étroitement. Mais bien entendu l’Eglise n’est pas une organisation politique. Ce n’est pas vraiment notre problème ou notre but que de changer le système politique. Par ailleurs, dans notre situation, ce serait impossible.
Revenons à votre discours devant le consistoire. Quel était votre troisième terme ?
Le troisième mot pour décrire les conditions de vie de l’Eglise en Chine est « impossible ». Pour comprendre les raisons de ce choix, j’ai lu un passage de la lettre de l’évêque que j’ai déjà mentionnée. Cet évêque disait qu’il était serein, paisible et confiant dans le présent, en particulier parce qu’il considérait les problèmes actuels en ayant à l’esprit les tourments vécus dans les années de persécution entre 1951 et 1979. Lui-même au sein des souffrances endurées a pu expérimenter que tout est entre les mains de Dieu, que Dieu s’occupe des événements de telle sorte que des difficultés naissent finalement des bienfaits pour l’Eglise. Ainsi nous pouvons constater que ce n’est pas le contrôle du gouvernement qui peut menacer la foi. Au contraire cela peut même avoir comme effet d’accroitre l’unité et la vitalité de l’Eglise. C’est pourquoi l’avenir peut même apparaître radieux. Et nous pouvons attendre paisiblement la grâce de Dieu. Sans doute la solution à nos difficultés peut ne pas advenir demain mais nous savons qu’elle est proche.
Certains disent, quand ils se penchent sur ces questions, qu’il faut choisir entre la voie du dialogue ou de la défense des principes, mais pensez-vous que ces deux voies sont incompatibles ?
Quant à moi, je préfère la voie de la modération. Il est préférable d’être patient et ouvert au dialogue avec tous, même avec les communistes. Je suis convaincu qu’en l’absence de dialogue, il n’est pas possible d’aboutir à une solution. Mais il convient en même temps que l’ouverture au dialogue avec tous de tenir ferme sur nos principes sans les sacrifier. Cela signifie qu’un nouvel évêque ne peut accepter la consécration épiscopale qu’après avoir reçu l’accord du Saint-Père. Nous ne pouvons abandonner ces principes. Cela fait partie de notre Credo, dans lequel nous confessons notre foi en une Eglise une, sainte, catholique et apostolique. Mais aussi en la défense de la vie, les droits inviolables de la personne humaine, l’indissolubilité du mariage, etc. Nous ne pouvons pas renoncer aux vérités de foi et de la morale telles qu’elles sont décrites dans le Catéchisme de l’Eglise catholique.
Quelquefois nous avons le sentiment que certains cercles catholiques de Hongkong s’arrogent la tâche de mesurer le degré de catholicité de l’Eglise de Chine. Est-ce vraiment la mission de l’Eglise de Hongkong ?
La foi ne vient pas de nous, elle vient toujours de Jésus. Et nous ne sommes ni les juges ni les censeurs de la foi de nos frères. Nous sommes simplement un diocèse frère en relation avec les diocèses de Chine continentale. Ainsi, s’ils le souhaitent, nous pouvons partager avec eux notre expérience et notre action pastorale. Et s’ils se trouvent dans des situations difficiles, même si nous-mêmes jouissons d’un plus grand degré de liberté, nous souhaitons seulement leur proposer notre soutien. Prier que tous gardent la foi, quelle que soit l’intensité des pressions qu’ils doivent subir.
Dans certains commentaires, une partie de l’Eglise de Chine est systématiquement décrite comme étant aux marges de la catholicité. Dans le même temps, la grande dévotion des fidèles chinois est reconnue. Comment concilier ces deux aspects ?
Il ne me paraît pas pertinent de parler de la Chine qui est immense comme d’un tout. Je ne suis pas convaincu par les affirmations selon lesquelles « la foi est forte en Chine » ni par celles qui affirment le contraire. Tout dépend des personnes. Il y a tant de témoins fidèles de la foi qui offrent leur vie et aussi leurs souffrances à Jésus, et puis il y a aussi ceux qui, emportés par les soucis du monde, sacrifient leurs principes. Ils sont peu nombreux. Par exemple, les prêtres qui ont accepté de recevoir l’ordination épiscopale sans l’accord du pape. Cela n’est pas bien situé, et nous ne devons pas hésité à le dire.
C’est justement sur les jeunes évêques que l’attention de beaucoup est concentrée. D’après certains, ils sont fragiles et il y a quelques opportunistes parmi eux. Que faut-il faire ? Les isoler ? Les condamner ? Justifier leurs actions quoi qu’ils fassent ?
Non, surtout pas d’isolement. Premièrement, il faut prier pour eux. Ainsi que pour ceux qui commettent des erreurs manifestes. Si certains peuvent les approcher et devenir leur ami, ils doivent les inciter à reconnaître ce qui n’est pas juste dans leurs décisions. De même ils doivent les encourager à écrire aux autorités ecclésiastiques pour expliquer comment tout cela est arrivé et si possible demander pardon. C’est de l’ordre de la correction fraternelle, de la guérison et non de la punition.
Est-ce que les divisions entre ces deux groupes de catholiques, les « officiels » et les « clandestins », ont pour seul élément déclencheur les pressions et soumissions imposées par le gouvernement ?
Malheureusement non. Il y a aussi de nombreux autres raisons et facteurs.
Même en Chine, nous voyons se développer le phénomène des sites Internet qui attaquent les catholiques sur des questions de morale ou de doctrine, (en commençant par les évêques) les accusant d’avoir trahi la foi de l’Eglise par lâcheté ou par opportunisme en acceptant les demandes du régime. Qu’en pensez-vous ?
Je pense que la correction fraternelle à laquelle je faisais référence ci-dessus doit s’exercer par le dialogue et non à travers des attaques relayées par Internet.
Les difficultés rencontrées par l’Eglise en Chine touchent le lien de communion avec l’évêque de Rome. Pensez-vous qu’à terme, il y ait un danger que ce lien soit ressenti avec moins d’intensité par les fidèles et le clergé ?
En Chine, chacun peut le constater, la dévotion au pape est grande. Les fidèles aiment le Saint-Père, c’est certain. Ils sont soumis à rude épreuve à ce point de vue. Ils sont empêchés d’avoir des relations normales avec le successeur de Pierre. C’est aussi pour cette raison que leur amour est encore plus fort. Je dirai que c’est presque normal.
Je voudrais vous poser une question au sujet d’un événement déjà ancien. Est-il vrai, Eminence, que vous étiez présent à l’ordination épiscopale de Mgr Aloysius Jin Luxian, qui eut lieu il y a 27 ans ?
Oui, j’étais présent à la messe. C’était en 1985. J’étais alors prêtre du diocèse de Hongkong et depuis 1980 je dirigeai le Centre d’études du Saint-Esprit [NdT : un centre de réflexion influent dans la vie de l’Eglise de Chine, rattaché au diocèse de Hongkong]. Jin Luxian m’avait demandé d’être présent. Il souhaitait que je lui apporte mon soutien. Il m’a dit qu’il avait été en prison, qu’il souhaitait conserver sa foi et son attachement au Saint-Siège et qu’il enverrait des lettres à Rome pour manifester sa soumission au Siège Apostolique et à la primauté de Pierre. Il m’a dit agir en conscience et qu’il lui semblait que la seule solution était d’accepter cette consécration épiscopale. Au regard des circonstances, il lui paraissait nécessaire de soutenir le diocèse de Shanghai et de sauver l’Eglise locale et le séminaire. Il y a sept ans, le Saint-Siège a accepté sa demande et l’a reconnu comme l’évêque légitime du diocèse de Shanghai. Mais ce sont des choses du passé, il est important de se tourner vers l’avenir…
En regardant justement vers l’avenir, qu’avez-vous appris de ces expériences passées ?
J’ai appris que le temps peut dire, prouver, apporter une meilleure appréciation des choses. Parfois vous ne voyez clairement qu’après un certain temps si telle chose est bonne ou mauvaise, si un choix a été dicté par de bonnes ou de mauvaises raisons. Dans l’agitation de l’instant, vous ne pouvez juger la réalité des choses. Dans la longue durée en revanche émerge la véritable intention des personnes. Les situations sont parfois compliquées en Chine. On est mis sous pression et on manque souvent d’interlocuteur pour discuter des décisions en profondeur. Mais si vous faites vos choix en ayant au cœur l’amour de Jésus et de l’Eglise, la bonne intention se verra vérifiée par le temps.
Et qu’est-ce que cela signifie au regard des controverses qui touchent actuellement l’Eglise de Chine ?
Il ne faut pas se focaliser sur un seul point, étudier chacune des décisions et espérer que chaque action, chaque décision prise par chacun des membres de l’Eglise de Chine sera toujours parfaite en toute situation et à tout moment. Nous sommes humains, nous sommes des êtres humains ! Nous faisons tous des erreurs et tombons tous de nombreuses fois sur le chemin. C’est alors que nous pouvons demander pardon. Mais si chacune de nos erreurs est scrutée et condamnée sans appel, qui pourra être sauvé ? C’est dans la durée que l’on voit si un prêtre avait une bonne intention dans son cœur. Vous voyez s’il a agi par amour de Dieu, de l’Eglise et du peuple, même s’il a fait des erreurs. Voilà qui est important : découvrir que les personnes persévèrent dans la fidélité parce qu’elles sont touchées par l’amour de Jésus, même dans des situations difficiles. A la fin, dans la durée, tout le monde le verra. Et certainement Dieu le voit, Lui qui voit dans les cœurs.
Brève biographie du cardinal Tong :
John Tong Hong est né le 31 août 1939 à Hongkong de parents non catholiques. Il est l’ainé de trois enfants (son frère vit actuellement au Canada et sa sœur veille sur leur mère âgée à Hongkong). A l’âge de deux ans, l’invasion japonaise força la famille à se réfugier à Macao. Ses parents le confièrent ensuite à sa grand-mère paternelle qui vivait dans un village du Guangdong afin de le protéger des dangers de la guerre. A la fin de la guerre, la famille fut réunifiée à Canton et John Tong commença l’école élémentaire. Pendant ce temps, sa mère reçut le baptême, bientôt suivie par toute la famille. Quand son père fut atteint de tuberculose, c’est elle qui subvint aux besoins de la famille grâce à son travail d’enseignante.
A l’âge de 12 ans, John Tong entra au petit séminaire Saint-Joseph de Macao. Après ses études secondaires, en 1957, il entra au séminaire du Saint-Esprit à Hongkong pour étudier la philosophie et la théologie. En 1964, il fut envoyé à Rome où le concile Vatican II avait commencé. Il obtint là sa licence et son doctorat en théologie dogmatique à l’Université pontificale Urbanienne. Comme ses camarades de promotion, il reçut l’ordination sacerdotale des mains de Paul VI le 6 janvier 1966. Quand il revint à Hongkong, il prit résidence au séminaire, où il continua de vivre après sa nomination à l’épiscopat.
En 1980, le P. Tong reçut la responsabilité du nouvellement créé Centre d’études du Saint-Esprit, centre rapidement réputé pour ses informations et analyses sur la vie de l’Eglise de Chine et qui publie le trimestriel Tripod. En 1992, il devint vicaire général du cardinal-archevêque de Hongkong, John Baptist Wu Cheng-chung. En 1996, Jean Paul II le nomma évêque auxiliaire de Hongkong, un an avant le retour de la colonie britannique dans le giron de la Chine, en même temps que le P. Joseph Zen Ze-kiun devenait évêque coadjuteur de Hongkong. Grâce à son esprit de conciliation, Mgr Tong participa à cette délicate situation ainsi qu’aux négociations conduites en vue de la rétrocession. En janvier 2008, il devint évêque coadjuteur puis, le 15 avril 2009, évêque du diocèse où il était né. En août 2008, il était présent à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques dans le stade de Pékin comme invité officiel.
Avec son élévation au cardinalat, le Sacré Collège des cardinaux accueille trois Chinois pour la première fois : il y a avec lui le salésien Joseph Zen Ze-kiun, son prédécesseur, et le jésuite Paul Shan Kuo-hsi, de Taiwan. Le cardinal Tong est toutefois le seul qui ait moins de 80 ans et soit donc un cardinal électeur en cas de conclave.