Eglises d'Asie – Chine
Retour des tensions à la veille d’une nouvelle ordination épiscopale en présence d’un évêque excommunié
Publié le 18/04/2012
Mgr Lei, à la tête pour le Sichuan, de l’Association patriotique des catholiques chinois, n’en est pas à son premier geste de défi à Rome. Outre sa propre ordination reçue sans autorisation du Saint-Siège, il a déjà participé, alors qu’il était frappé d’excommunication, à la consécration épiscopale du P. Luo Xuegang à Yibin en novembre dernier.
Interrogé par l’agence Ucanews sur l’éventualité de sa présence à la cérémonie d’ordination du 19 avril, Mgr Lei aurait répondu : « Et pourquoi n’irais-je pas ? C’est la même question que [pour Yibin] et ma réponse est toujours la même ».
Quant au futur évêque du diocèse de Nanchong (1), le P. Joseph Chen Gong’ao, qui bénéficie de l’approbation papale depuis 2002, il a été choisi comme candidat à la fonction épiscopale par les instances « officielles » de l’Eglise en Chine en 2010. Agé de 47 ans, le P. Chen jouit d’une réputation de prêtre à l’apostolat actif, apprécié de sa communauté. Le siège épiscopal de Nanchong étant vacant, le P. Chen en est l’administrateur diocésain depuis plusieurs années, une fonction qu’il cumule avec le rectorat du séminaire catholique du Sichuan. Il est également membre de l’Association patriotique des catholiques chinois, dont il dirige la section de Nanchong.
De nombreux évêques dont le mandat a été approuvé par le pape devraient être présents à cette ordination qui se place d’ores et déjà comme une nouvelle démonstration de force du gouvernement chinois vis-à-vis du Saint-Siège. Selon l’agence Ucanews, une source proche du Vatican a fait part des graves conséquences qu’engendrerait la présence de Mgr Lei à cette cérémonie : « Cette année, il est très important qu’intervienne un véritable changement dans la politique du Parti communiste chinois [envers l’Eglise]. Mgr Lei ne doit absolument pas risquer de rendre cette situation pire encore en posant des actes ouvertement en opposition à la loi de l’Eglise et aux désirs profonds des catholiques. »
Par ailleurs, des informations émanant de sources locales et confirmées par l’agence Ucanews font état de la libération par les autorités le 8 avril dernier, dimanche de Pâques, de deux évêques appartenant à la partie « clandestine » de l’Eglise, Mgr Peter Shao Zhumin, évêque coadjuteur de Wenzhou dans le Zhejiang, et Mgr Peter Jing Lugang, évêque coadjuteur de Nanyang dans le Henan.
Mgr Shao Zhumin était détenu depuis quatre semaines dans le diocèse de Leshan à la tête duquel se trouve Mgr Lei, qui a été la seule personne autorisée à lui rendre visite. Le prétexte à son emprisonnement avait été, selon les autorités, « la grande inquiétude » suscitée par sa participation à une ordination épiscopale « clandestine » à Tianshui dans le Gansu en 2011, une démarche considérée comme un action de rébellion ouverte vis-à-vis de Pékin.
Mgr Peter Jing Lugang, quant à lui, a été emprisonné pour assister à des séances de « rééducation politique », du jeudi 5 avril au matin au dimanche 8 avril au soir, soit pendant toute la durée du Triduum pascal qu’il a été dans l’impossibilité de célébrer. L’évêque, dont les démêlés avec les autorités sont récurrents, est particulièrement surveillé depuis qu’en juin dernier, Mgr Zhu auparavant évêque « clandestin » du diocèse de Nanyang a choisi de rejoindre le clergé « officiel ».
Les deux évêques auraient subi durant leur détention d’importantes pressions afin qu’ils acceptent de s’inscrire à l’Association patriotique des catholiques chinois, instance dénuée de toute légitimité au sein de l’Eglise de Chine mais courroie de transmission de la politique de Pékin sur les communautés dites ‘officielles’.
Selon certaines sources ecclésiastiques, la multiplication des emprisonnement de prêtres et d’évêques n’appartenant pas à l’Association patriotique pour des « sessions de travail », ainsi que la vague de consécrations épiscopales illicites, s’expliqueraient par la préparation du congrès du Parti communiste chinois en octobre prochain, pour lequel Pékin souhaiterait s’assurer de la loyauté d’une grande majorité de membres de ses organisations religieuses officielles.