Eglises d'Asie – Chine
Hunan : un évêque illégitime a pris part à la cérémonie d’ordination de l’évêque « officiel » de Changsha
Publié le 26/04/2012
Ainsi qu’Eglises d’Asie l’annonçait récemment, c’est bien l’évêque « officiel » de Pékin qui a présidé la messe d’ordination. Mgr Joseph Li Shan, qui est en communion avec Rome, a récemment participé à deux ordinations épiscopales illicites – menées sans mandat pontifical –, et se trouve de ce fait sous le coup d’une sanction canonique dont on ne sait si elle a été levée ou non par le Saint-Siège. Sa présence en la cathédrale de l’Immaculée Conception ce mercredi 25 avril soulève donc des questions. De plus, Mgr Li Shan était assisté de Mgr Joseph Liu Xinhong, évêque « officiel » de Wuhu, dans l’Anhui, qui, lui, a été ordonné à l’épiscopat sans mandat pontifical et ne se trouve donc pas en position d’ordonner à son tour des évêques de l’Eglise catholique (1). Quatre autres évêques se trouvaient autour de l’autel pour conférer les ordres sacrés au P. Qu ; il s’agissait de Mgr John Lu Peisen, évêque de Yanzhou (province du Shandong), de Mgr John Baptist Li Suguang, évêque coadjuteur de Nanchang (Jiangxi), de Mgr Paul Liang Jiansen, évêque de Jiangmen (Guangdong), et de Mgr John Baptist Tan Yanquan, évêque de Nanning (Guangxi) – tous quatre sont des évêques « officiels » en communion avec Rome.
Selon les observateurs, le fait de mêler ainsi des évêques en communion avec Rome et des évêques qui ont accepté l’ordination épiscopale sans mandat pontifical relève d’une tactique voulue et pensée par les autorités chinoises. Celles-ci ont conscience que les fidèles n’acceptent plus de se voir imposer des évêques illégitimes mais, pour continuer à semer le trouble et la division au sein de l’Eglise de Chine, elles s’arrangent pour compromettre les nouveaux évêques qui sont ordonnés avec l’accord de Rome en faisant en sorte que les évêques qui leur confèrent l’ordination épiscopale soient pour une part en communion avec Rome et pour une part frappés d’illégitimité ou en attente d’une communion retrouvée avec le Saint-Père.
Face à cette politique des autorités chinoises, des voix extérieures à la Chine continentale en appellent aux évêques chinois. L’agence Ucanews cite ainsi « une source proche du Vatican » affirmant que « les évêques (chinois) ne devraient pas laisser le gouvernement s’ingérer dans les affaires intérieures de l’Eglise ». Le clergé chinois devrait se montrer plus attentif aux principes dictés par la doctrine de l’Eglise et « ne pas chercher des excuses qui aboutissent à une doctrine ecclésiale conforme aux desiderata du Parti communiste chinois », précise encore cette source, qui ajoute que les « provocations » auxquelles donnent lieu les messes d’ordination épiscopale ne contribuent pas à l’avancement du dialogue entre le Saint-Siège et Pékin.
Quant au nouvel évêque de Changsha, ses déclarations laissent supposer qu’il n’est sans doute pas libre de sa parole. Interrogé sur la présence autour de l’autel de Mgr Liu Xinhong, Mgr Qu a répondu qu’il ne connaissant pas Mgr Liu et ne savait pas non plus quel était son statut vis-à-vis de Rome. A propos de Mgr Li Shan, il a déclaré : « Je sais que c’est un évêque légitime, mais je ne suis pas certain des ordinations épiscopales auxquelles il a pris part récemment. »
Agé de 51 ans, Mgr Qu Ailin présente la particularité d’être une vocation tardive. Architecte ou dessinateur industriel de profession (les informations à ce sujet sont imprécises), il a été baptisé à l’âge de 30 ans et est entré au grand séminaire national de Pékin trois ans plus tard. Il n’y a toutefois étudié qu’une seule année, son évêque, feu Mgr Qu Tianxi, l’ayant rappelé dès 1995 pour aussitôt l’ordonner prêtre. En 1999, il était nommé vicaire général du Hunan. En décembre dernier, lorsqu’il s’est agi de choisir le futur évêque du Hunan, le P. Qu a recueilli 54 des 55 suffrages du presbyterium élargi mis en place à cette fin par les autorités.
A l’issue de son ordination épiscopale, Mgr Qu a exprimé le souhait de rendre visite à tous ses prêtres « afin de comprendre leur situation et d’écouter ce qu’ils ont à dire » avant de se mettre lui-même au travail. Il a ajouté qu’étant donné que le siège de Changsha avait été vacant durant douze ans et que son territoire s’étendait sur toute la superficie de la province du Hunan (2), le nombre des prêtres, qui est de 25, était trop faible et que les prêtres manquaient de contact entre eux.