Eglises d'Asie

POUR APPROFONDIR – « L’Eglise a besoin de bons évêques »

Publié le 27/04/2012




Du 23 au 25 avril 2012, au Vatican, la Commission pour l’Eglise catholique en Chine, qui réunit les responsables des dicastères de la Curie romaine chargés de suivre le ‘dossier chinois’, des évêques chinois (Hongkong, Macao, Taiwan) et des membres de congrégations religieuses ou d’instituts missionnaires, a tenu sa cinquième session depuis sa création en 2007. Comme il est désormais l’usage, un communiqué a été publié …

… par le Saint-Siège à l’issue des travaux de cette commission. Rendu public le 26 avril dernier, ce communiqué appelle, au-delà de la nécessaire attention à la formation des laïcs, thème principal que s’était donné la Commission cette année, à un sursaut de fidélité ecclésiale de la part des évêques, notamment de ceux qui se sont compromis en acceptant l’ordination épiscopale sans mandat pontifical ou qui ont pris part à des ordinations épiscopales illégitimes. Les termes utilisés par le communiqué sont clairs : les évêques ainsi compromis « ont usurpé un pouvoir que l’Eglise ne leur avait pas conféré » ; les actes qu’ils ont posés ont « violé la conscience des prêtres et des fidèles impliqués » dans ces cérémonies. L’appel lancé à l’épiscopat chinois est dénué d’ambiguïté : « L’Eglise a besoin de bons évêques », mandatés par le Christ à travers son Eglise pour exercer avec autorité une mission menée « en union avec le Pontife romain et tous les évêques à travers le monde ».
La traduction est de la rédaction d’Eglises d’Asie.

 

 

La Commission instituée par Benoît XVI en 2007 pour étudier les questions d’importance majeure quant à la vie de l’Eglise catholique en Chine s’est réunie pour la cinquième fois au Vatican. La rencontre a eu lieu du 23 au 25 avril 2012.

C’est en profonde union spirituelle avec tous nos frères et sœurs dans la foi vivant en Chine que la Commission a pris connaissance des nouvelles preuves de fidélité et de dévouement qu’au cours de l’année écoulée le Seigneur a données à son Eglise.

Les participants ont abordé la question de la formation des fidèles laïcs, en vue notamment de l’Année de la foi (11 octobre 2012 – 24 novembre 2013). Les versets de l’Evangile : « Et Jésus croissait en sagesse, en âge et en grâce devant Dieu et devant les hommes » (Luc 2,52) illustrent la tâche à laquelle sont appelés les fidèles laïcs catholiques en Chine.

Premièrement, ils doivent entrer plus profondément dans la vie de l’Eglise, nourris par sa doctrine, en étant conscients de leur appartenance à l’Eglise catholique et de la cohérence qu’appelle leur adhésion à une vie dans le Christ. Ceci nécessite une écoute de la Parole de Dieu dans la foi. Dans cette perspective, une connaissance approfondie du Catéchisme de l’Eglise catholique représente une aide particulièrement importante.

Ils sont ensuite appelés à participer pleinement et de manière responsable à la vie sociale et au monde du travail, à manifester l’amour et le respect de la vie de sa conception jusqu’à sa fin naturelle, mais aussi l’amour de la famille, défendant des valeurs qui appartiennent aussi en propre à la culture traditionnelle chinoise, ou encore l’amour de la patrie comme peuvent le faire des citoyens honnêtes animés par le souci du bien commun. Comme le dit un proverbe chinois : « Le chemin de la grande sagesse consiste à vivre les nobles vertus, à rester proche du peuple et à travailler au bien suprême. »

Les laïcs chinois enfin doivent grandir dans la grâce, devant Dieu et devant les hommes, nourrir et perfectionner leur vie spirituelle en étant des membres actifs des communautés paroissiales, en s’ouvrant à l’apostolat avec le soutien d’associations et de mouvements ecclésiaux capables de favoriser leur maturation.

A cet égard, la Commission a noté avec joie que l’annonce évangélique offerte par les communautés catholiques, parfois humbles et sans ressources matérielles, encourage chaque année de nombreux adultes à demander le baptême. Elle a par conséquent souligné la nécessité pour les diocèses en Chine de promouvoir un catéchuménat sérieux, d’adopter le rite de l’initiation chrétienne des adultes et de suivre leur formation après le baptême. Les pasteurs, prêtres comme évêques, doivent s’efforcer de renforcer la connaissance des fidèles laïcs en matière d’enseignements du Concile Vatican II, et en particulier sur ce qui regarde l’ecclésiologie et la doctrine sociale de l’Eglise. Cela contribuera en particulier à mieux préparer les agents pastoraux pour l’évangélisation, la catéchèse et la charité. La formation générale des laïcs catholiques, en particulier lorsque des changements socio-économiques rapides sont en cours, est chose importante. Il s’agit de faire des efforts pour rendre dynamisme et vitalité à l’Eglise locale. Dernier point d’attention, le phénomène des migrations internes et de l’urbanisation appelle une réponse adéquate de la part des catholiques.

Les éléments concrets que le Saint-Siège a proposés et propose à l’Eglise universelle pour une fructueuse Année de la foi seront certainement accueillis avec enthousiasme et esprit créatif en Chine. Ces indications devront stimuler la communauté catholique locale à trouver des initiatives appropriées pour atteindre ce que Benoît XVI a écrit au sujet des fidèles laïcs et des familles dans sa Lettre du 27 mai 2007 à l’Eglise catholique en République populaire de Chine (Cf. § 15-16).

Les laïcs sont donc appelés à participer avec un zèle apostolique renouvelé à l’évangélisation du peuple chinois. Par leur baptême et leur confirmation, ils ont reçu du Christ la mission d’édifier l’Eglise (Cf. Eph 4,1-16).

Lors des rencontres de la Commission, le regard s’est aussi porté vers les pasteurs, en particulier les évêques et les prêtres qui sont emprisonnés ou soumis à des restrictions injustes dans l’accomplissement de leur ministère. La Commission a exprimé son admiration pour la fermeté de leur foi et la fidélité de leur union avec le Saint-Père. Ils ont besoin de la prière de l’Eglise d’une manière toute particulière afin qu’ils puissent faire face avec sérénité et dans la fidélité au Christ aux difficultés qui sont les leurs.

L’Eglise a besoin de bons évêques, dons de Dieu à son peuple, pour qui ils exercent la charge d’enseigner, de sanctifier et de gouverner. Les évêques sont invités à donner des raisons de vivre et l’espoir à tous ceux qu’ils rencontrent. Du Christ, par l’Eglise, ils reçoivent leur mission et leur autorité, qu’ils exercent en union avec le Pontife romain et tous les évêques à travers le monde.

Quant à la situation spécifique de l’Eglise en Chine, on a constaté la prétention persistante des organismes appelés « Conférence et Association » (1), de se placer au-dessus des évêques et de guider la vie de la communauté ecclésiale. A cet égard, les instructions contenues dans la Lettre du pape Benoît XVI (Cf. § 7) demeurent valides et fournissent l’orientation nécessaire. Il est important d’observer ces instructions afin que le visage de l’Eglise puisse resplendir avec clarté au sein du noble peuple chinois.

Cette clarté a été troublée par les membres du clergé qui ont reçu l’ordination épiscopale de façon illégitime et par les évêques illégitimes qui ont posé des actes de juridiction ou qui ont administré les sacrements. En agissant ainsi, ils ont usurpé un pouvoir que l’Eglise ne leur avait pas conféré. Ces derniers jours, certains d’entre eux ont participé à des consécrations d’évêques non autorisées de l’Eglise. Outre le fait d’aggraver leur position canonique, ces actes ont troublé les fidèles et souvent violé la conscience des prêtres et des fidèles impliqués.

En outre, cette clarté a été aussi assombrie par les évêques légitimes qui ont participé à des ordinations épiscopales illégitimes. Certes, nombre d’entre eux ont clarifié leur position et ont présenté des excuses et le Saint-Père a bien voulu leur pardonner, mais d’autres, toutefois, qui eux aussi ont pris part à ces ordinations illégitimes, n’ont pas fait cet effort de clarification. Ils sont donc encouragés à prendre rapidement une initiative en ce sens.

Les membres de la Commission suivent avec attention et dans un esprit de charité ces tristes événements, conscients des difficultés particulières de la situation présente. Mais ils rappellent aussi que l’évangélisation ne saurait sacrifier les éléments essentiels de la foi et de la discipline catholiques. L’obéissance au Christ et au successeur de Pierre est un préalable à tout renouveau véritable, et cela s’applique à toutes les composantes du Peuple de Dieu. Les laïcs sont extrêmement sensibles à ce que la fidélité ecclésiale de leurs pasteurs soit dépourvue de toute ambiguïté.

En ce qui concerne les prêtres, les séminaristes et les personnes consacrées, la Commission a une fois de plus réfléchi à l’importance de leur formation, se félicitant des efforts sincères et louables accomplis, non seulement par des cours de formation intellectuelle, spirituelle et pastorale pour les séminaristes, mais aussi par la formation continue des prêtres. En outre, elle a exprimé sa satisfaction pour les initiatives mises en œuvre par divers instituts féminins pour coordonner la formation des personnes consacrées.

On a en outre constaté que le nombre des vocations au sacerdoce et à la vie religieuse enregistre une nette baisse ces dernières années. La situation nous pousse à prier le Maître de la moisson et à renforcer la conscience de chaque prêtre, de chaque religieuse et de chaque fidèle. Un témoignage évangélique lumineux est le premier signe d’encouragement donné à des jeunes pour les engager à suivre le Christ sans partage.

Enfin, la Commission rappelle que le 24 mai prochain, mémoire liturgique de Marie Auxiliatrice des chrétiens, est la Journée de prière pour l’Eglise en Chine, un jour particulièrement propice dans toute l’Eglise pour invoquer force et consolation, miséricorde et courage en faveur de la communauté catholique de Chine.