… du diocèse de Shanghai, 55 religieuses et 64 laïcs. Sur 190 votants présents ce 30 mai, deux ont voté contre le P. Ma et 28 se sont abstenus. Le vote, dont les résultats doivent encore être entérinés par les instances centrales de l’Eglise à Pékin, s’est déroulé alors que le Saint-Siège avait déjà donné son accord pour que le P. Ma devienne l’évêque coadjuteur de Shanghai.
La désignation du P. Ma comme évêque coadjuteur vient ainsi clore une période d’incertitude depuis que la démission de celui qui était jusqu’à lors le successeur désigné de Mgr Jin avait été rendue publique. En décembre 2011 en effet, Mgr Jin avait annoncé qu’il avait accepté la démission de Mgr Joseph Xing Wenzhi, qui était depuis 2005 son évêque auxiliaire. Et, par la même occasion, le vieil évêque avait nommé le P. Ma vicaire général du diocèse, le désignant ainsi aux yeux de tous comme son nouveau successeur.
A ce jour, les raisons de la démission de Mgr Xing restent mystérieuses et les interrogations nombreuses. En 2005, lorsqu’il avait été choisi pour être l’évêque auxiliaire de Shanghai en accord avec Rome et avec l’approbation de Pékin, sa nomination avait été perçue comme un signe encourageant pour l’unité de l’Eglise de Chine. En effet, le Saint-Siège avait accepté la candidature de Mgr Xing à la condition que Mgr Jin, évêque « officiel » de Shanghai, obtienne l’accord de l’évêque « clandestin » de Shanghai, Mgr Fan Zhongliang, lui aussi très âgé, pour qu’à l’avenir Mgr Xing soit le seul et unique évêque de Shanghai. Mgr Fan avait acquiescé et l’on pouvait penser qu’à la disparition inéluctable des deux vieux évêques, Mgr Xing deviendrait le visage unique de l’Eglise à Shanghai.
Pour des raisons qui n’ont pas été rendues publiques, ce scénario ne s’est pas déroulé comme prévu. Parmi les catholiques de Chine, certains soulignent que Mgr Xing aurait déplu aux autorités chinoises en ne se montrant pas assez souple à au moins deux occasions : premièrement, en refusant en 2006 de prendre part à une ordination épiscopale illicite dans la province de l’Anhui et, deuxièmement, en participant du bout des doigts, en décembre 2010, à la Huitième Assemblée nationale des représentants catholiques à Pékin, assemblée qui n’a aucune légitimité aux yeux de l’Eglise. En clair, Mgr Xing se serait montré trop peu malléable face à Pékin et aurait donc été écarté. D’autres catholiques évoquent une démission pour « motif personnel », laissant entendre que le jeune évêque a préféré se démettre plutôt que de soumettre à une forme de chantage exercé sur lui par les autorités en raison d’un « dossier » qu’elles auraient contre lui. D’autres enfin mentionnent une incompatibilité entre Mgr Xing, qui est originaire du Shandong, et le presbyterium shanghaïen, voire avec Mgr Jin lui-même. En l’absence de déclarations par l’intéressé lui-même, qui s’est réfugié dans le silence, ce qu’on peut appeler « le mystère Xing » demeure entier.
Quant au futur évêque coadjuteur de Shanghai, qui devrait être ordonné d’ici à la fin de ce mois de juin, on peut remarquer que Mgr Jin a pris soin de choisir une personnalité originaire de Shanghai. Formé au séminaire de Sheshan, le grand séminaire régional rattaché à Shanghai, ordonné prêtre en 1994, le P. Ma a exercé différents ministères pastoraux dans le diocèse. Doyen du secteur de Pudong, le vibrionnant quartier sorti de terre sur la rive opposée au Shanghai historique, le P. Ma a assumé un temps les fonctions de directeur des publications de Quangqi Press, l’un des deux principaux éditeurs catholiques du pays. Il présente aussi la particularité d’avoir commencé son ministère au sein de la communauté « clandestine » de Shanghai, avant de rejoindre les rangs des « officiels » il y a une dizaine d’années. Apprécié du presbyterium, il semble en mesure d’assurer l’unité du plus grand diocèse de Chine, une fois que ses deux figures historiques, Mgr Jin pour la partie « officielle » et Mgr Fan pour la partie « clandestine » ne seront plus de ce monde.
Reste la question de son ordination épiscopale. Ces derniers temps, on constate en effet que Pékin a fait en sorte de semer le trouble en imposant aux cérémonies d’ordination des évêques nommés en accord avec Rome la présence d’évêques illégitimes ou légitimes mais ayant pris part à des cérémonies d’ordination illicite. Si il semble acquis que c’est bien Mgr Jin qui présidera à l’ordination du futur Mgr Ma, aucune information n’est disponible quant aux noms des deux évêques co-consécrateurs ou quant aux autres évêques qui pourraient prendre place autour de l’autel en la cathédrale de Shanghai.