Eglises d'Asie

Le nouvel évêque auxiliaire de Shanghai sous le coup d’une enquête

Publié le 11/07/2012




Le 11 juillet, par le biais d’un communiqué posté sur les sites Internet de l’Association patriotique des catholiques chinois et de la Conférence des évêques « officiels » de Chine, les instances qui contrôlent la partie « officielle » de l’Eglise en Chine ont annoncé qu’une enquête avait été ouverte au sujet de l’ordination, intervenue le 7 juillet dernier, de l’évêque auxiliaire de Shanghai, Mgr Ma Daqin. 

Selon ces instances, la cérémonie d’ordination épiscopale qui a eu lieu samedi dernier en la cathédrale de Shanghai est « soupçonnée d’avoir gravement enfreint les règlements de la Conférence épiscopale de Chine à propos de l’élection et de l’ordination des évêques ». Des informations en provenance de Shanghai précisent que les évêques qui étaient présents dans la cathédrale le 7 juillet font l’objet de l’enquête ; cinq de ces six évêques ont été convoqués à Pékin pour y être interrogés (1).

A n’en pas douter, l’objet de l’enquête ouverte par les instances « officielles » de l’Eglise porte sur le fait qu’à l’issue de la cérémonie d’ordination, Mgr Ma Daqin a de manière tout à fait inédite déclaré publiquement que, désireux de se consacrer entièrement à sa nouvelle mission épiscopale, il se démettait de toutes les fonctions qu’il occupait jusqu’à lors au sein de l’Association patriotique. Par ce geste, largement applaudi par les 1 200 fidèles présents dans la cathédrale, le nouvel évêque auxiliaire de Shanghai signifiait sans ambiguïté sa volonté d’inscrire son épiscopat dans la communion avec l’Eglise universelle et son refus d’appartenir à une association contraire à la doctrine catholique, ainsi que Rome l’a rappelé à plusieurs reprises.

Le degré de liberté physique dont jouit aujourd’hui Mgr Ma Daqin est incertain. Le 7 juillet, peu après la cérémonie d’ordination, Mgr Ma avait été emmené par un groupe non identifié de personnes. Le lendemain, son absence à la messe d’action de grâces avait semé le trouble parmi les catholiques de Shanghai, lançant les rumeurs quant à une éventuelle arrestation ou un placement en résidence surveillée au grand séminaire de Sheshan, à proximité de Shanghai. Une information non signée placée ce 11 juillet sur le site Internet du diocèse de Shanghai n’a pas calmé ces rumeurs, au contraire. On peut y lire la phrase suivante : « Les dires à propos d’un placement en détention ou en résidence surveillée de Ma Daqin ou bien sur le fait qu’il a disparu ne sont que des rumeurs. » Que Mgr Ma Daqin soit ainsi désigné sans qu’il soit fait mention de son titre d’évêque a rajouté aux spéculations.

Selon des observateurs de l’Eglise en Chine, les autorités chinoises n’auraient pas anticipé la déclaration de Mgr Ma du 7 juillet et chercheraient aujourd’hui la réponse à y apporter. A Pékin, les dirigeants du Front uni, l’instance qui supervise les organisations autres que le Parti communiste, a convoqué les présidents de l’Association patriotique et de la Conférence épiscopale « officielle ». Le seul point de certitude, souligne à Hongkong un observateur, est que la prise de position de Mgr Ma Daqin est pour eux « inacceptable ».

A Hongkong, ce 11 juillet, la Commission ‘Justice et Paix’ du diocèse catholique de Hongkong a organisé une manifestation de soutien à Mgr Ma Daqin. Une vingtaine de catholiques se sont rassemblés devant le Bureau de liaison du gouvernement central chinois, l’antenne de Pékin à Hongkong. Le cardinal Zen Ze-kiun, évêque émérite de Hongkong, s’est joint à eux, portant une pancarte dénonçant les pressions des autorités chinoises sur l’évêque auxiliaire de Shanghai. Mgr Ma Daqin a été l’élève du cardinal Zen entre 1989 et 1996, du temps où ce dernier enseignait à Sheshan (date à laquelle le P. Zen fut nommé évêque coadjuteur de Hongkong). « Nous connaissons la situation en Chine, a déclaré le cardinal à l’agence Ucanews. Il va sans dire qu’à l’heure qu’il est, la pression exercée sur le diocèse de Shanghai doit être très forte. »

Pour Or Yan-yan, membre de la Commission ‘Justice et Paix’, les restrictions de mouvement imposées à Mgr Ma Daqin à Sheshan équivalent à une « mise en résidence surveillée ». Selon elle, on ne peut que douter de l’authenticité du SMS envoyé le 8 juillet au soir par Mgr Ma à certains prêtres de Shanghai (où il disait s’être retiré à Sheshan pour un temps de repos et de retraite personnelle). « Cela ne fait pas sens de le voir se précipiter pour une retraite alors qu’il était prévu de longue date qu’il devait présider une messe d’action de grâces, le dimanche, sa première messe en tant qu’évêque », a-t-elle précisé.