Eglises d'Asie

Synode pour la nouvelle évangélisation : le cardinal Tong rappelle qu’en chinois, le mot ‘crise’ est fait des idéogrammes signifiant ‘danger’ et ‘opportunité’

Publié le 10/10/2012




Mille baptêmes dans une paroisse en un an, c’est possible : le cardinal John Tong Hon, évêque de Hongkong, a cité le cas d’une paroisse dans une région rurale de Chine continentale comme exemple du dynamisme missionnaire dont pouvait faire preuve l’Eglise de Chine. Mgr Tong s’exprimait le 8 octobre dernier à Rome, …

… lors de la première congrégation générale du Synode pour la nouvelle évangélisation. Président délégué de cette première journée synodale, le cardinal a pris la parole devant la quasi-totalité des pères synodaux (256 sur 262), rapporte l’agence Zenit.

Dans le cadre des cinq minutes imparti à chacun des orateurs s’exprimant devant l’assemblée synodale, le cardinal a invité à « prendre comme modèle d’évangélisation la communauté qui formait l’Eglise primitive », citant ses trois caractéristiques exprimées en grec : enseignement (didache), communion (koinonia), service (diakonia).

« Didache signifie une doctrine, qui n’est pas seulement une théorie, mais plutôt une perception personnelle de l’incarnation, de la crucifixion, et de la résurrection de Jésus Christ. Koinonia veut dire la communion à différents niveaux : avec Dieu avant tout ; puis avec le reste des membres de l’Eglise ; et enfin avec le reste du monde, en particulier avec les pauvres », a précisé l’évêque, avant d’ajouter : « Diakonia signifie le service avec lequel Jésus nous enseigne à ne pas être servis mais à servir jusqu’à un don total de soi, menant ainsi jusqu’à la croix. »

Mgr Tong a ensuite témoigné de la manière dont ces trois caractéristiques se manifestaient à Hongkong, à Macao et en Chine continentale.

Il a ainsi rappelé les craintes suscitées par la rétrocession de Hongkong à la République populaire de Chine, effective le 1er juillet 1997 : « A Hongkong, avant le retour sous le drapeau chinois, de nombreuses familles ont traversé une véritable crise, craignant profondément de vivre sous le régime communiste. Le terme ‘crise’ dans la langue chinoise est composé des deux idéogrammes ‘danger’ et ‘opportunité’. » Et, de fait, cette « insécurité » a conduit des catholiques non pratiquants à revenir vers l’Eglise, dans leur recherche d’un « soutien spirituel ». « Beaucoup de fidèles ont participé à des cours de catéchisme et de théologie, ainsi qu’à des études bibliques afin d’approfondir leur propre foi et de devenir des évangélisateurs », a expliqué le cardinal, exposant ensuite un bilan chiffré de ce nouvel élan : le diocèse compte plus de mille catéchistes « très bien formés ». En 2012, « plus de trois mille adultes » ont été baptisés lors de veillée pascale.

Mgr Tong a cité aussi l’exemple de Macao, où on constate « une augmentation du nombre de baptêmes ces dernières années ».


A propos de la Chine continentale, qui n’est représentée au synode par aucun évêque ou délégué étant donné la nature particulière du statut de l’Eglise en Chine et la complexité de ces liens avec le Saint-Siège, le cardinal Tong a rapporté l’exemple d’un « curé de campagne » avec qui il a partagé son expérience en matière d’évangélisation. « Après avoir beaucoup prié, a raconté Mgr Tong, [ce curé de campagne] a pris la décision de diviser ses paroissiens en deux groupes ayant deux différentes missions. Il a confié aux nouveaux baptisés la mission de convier amis et membres de leurs familles n’étant pas catholiques à venir suivre une catéchèse ; quant à ceux qui étaient catholiques depuis longtemps, leur mission a été d’enseigner le catéchisme aux catéchumènes. »

« Tout au long de cet enseignement, a-t-il précisé, ce prêtre a prié de façon très fervente dans son église. La paroisse a finalement été le témoin de plus de mille baptêmes en un an. » Et le cardinal d’insister sur l’enseignement (didache) en faisant observer que « de nos jours, confrontés à une culture matérialiste partout à l’œuvre dans le monde, ainsi qu’au problème des nombreux catholiques qui désertent l’Eglise, nous devons être des témoins zélés de notre foi ». L’évêque de Hongkong recommande de prêter une « attention particulière aux jeunes », pour qu’ils soient « les évangélisateurs des autres jeunes ».

« Le plan salvifique de Dieu est incroyable. Je suis sûr que, grâce à la foi, à l’espérance et à l’amour, nous réussirons dans notre mission d’évangélisation », a conclu l’évêque chinois.