Eglises d'Asie – Cambodge
Clôture du congrès de Phnom Penh : « Des outils pour la nouvelle évangélisation »
Publié le 07/01/2013
Pour la jeune communauté catholique au Cambodge qui renaît 40 ans après avoir été réduite à néant par les Khmers rouges, ce rassemblement aura été marqué par plusieurs événements majeurs : la présentation officielle des textes du concile Vatican II et du Catéchisme de l’Eglise catholique traduits pour la première fois en khmer et, à l’issue du congrès, la diffusion d’un message vidéo du pape Benoît XVI à l’intention de l’Eglise du Cambodge.
La session qui s’est tenue du 5 au 7 janvier à Phnom Penh s’est déroulée très symboliquement sur un terrain récemment acquis par le vicariat et destiné à la construction de la future cathédrale. Celle-ci viendra remplacer le précédent édifice entièrement rasé par les Khmers Rouges en 1975, quatre décennies plus tôt.
Au cours de ce congrès historique, 500 exemplaires de la traduction en khmer des textes de Vatican II et du Catéchisme de l’Eglise catholique ont été distribués aux participants : de véritables « outils pour la nouvelle évangélisation » et un événement pour la petite communauté catholique qui pourra désormais « s’approprier son Eglise» et oeuvrer à la formation des nouveaux baptisés.
« L’un des principaux défis qui attendent la communauté catholique au Cambodge est d’arriver à trouver sa place dans la société et à s’approprier son Eglise », explique Mgr Schmitthaeusler, membre de la Société des Missions Etrangères de Paris (MEP). « C’est un cas de figure très particulier que cette communauté qui renaît aujourd’hui au Cambodge, poursuit-il. Dans le seul vicariat de Phnom Penh, il y a 150 missionnaires venant de 25 pays différents, mais seulement deux prêtres et deux séminaristes cambodgiens, ainsi que deux ou trois religieuses autochtones. »
Missionnaire au Cambodge depuis une quinzaine d’années et vicaire apostolique de Phnom Penh depuis 2010, Mgr Olivier Schmitthaeusler, qui est l’un des plus jeunes évêques de l’Eglise catholique, a conscience de l’énormité de la tâche mais ne ménage pas sa peine pour guider et former les membres de la jeune communauté afin qu’ils deviennent des « acteurs responsables de leur Eglise ».
De 1975 à 1979, l’Eglise a été persécutée et exterminée, ses biens détruits, ses membres, religieux comme laïcs, chassés ou tués. Les missionnaires étrangers, qui n’ont pu revenir qu’en 1990, ont dû reprendre leur tâche à partir de zéro. « C’est une Eglise de la première génération, rappelle Mgr Schmitthauesler. Environ 90 % des baptises l’ont été ces dernières années : il faut donc les ancrer dans leur foi et leur donner les moyens de se former. »
A cette fin, le vicaire apostolique a mis en place une école de formation pour les laïcs, lesquels sont destinés à être les ferments de la petite Eglise renaissante. A l’issue d’un cycle de deux ans, ils auront acquis une formation sur la Bible, la spiritualité et la vie de l’Eglise.
A son arrivée dans sa paroisse, aime à se remémorer Mgr Schmitthaeusler, il n’y avait qu’un seul chrétien, qui tentait de réunir quelques jeunes pour lire l’Evangile le dimanche. Dix ans plus tard, le vicaire apostolique y célébrait son 140e baptême.
La traduction de l’intégralité des documents du concile Vatican II en khmer représente une étape très importante pour l’Eglise au Cambodge : « [Ces textes] permettront de comprendre comment l’Eglise khmère peut s’insérer dans la dynamique du Concile (…) », assure l’évêque qui, pour éclairer davantage la réflexion de ses fidèles, a voulu s’appuyer tout spécialement sur l’un des documents de Vatican II, Lumen Gentium , au sujet duquel il a réalisé un fascicule explicatif.
Outil indispensable de formation, mais aussi d’évangélisation, le Catéchisme de l’Eglise catholique a été également traduit en langue khmère. « L’Eglise du Cambodge vit une situation proche de celle des premiers chrétiens, au temps des Actes des apôtres, souligne encore Mgr Schmitthauesler, et les laïcs sont plus que jamais les apôtres, chargés de témoigner du pardon, de l’engagement et de la rencontre personnelle avec Jésus-Christ qui est Amour. »
Lors du Synode sur la nouvelle évangélisation qui s’est tenu à Rome en octobre dernier, le vicaire apostolique de Phnom Penh parlait déjà d’« un laboratoire d’évangélisation dans un monde bouddhiste » pour évoquer le Cambodge où les catholiques ne représentent qu’1% d’une population à plus de 95 % bouddhiste.
Dans son message vidéo tout spécialement adressé à l’Eglise du Cambodge – un privilège rare qui a « particulièrement touché » le vicaire apostolique –, le pape Benoît XVI a tenu à rappeler la foi et le courage des chrétiens persécutés sous le régime des Khmers rouges, qui avaient permis à la jeune communauté de renaître aujourd’hui.
« [A propos de] la période de troubles qui a précipité votre pays dans les ténèbres, je voudrais souligner combien la foi, le courage et la persévérance de vos pasteurs et de tant de vos frères et sœurs chrétiens, dont beaucoup ont trouvé la mort, est un noble témoignage rendu à la vérité de l’Evangile. Et ce témoignage est devenu une force spirituelle inestimable pour reconstruire la communauté ecclésiale dans votre pays. »
Le Saint-Père a ensuite adressé sa bénédiction et donné l’assurance de sa prière et de ses encouragements à la communauté catholique du Cambodge, par l’intermédiaire de ses représentants qui écoutaient sa retransmission vidéo diffusée vers 10h ce matin, heure locale.
« Soyez un ferment dans la pâte de votre société, a conclu le pape Benoît XVI, en témoignant de la charité du Christ envers tous, en construisant des liens de fraternité avec les membres des autres traditions religieuses, et en marchant sur les chemins de la justice et de la miséricorde (…). Et vous séminaristes et prêtres cambodgiens, vous êtes le signe des germes de l’Eglise qui se construit. »