Eglises d'Asie

Des pluies diluviennes et des coupures de courant n’ont pas empêché plus de 600 000 pèlerins de venir prier la Vierge Marie à Mariamabad

Publié le 18/03/2010




Depuis près de soixante ans, c’est l’un des temps forts de la vie des catholiques du Pakistan : chaque année, durant trois jours aux alentours du 8 septembre, fête de la Nativité de la Vierge, les pèlerins affluent à Mariamabad, village situé à trois kilomètres d’un axe de grande circulation dans la campagne du Pendjab, à 80 km au sud-ouest de Lahore (1). Cette année, du 5 au 7 septembre, plus de 600 000 croyants sont venus prier la mère du Christ, en dépit de pluies diluviennes et de nombreuses coupures de courant qui ont compliqué l’organisation des célébrations religieuses.

Selon le P. Akram Javed, recteur du sanctuaire marial, l’affluence de cette année n’égale pas celle de l’an dernier, où environ un million de croyants s’étaient déplacés. L’inflation et la hausse de frais de transport sont la cause de cette moindre affluence, explique le prêtre, qui rappelle que, si le pèlerinage est très populaire auprès du million et demi de catholiques du Pakistan (1 % de la population), il est aussi largement fréquenté par des musulmans, qui y vénèrent Sainte Marie (Hazrat Mariam) comme la mère du prophète Jésus. Cette année, tous, chrétiens ou croyants d’autres religions, étaient appelés à méditer sur le thème de « Marie, exemple le plus pur de l’esprit de service ».

 

Les évêques de l’Eglise catholique au Pakistan se sont succédés pour présider les célébrations eucharistiques célébrées chaque jour devant la grotte de Lourdes édifiée dans le sanctuaire. Tout autour de l’église dédiée à Marie et Joseph, la foule se pressait autour des multiples stands installés pour accueillir et nourrir pareille foule. Une immense tente avait été dressée pour abriter un maximum de pèlerins en cas de pluie, mais la toile de celle-ci a été arrachée par un coup de vent particulièrement violent. « Nous avons dû nous organiser pour abriter femmes et enfants à l’intérieur de l’église et des bâtiments paroissiaux », explique le P. Javed. La prière pour les malades, un des temps forts du pèlerinage, a elle aussi été perturbée par la pluie : les fidèles apportent devant l’autel principal des petits papiers pliés portant le nom et la nature de la maladie de la personne pour laquelle ils souhaitent prier, puis une des personnes présentes annonce le nom de la personne au micro et demande pour elle la prière de l’assemblée.

 

Quant aux coupures de courant, elles ont été fréquentes et parfois longues de plusieurs heures. Ainsi, Mgr Andrew Francis, évêque de Multan, a présidé la messe du 6 septembre sans micro ni haut-parleurs. « J’avais demandé au comité d’organisation du pèlerinage de s’assurer auprès des autorités que tout se passerait bien. Les musulmans doivent respecter notre religion », a-t-il commenté. De son côté, le P. Javed ajoute : « Les autorités nous avaient promis qu’il n’y aurait pas de problème d’alimentation électrique, mais les coupures ont été continues durant les trois jours. »

 

Dans un pays musulman à 95 % où les fidèles des minorités religieuses vivent le plus souvent en citoyens de seconde classe, le pèlerinage de Mariamabad est un des rares lieux où tous se mêlent de manière harmonieuse. Des éléments issus de la tradition religieuse du monde rural musulman sont présents durant les temps forts du pèlerinage, permettant ainsi aux musulmans de vivre pleinement un temps religieux semblable aux « mela », organisées autour du mausolée ou de la châsse d’un saint de l’islam (2).