Eglises d'Asie – Cambodge
Les reliques de sainte Thérèse de Lisieux en pèlerinage au Cambodge
Publié le 09/05/2013
Le 4 mai dernier, le reliquaire de « la petite Thérèse » (1) a été transporté à Taingkauk, modeste village situé à une centaine de kilomètres de la capitale cambodgienne et lieu symbolique pour l’Eglise catholique du Cambodge ; c’est là que le premier évêque cambodgien, Mgr Joseph Chhmar Salas, ordonné en 1975 sous les bombardements la veille de l’entrée des Khmers rouges à Phnom Penh, est mort de privations un jour de septembre 1977, sous le régime de Pol Pot.
Ce 4 mai, devant plus de trois mille fidèles, dans ce village qui a été choisi par l’Eglise locale comme lieu de pèlerinage pour honorer ses martyrs, la messe célébrée en plein air a pris un relief particulier : le reliquaire de sainte Thérèse avait en effet été déposé sur le lit traditionnel khmer, miraculeusement préservé, où, durant sa captivité, Mgr Salas avait pu, à quelques rares occasions et au prix de mille précautions, célébrer discrètement l’eucharistie. A quelques mètres du lieu où le premier évêque cambodgien est mort victime, comme toute une partie de son peuple, du génocide perpétré par les Khmers rouges, l’Eglise en 2013 se retrouvait autour de ses évêques, de ses prêtres et de ses fidèles pour une messe d’action de grâces. Sur le lit relique avait été déposée la croix pectorale de Mgr Salas, qui resta cachée sous un nid de poule pendant le régime Khmer rouge.
Autour des fidèles et des prêtres du vicariat apostolique de Phnom Penh, Mgr Olivier Schmitthaeusler, 42 ans, actuel vicaire apostolique du lieu, avait convié à ses côtés l’un de ses prédécesseurs, Mgr Yves Ramousse, qui fêtait là ses 50 ans d’épiscopat et ses 60 ans de prêtrise. Aujourd’hui âgé de 85 ans et retiré dans une paroisse de Sihanoukville, Mgr Ramousse a été ordonné évêque de Phnom Penh en février 1963, charge qu’il a conservée pendant quasiment 38 ans, traversant ainsi toutes les vicissitudes liées à la guerre civile au Cambodge (2).
Si les liens de sainte Thérèse avec la Chine sont bien connus, notamment du fait de sa correspondance avec le P. Adolphe Roulland (1870-1934), prêtre des Missions Etrangères de Paris, la relation entre l’auteur de l’Histoire d’une âme et le Cambodge existe via le Carmel. En effet, en 1888, lorsqu’à l’âge de 15 ans, celle qui sera proclamée plus tard « patronne des missions » entre au carmel de Lisieux, elle intègre un carmel authentiquement missionnaire. Edifié en 1838, le carmel de Lisieux a fondé à Saigon le premier carmel d’Extrême-Orient, en 1861, lequel à son tour fondera les carmels de Hanoi et de Phnom Penh, desquels sortiront bien d’autres couvents (3). Si elle n’était pas tombée malade en 1896, Thérèse serait sans doute partie pour le Tonkin.
Quant à l’actuel carmel de Phnom Penh, il est une refondation après sa fermeture lors de la prise de Phnom Penh par les Khmers rouges en avril 1975. C’est du carmel de Séoul, en Corée du Sud, que des religieuses coréennes sont venues s’installer dans un nouveau monastère à Phnom Penh. De l’ancien carmel, seul le petit cimetière des sœurs avait été miraculeusement préservé et les tombes ont été déplacées dans le nouveau monastère, qui a été inauguré le 28 octobre 2010 par Mgr Olivier Schmitthaeusler. Le carmel de Phnom Penh compte aujourd’hui 6 religieuses d’origine coréenne.