Eglises d'Asie – Chine
L’unique prêtre orthodoxe vivant en Chine continentale est récemment décédé à Pékin
Publié le 18/03/2010
De lointaine origine russe, le P. Du Lifu était né en 1923 à Pékin d’une famille installée dans le secteur de la Mission russe orthodoxe de Pékin. Formé à l’Ecole de la mission russe de Pékin, le P. Du avait été ordonné prêtre en 1950. Avec cette disparition, le P. Nikolai Balashov, responsable au patriarcat de Moscou des relations au sein des Eglises orthodoxes, n’a pu que constater : “Il n’y a plus de prêtre orthodoxe en Chine.” Quelques étudiants chinois cependant sont inscrits dans des séminaires orthodoxes en Russie.
Avant la Révolution culturelle (1966-1976), durant laquelle toutes les églises furent fermées ou détruites et les religions interdites, le P. Du desservait l’Eglise orthodoxe de Pékin. Après le début des réformes, le P. Du reprit du service ; sans église, il servait, en privé, de guide spirituel aux fidèles. Depuis 1997, il participait aux liturgies présidées par les prêtres orthodoxes de passage à l’intérieur de l’ambassade russe de Pékin où un lieu de culte existe toujours. En 1998, le patriarche de Moscou et de toute la Russie, Alexis II, avait décoré le P. Du de l’ordre de St Innocent en reconnaissance de son action missionnaire et lui avait fait parvenir la croix pectorale, insigne de sa promotion comme archiprêtre.
L’Eglise orthodoxe en Chine puise ses fondations au XVIIe siècle, lorsque des missionnaires russes ont commencé à circuler à travers toute la Chine. En 1713, une Mission orthodoxe a été établie à Pékin, sur le site qui est devenu plus tard celui de l’ambassade russe en Chine. Un exarchat oriental a été fondé en 1946 avec deux diocèses, l’un à Pékin et l’autre à Harbin. Mais la politique antireligieuse du régime maoïste a forcé le patriarcat de Moscou à rompre les relations avec les orthodoxes chinois en 1957. La Révolution culturelle fut ensuite responsable de la mort ou de la disparition de la plupart des prêtres orthodoxes autonomes chinois et les réformes entreprises par Deng Xiaoping n’ont pas permis une renaissance de l’Eglise orthodoxe comparable à la renaissance des autres Eglises chrétiennes.
Selon des statistiques venues de Moscou, les chrétiens orthodoxes sont aujourd’hui au nombre d’environ 13 000 fidèles. Après la mort en septembre 2000 du P. Gregory Zhu Shipu, l’importante communauté d’origine russe de Harbin n’a plus de prêtre, a rappelé le P. Balashov, et se trouve sans assistance spirituelle (1). Depuis les années 1980, les croyants orthodoxes chinois demandent au gouvernement chinois d’enregistrer officiellement l’existence de leur communauté et de lui permettre de célébrer la liturgie (2). Mais, constate le P. Pozdnyaev, les progrès sont loin d’être rapides. A l’ouest, dans la lointaine province de Xinjiang, où vivent les Ouïgours, minorité musulmane, quelques chrétiens orthodoxes se rassemblent dans les églises pour prier, mais sans prêtre. Sur son site Internet, le patriarcat de Moscou indique qu’après trois siècles de présence à Pékin, l’Eglise orthodoxe trouve difficile de survivre sans prêtre et en l’absence de tout lieu de culte. Dans la ville de Shanghai, les nouveaux bâtiments de la Bourse ont été édifiés sur un terrain sur lequel se trouvait auparavant une église orthodoxe.