Eglises d'Asie

L’Eglise catholique assiste les victimes des pires inondations qu’ait connues le pays depuis des décennies

Publié le 18/10/2011




L’Eglise catholique a mobilisé toutes ses ressources pour aider les populations victimes des pires inondations qui aient touché la Thaïlande depuis des décennies. La capitale a pu être préservée des eaux malgré une situation particulièrement critique ce week-end, mais plus d’un tiers du pays est aujourd’hui affecté par la montée des eaux.

Si certaines régions de la Thaïlande se retrouvent inondées chaque année lors de la mousson, les inondations qui touchent actuellement le pays sont décrites par les médias locaux comme les pires depuis plus de cinquante ans. Le débordement des eaux qui atteignent parfois plusieurs mètres de haut et les coulées de boue qui les accompagnent ont entraîné la mort de plus de 300 personnes, un bilan qui n’est pas encore définitif.

Dès le début de la catastrophe, les volontaires de la Caritas Thaïlande se sont portés au secours des populations, en particulier celles des villages situés dans des régions éloignées et difficilement accessibles. Sur l’ensemble des zones touchées – l’archidiocèse de Bangkok, ainsi que les diocèses de Nakhon Sawan et de Chiang Mai -, « la Caritas agit en coordination avec les congrégations religieuses et les centres d’action sociale diocésains (DISACs)», explique à l’agence Ucanews le P. Pairat Sriprasert, secrétaire général de la Caritas Thaïlande. « Les DISAC sont nos premiers interlocuteurs avec les communautés touchées. Ils nous transmettent les besoins de la population et nous envoyons les secours nécessaires comme de l’eau potable, des sacs de sable, des médicaments ou de l’argent. »

Dans la province d’Ayutthaya, où se trouve l’ancienne capitale impériale du même nom, la presque totalité des lieux de culte et des écoles tenues par l’Eglise sont sous l’eau. Sur le site historique d’Ayutthaya lui-même, situé à 80 km au nord de la capitale, les temples classés au patrimoine mondial de l’Unesco sont totalement immergés, comme en témoigne un photographe de l’AFP qui a survolé la zone : « C’est la mer, plus rien ne dépasse, à peine quelques arbres. »

Le P. Thanu Jedsadaphongpakdee, directeur du DISAC de l’archidiocèse de Bangkok, raconte que tous les établissements dont les parties hautes émergent encore ont été reconvertis en lieux d’accueil et centres de premiers secours pour les sinistrés. « Nous utilisons le second étage de nos écoles pour la messe dominicale. Et nous nous en servons également pour accueillir et soigner les réfugiés », explique-t-il.

Dans le diocèse de Nakhon Sawan, au centre du pays, les écoles et les couvents épargnés par les inondations ont été eux aussi transformés en centres d’hébergement d’urgence. Le 13 octobre, le P. Pairat Sriprasert témoignait sur Radio Vatican de la montée inquiétante des eaux : « Les inondations sont pires que jamais, parce que les eaux venant du nord déferlent maintenant sur le centre du pays dans le diocèse de Nakhon Sawan. Aujourd’hui, nous avons besoin de nourriture pour tous les habitants de la région. » Il expliquait également que la Caritas avait monté des camps volants pour les sinistrés et que les volontaires s’employaient à préparer et servir des repas pour les milliers d’évacués qui ne cessaient d’affluer. « Nous avons lancé un appel aux dons pour les victimes des inondations et inséré des encarts dans l’Udomsarn [quotidien de l’Eglise en Thaïlande]. Pour le moment, nous n’avons les moyens d’aider la population touchée que pour un mois », déclarait pour sa part Mgr Phibul Visitnonthachai, évêque de Nakhon Sawan, dont la cathédrale et le carmel proche ont déjà été submergés par les eaux.

Le P. Sriprasert a rappelé de son côté que la Caritas arrivait au bout de ses réserves pour aider tous les réfugiés, dans une situation de crise qui se prolongeait : « Nous avons besoin d’équipement, comme de petits bateaux pour aller porter secours aux villages situés dans des zones éloignées. Nous n’avons pas la possibilité d’accéder à certains de ces villages et ils ont besoin de nourriture et du nécessaire pour survivre, dès maintenant. »

Ce lundi 17 octobre, alors que les autorités thaïlandaises annonçaient que le risque d’inondation qui pesait sur Bangkok, ses quartiers d’affaires et ses 12 millions d’habitants, pouvait désormais être considéré comme écarté, des milliers de personnes ont dû être évacuées de la banlieue nord de la capitale, où des torrents d’eau se sont engouffrés subitement. Pendant tout le week-end, des centaines de volontaires dont un grand nombre appartenant à la Caritas, ainsi que l’armée appelée en renfort, ont empilé des sacs de sable le long des canaux et du fleuve Chao Phraya qui traverse Bangkok, tentant de lutter contre la conjonction des masses d’eau arrivant du nord et des grandes marées rendant leur évacuation très problématique.

« Ce n’est pas terminé », a cependant averti le directeur général du département de l’irrigation, Chalit Damrongsak, ajoutant que les dégâts qui s’annonçaient d’ores et déjà considérables, pourraient coûter au pays près de 1,5% de son Produit intérieur brut.