Eglises d'Asie

Arrestation du pasteur d’une « Eglise domestique » dans le Xinjiang

Publié le 09/08/2013




Le 4 août dernier, la police a arrêté à Urumqi, capitale de la Région autonome ouïgoure du Xinjiang, le pasteur de la Muen Church, Tan Wen, et ordonné à sa communauté de cesser de se réunir sous peine de « devoir en subir les conséquences ».

Les forces de l’ordre sont intervenues lors de l’office dominical du matin auquel assistaient plusieurs dizaines de fidèles. Selon les témoins interrogés par l’organisation China Aid qui rapporte les faits le 5 août, plus d’une vingtaine de policiers ont forcé les portes du lieu de réunion de la Muen Church, dimanche 4 août à 9 h 30 du matin. Se réclamant du Bureau de la Sécurité publique d’Urumqi (district de Shayibake) ainsi que du commissariat de Xishan, ils n’ont cependant présenté ni mandat ni document officiel justifiant leur intervention.

Après avoir interrompu l’office, les policiers ont interpellé le pasteur et confisqué toutes les bibles ainsi que les recueils de chants et de prières des fidèles. Ces derniers ont tenté alors de bloquer la porte pour empêcher les forces de l’ordre d’emmener leur pasteur et ont demandé les raisons de son arrestation. Les policiers leur ont rétorqué qu’il leur était interdit de se réunir pour prier et qu’ils seraient eux aussi arrêtés s’ils persistaient dans leurs « activités illégales ».

Selon l’agence AsiaNews qui relaye l’information ce 9 août, après avoir été emmené au poste de police de Xishan, Tan Wen a ensuite été transféré dans un centre de détention où il devrait rester encore une quinzaine de jours.

Il s’agit de la seconde interpellation du leader protestant en moins de deux mois. Les sources locales la soupçonnent d’avoir été ordonnée en représailles de la plainte que le pasteur vient de déposer à l’encontre du Bureau de la Sécurité publique d’Urumqi.

Le 22 juillet dernier, China Aid rapportait les circonstances de la première incarcération de Tan Wen, à la suite de laquelle ce dernier avait porté plainte pour « détention arbitraire, violation du droit à la liberté religieuse et du droit de propriété ». La Muen Church avait également déposé un recours auprès de l’administration publique d’Urumqi, lui demandant de reconsidérer l’interdiction « infondée » qui lui était faite de réunir ses fidèles.

Le dimanche 9 juin dernier, alors que Tan Wen officiait dans une maison privée du district de Shayibake devant une assistance essentiellement constituée de personnes âgées, trois hommes et deux femmes avaient fait brutalement irruption en hurlant : « Votre réunion est illégale ! Que personne ne bouge ! ». Comme aucun des perturbateurs ne portait d’uniforme ou ne présentait de papiers officiels, certains fidèles avaient d’abord cru qu’il s’agissait d’un hold-up.

Tout en refusant d’apporter une quelconque preuve de leur identité, les cinq policiers en civil avaient cependant procédé à un interrogatoire des fidèles de plus d’une heure, menaçant les plus jeunes de les emmener au poste de police pour les questionner davantage. Finalement, Tan Wen avait écopé d’une peine de dix jours d’emprisonnement et d’une amende de 500 yuans.

Dans ce même rapport de juillet, China Aid relatait également deux autres ‘raids’ policiers effectués au sein d’Eglises domestiques d’Urumqi. L’un d’entre eux concernait une certaine Sr Lu Xia, qui, dimanche 23 juin dernier, assistait à la réunion de prière d’une Eglise domestique, toujours dans le district de Shayibake à Urumqi. Des policiers du Bureau de la Sécurité publique avaient brusquement interrompu l’office et, sans présenter de papiers officiels, l’avaient arrêtée et conduite en détention pour cinq jours.

Plus récemment, des officiers en civil du Bureau de la Sécurité publique avaient investi le domicile de Sr Zhu Jinfeng à Urumqi, où s’étaient réunis plusieurs croyants pour une étude biblique dominicale. Utilisant les mêmes procédés que dans les affaires précédentes, les policiers avaient interrompu la séance et condamné Sr Zhu Jinfeng à l’amende de 500 yuans pour « réunion illicite ».

La région autonome ouïgoure du Xinjiang, située dans l’extrême nord-ouest de la Chine, subit actuellement une vague de persécution particulièrement violente à l’encontre des « Eglises domestiques », un terme qui regroupe les communautés non affiliées au Mouvement des trois autonomies, l’organisation officielle chapeautant les communautés protestantes en Chine. Arrestations, confiscations de biens et autres mesures coercitives menées par les autorités locales se sont multipliées ces derniers mois, proportionnellement au développement de ces communautés chrétiennes non homologuées que China Aid estime regrouper aujourd’hui plus de 80 millions de fidèles.