Eglises d'Asie

Les jeunes catholiques présents à Rio dressent un bilan enthousiaste des JMJ

Publié le 13/08/2013




Pour la petite délégation de jeunes qui constituait la « présence chinoise » aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) à Rio de Janeiro (du 23 au 28 juillet 2013), le pèlerinage a été un temps exceptionnel de partage, de découverte et d’enrichissement auprès d’autres communautés catholiques.

Un prêtre catholique de Hongkong qui a suivi l’évènement de près, mais préfère garder l’anonymat, dresse pour Eglises d’Asie un bilan de cet événement, lequel a été pour tous ces jeunes une « grande première », Pékin n’ayant pas accordé depuis 1995 (1) de visas de sortie officiels à des ressortissants déclarant ouvertement aller aux JMJ. Les relations diplomatiques toujours très tendues entre le Vatican et Pékin avaient de plus laissé planer la crainte d’un retrait des autorisations jusqu’au moment du départ.

« La présence chinoise aux JMJ était très modeste : 70 jeunes de Hongkong, 16 de Macao, 137 de Taïwan et 60 du Continent chinois : mais c’était en soi déjà un petit miracle ! », se réjouit le missionnaire. « En outre, ajoute-il, plusieurs jeunes Chinois étudiant à l’étranger, et dont le nombre reste très difficile à évaluer, ont également participé à ces journées dans la délégation du pays où ils séjournent, comme le Canada, les Etats-Unis, l’Australie ou encore la France. »

L’accueil sur place, la foi contagieuse de la communauté catholique brésilienne, les échanges entre groupes ont frappé très favorablement les jeunes pèlerins chinois. « Les liens diplomatiques entre la Chine et le Brésil sont relativement récents, rappelle le prêtre, en paroisse depuis de nombreuses années à Hongkong. Ils ont débuté en 1974, mais n’ont vraiment pris de l’importance qu’à partir de 1993 avec le ‘Partenariat stratégique’ noués entre les deux pays. Heureusement, les liens d’Eglise existent grâce aux congrégations religieuses, très nombreuses, qui ont participé avec une grande générosité et disponibilité à l’accueil de tous ces jeunes. »

Par les provenances géographiques diverses de ses participants, mais aussi le fait que se mêlaient des membres participants de « l’Eglise officielle » et de « l’Eglise clandestine », la délégation était à l’image de l’Eglise en Chine. Selon l’agence Ucanews, cette volonté de réunir, au-delà des fortes dissensions actuelles tous les catholiques en Chine, s’est notamment exprimée dans le nom de « groupe communion » que s’était donné l’équipe des organisateurs des JMJ, basée à Hongkong.

Les rares bémols qu’ont pu émettre les jeunes pèlerins, revenus enthousiastes de Rio, ne concernent que quelques aspects logistiques, comme « le prix très élevé du billet d’avion » et le fait qu’il n’y avait pas de traduction en chinois durant les célébrations. « Une seule fille, de Macao, connaissait le portugais », regrette le prêtre catholique, qui reconnaît toutefois que « les Jmjistes chinois ont pu participer aux catéchèses en cantonais du cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hongkong, et à celles de Mgr Thomas Chung, évêque de Jiayi (Taïwan) en mandarin, des formations qui, selon les participants, étaient d’un très bon niveau ».

« Parfois, rapporte-t-il encore, des Jmjistes chinois ont été frustrés parce qu’à cause d’une panne de métro, ils n’ont pas pu participer à un grand rassemblement ou, encore, parce que, bloqués par une foule trop compacte, ils n’ont pas pu entrer sur la plage Copacabana. Certains m’ont dit : ‘Nous nous sommes consolés en suivant les réjouissances à la télévision, mais rien ne vaut l’authentique !’ »

Car l’authentique, la découverte et le partage n’ont pas manqué durant cette semaine à Rio : « La joie jaillissait de partout et, malgré les barrières de la langue, les partages étaient riches et la sympathie entre les différentes délégations, authentique (…). Alors que les Chinois extériorisent peu leur foi pendant les célébrations et ne parlent pas facilement de leurs problèmes personnels, les Brésiliens, eux, n’hésitent pas à demander de prier pour leurs maladies, à jouer pendant les offices des saynètes illustrant les difficultés ou les choix fondamentaux de la vie chrétienne, à rythmer les cantiques en tapant des mains, ou encore à danser dans les églises. »

Cette rencontre des cultures et de la foi a été l’un des points forts de ces JMJ, souligne le prêtre missionnaire : « L’étonnement des Chinois face à l’enthousiasme des chrétiens brésiliens et à leur culture religieuse partait dans deux directions. Face aux églises brésiliennes richement décorées, avec des scènes bibliques aux couleurs vives et aux nombreuses dorures – alors que les églises chinoises sont moins grandes et plus discrètes –, ils s’extasiaient sur ce ‘reflet de la majesté et de la grandeur de Dieu’, tout en reconnaissaient que ‘dans les unes ou les autres de ces églises, on ressentait la même invitation à la prière !’ ».

Les catholiques brésiliens, quant à eux, ne savent pas grand-chose au sujet de l’Eglise de Chine, poursuit-il. « Ils savent qu’elle est infiniment minoritaire dans la société chinoise et que l’apostolat là-bas y est difficile… Mais heureusement, les échanges ont favorisé une meilleure connaissance mutuelle ! ».