Eglises d'Asie

Chrétiens et bouddhistes manifestent ensemble contre l’avortement

Publié le 17/10/2013




Un millier de chrétiens ainsi que de nombreux bouddhistes (1) ont participé lundi 14 octobre à Taipei, à une journée anti-avortement organisée par les militants pro-vie de Ray Of Hope, une ONG taiwanaise, Stand for Life, une association établie aux Etats-Unis, ainsi que différents groupes religieux.  

Scandant « l’avortement est un meurtre ! » et d’autres slogans pro-vie, les manifestants ont terminé leur marche de protestation par une veillée de prière sur Ketagalan Boulevard où se trouvent les bâtiments du gouvernement (présidence, Parlement et administration centrale). La manifestation Stand for Life, qui en est à sa cinquième édition ce mois d’octobre 2013, avait lieu pour la première fois à Taipei.

Selon des statistiques récentes, il y aurait entre 500 et 800 avortements à Taiwan par jour, alors que la République de Chine est l’un des pays ayant un taux de natalité parmi les plus bas du monde, rappelle le Christian Tribune dans son compte-rendu de la manifestation le 15 octobre dernier.

Les participants à la Journée pro-vie ont également transmis une pétition au Parlement, réclamant l’amendement du Genetic Health Act, qu’ils dénoncent comme étant à l’origine de l’augmentation des avortements à Taiwan.

Selon cette loi votée en 1985, une femme enceinte peut en effet légalement avorter si « sa grossesse ou son futur accouchement peuvent affecter son équilibre psychologique ou sa vie familiale ». Une définition aux termes flous, qui « ouvre la porte à toutes les interprétations et abus possibles », a souligné lors de la manifestation le Rév. Tang Chong-yong, de la Tainan Haian Christian Church.

Quant à la Révérende Juanita Hebard, à la tête de Ray of Hope, association taïwanaise spécialisée dans l’accueil des mères-célibataires, elle a rapporté que l’on demandait parfois aux femmes enceintes si elles voulaient avorter, « de la même façon qu’on leur aurait demandé si elles voulaient une tasse de thé, comme s’il ne s’agissait pas d’une chose importante ».

Dans la pétition remise par les manifestants, les membres du Parlement ont donc été appelés – dans le but de limiter les abus facilités par le personnel médical  – à interdire le fait que le conseiller psychologique et le médecin (avec l’aval desquels la patiente est autorisée à avorter) ne soient qu’une seule et même personne, comme cela est fréquemment le cas, rapporte encore l’agence Ucanews. Les associations chrétiennes ont également proposé que soit prévue une période de réflexion de sept jours avant la pratique d’un avortement.

Sur leur page Facebook, les Women of the World (WOW) Taiwan, membres d’une association féminine chrétienne participant à l’événement du 14 octobre, ont expliqué le but visé par les militants du Stand of Life. « Nous ne condamnons pas les femmes qui avortent mais la loi qui le permet », précisent les administrateurs de la page, mettant en avant une action « fondée sur l’enseignement du Christ ». Très présentes à Taiwan, les membres du WOW se sont fixé pour objectif d’être « la voix des non-nés », en sensibilisant la population au « drame de l’avortement et de ses conséquences », et en créant des « groupes de soutien » pour les filles-mères ou les femmes ayant déjà pratiqué un avortement.

Le Stand of Live a été lancé pour la première fois en 2008, année où le P. Olivier Lardinois, jésuite belge installé à Taiwan, soulignait dans un article d’Eglises d’Asie l’augmentation considérable de la disparité des sexes à la naissance du fait de l’avortement croissant des fœtus de sexe féminin.

Si le phénomène est bien connu en Chine continentale, où le sex-ratio est aujourd’hui de 120 garçons pour 100 filles, condamnant des millions d’hommes chinois à demeurer célibataires en raison du nombre croissant des « femmes manquantes », il est généralement moins évoqué au sujet de Taiwan, où la politique de l’enfant unique n’existe pas. On observe cependant depuis les années 1990 une disparité des sexes à la naissance de 110 garçons pour 100 filles, phénomène qui a augmenté depuis la promulgation du Genetic Health Act.

Le 30 juin dernier, Want China Times, site d’information en ligne, annonçait que le ministère de la Santé de Taiwan réfléchissait à l’éventualité d’interdire aux femmes enceintes de faire les tests ADN pratiqués en vue de détecter de possibles anomalies génétiques du fœtus. Des études menées par le ministère venaient de démontrer que la pratique de ces examens, utilisés en réalité pour connaître le sexe de l’enfant à naître, contribuait au déséquilibre grandissant du ratio hommes/femmes.

Selon le CIA World Factbook 2013, Taiwan est classé aujourd’hui au 12e rang des pays dans le monde connaissant le plus fort déséquilibre entre le nombre des hommes et des femmes à la naissance, non loin derrière la Chine, le Vietnam et l’Inde.
 

(eda/msb)