Eglises d'Asie – Chine
Pour la première fois depuis son arrestation, en octobre 1997, des informations ont filtré à propos du lieu de détention et de l’état de santé de l’évêque « clandestin » de Baoding
Publié le 18/03/2010
Selon la fondation, l’évêque, âgé de 71 ans, hospitalisé dans une section réservée aux autorités, était étroitement gardé par une équipe d’une vingtaine de policiers en civil, dont Jia Ruiqi, haut responsable de la Sécurité publique à Baoding. Le nom de l’évêque n’a pas été inscrit dans les registres de l’hôpital et, contactés par France-Presse, les responsables aussi bien de la prison de Baoding, du Bureau de la Sécurité publique de Baoding que de l’Hôpital central de Baoding ont déclaré ne rien savoir du cas de Su Zhimin. Contactés par Ucanews, agence catholique d’information, Mgr Pan Deshi, évêque « officiel » de Baoding, et un prêtre de la ville, également rattaché à la partie « officielle » du diocèse, ont dit n’avoir reçu aucune nouvelle concernant Mgr Su. Enfin, le rapport de la fondation ne dit pas combien de temps a duré l’hospitalisation de l’évêque et si elle se prolonge aujourd’hui encore.
Mgr Jacques Su est considéré comme l’une des figures emblématiques de la partie « clandesti-ne » de l’Eglise catholique en Chine aujourd’hui. Il est sans doute le seul évêque « clandestin » vivant à avoir rencontré un membre du Congrès américain. En visite en Chine en janvier 1994, Christopher Smith, membre de la Chambre des représentants, s’était en effet entretenu avec Mgr Jacques Su à l’occasion d’une rencontre privée. Immédiatement après le départ de Christopher Smith du sol chinois, l’évêque avait été arrêté et interrogé avant d’être relâché neuf jours plus tard. Au total, l’évêque de Baoding a été arrêté au moins à cinq reprises et a passé environ 27 années de sa vie en détention. Selon la fondation, Mgr Jacques Su a perdu une partie de ses capacités auditives après avoir été sévèrement battu en prison. Après s’être échappé d’un centre de détention de la police en avril 1996, il a vécu dans la clandestinité jusqu’en octobre 1997, date de sa dernière arrestation. Au cours de ces six mois de « liberté », il écrivit au Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire pour lui demander « d’enquêter minutieusement sur les graves empiètements illégaux commis à l’encontre des droits des citoyens » et « d’y apporter des mesures correctives afin de restaurer l’ordre et des moyens de contrôle pour assurer la protection des droits civiques et des intérêts du plus grand nombre des croyants ».
Né en 1932, Mgr Jacques Su a été ordonné évêque en 1993 par Mgr Pierre Liu Guandong, alors évêque du diocèse de Yixian, dans le Hebei (2). Mgr An Shuxin, évêque auxiliaire de Mgr Jacques Su, a été arrêté en mai 1996 et, depuis cette date, aucune nouvelle de lui n’a filtré.