Eglises d'Asie

Dans un contexte de guerre civile, l’Eglise préoccupée par la disparition d’un prêtre et d’un laïc demande au gouvernement et à la communauté internationale d’intervenir

Publié le 18/03/2010




Dans un contexte de guerre civile, l’Eglise préoccupée par le sort du P. Thiruchchelvan Nihal Jim Brown, 34 ans, curé de la paroisse Saint Philippe Néri à Allaipiddy et d’un laïc père de cinq enfants, Wenceslaus Vinces Vimalathas, disparus le 20 août dernier à Jaffna, à l’extrémité de la péninsule du nord du Sri-Lanka, demande au gouvernement et à la communauté internationale d’intervenir.

Mgr Thomas Savundaranayagam, évêque de Jaffna, et la communauté catholique ont organisé un temps de prière pour les deux disparus, le 24 août dernier. Le P. A.B Vincent, oblat, a rapporté à l’agence Ucanews que l’évêque avait écrit à Mgr Mario Zenari, nonce apostolique au Sri Lanka. “Nous demandons à la communauté internationale d’écrire au président du Sri Lanka pour qu’il prenne des mesures adéquates face à la situation actuelle et nous aide à retrouver les deux disparus.”

D’après le P. Vincent, le dimanche 20 août dernier, le P. Brown et un laïc ont quitté leur village en mobylette pour se rendre à Mandaitivu, à une cinquantaine de kilomètres d’Allaipiddy, “mais l’armée n’a pas autorisé le P. Brown à aller célébrer la messe” et depuis, les deux hommes sont portés disparus. “La situation est très critique à Jaffna, personne ne peut se déplacer à cause du couvre-feu, nous avons fait tout ce que nous pouvions, sans succès a-t-il ajouté.

D’après un rapport de la Caritas à Jaffna, la communauté catholique s’est ensuite rendue, lors d’une marche silencieuse, au bureau du secrétaire divisionnaire du gouvernement pour remettre un mémorandum concernant les deux disparus.

Le Centre pour la paix et la réconciliation à Jaffna a également lancé un appel urgent demandant le retour des deux disparus. “C’est un appel au secours lancé auprès de la communauté internationale afin qu’elle fasse pression sur le gouvernement Sri lankais et qu’une solution soit trouvée.” D’après ce rapport, l’évêque de Jaffna et la Commission nationale des droits de l’homme ont contacté l’amiral Ranaweera, commandant en chef de la marine de la région nord et le colonel L. C Perera qui ont répondu “ne rien savoir au sujet de cet incident 

Le 13 août dernier, l’église d’Allaipiddy a été touchée par les affrontements entre l’armée sri lankaise et la guérilla des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE). 24 personnes ont été tuées et 91 autres blessées. Le prêtre Jim Brown avait alors emmené quelques 800 personnes à la recherche d’un abris. Convoqué par les autorités de la marine militaire de la région, le P. Brown aurait été accusé, selon le directeur du Centre pour la paix et la réconciliation de Jaffna, d’aider les tigres tamouls à creuser des tranchées alors que c’était au contraire pour protéger les civils des bombardements.

Selon des sources locales, le bombardement par l’armée de l’air d’un orphelinat dans le quartier de Puthukudirippu, à Jaffna, le 14 août dernier, a tué 61 lycéennes et en a blessé 130 autres. Une semaine auparavant, 15 employés tamouls de l’association humanitaire Action contre la Faim, qui venaient en aide aux familles déplacées par les conflits, ont été abattus à Muthur, une ville située à 15 km au sud de Trincomalee.

Mgr Joseph Kingsley Swampillai, évêque de Trincomalee-Batticaloa qui comprend les territoires nord orientaux revendiqués par les rebelles tamouls, a rapporté à l’agence Misna (1) que ces dernières semaines, les rebelles comme les forces gouvernementales ont violé toutes les règles de droit humanitaire. “Ecoles, hôpitaux, lieux de culte et convois de civils ont été pris pour cible dans les deux camps. Qu’attend donc la communauté internationale pour intervenir ?” s’interroge-t-il (2).

Trincomalee est désormais la deuxième zone de front avec celle, qui plus au nord, sépare la péninsule de Jaffna du reste du pays. Ces deux régions forment le cour culturel de la région tamoule revendiquée par le LTTE dans un conflit qui, depuis 1972, a fait entre 60 000 et 80 000 morts, et a déplacé près d’un million de personnes avant le cessez-le-feu signé en 2002 (3).