Eglises d'Asie

La Haute Cour autorise les chrétiens à utiliser le mot « Allah » dans leurs publications

Publié le 25/03/2010




Le verdict est tombé le 31 décembre dernier : la Haute Cour de Kuala Lumpur a cassé l’interdiction faite aux chrétiens d’utiliser le mot « Allah » dans leurs publications, mettant ainsi un terme à une bataille juridique de plusieurs années qui a opposé tout particulièrement le Herald – The Catholic Weekly, l’hebdomadaire de l’archidiocèse de Kuala Lumpur…

… et principale publication catholique du pays, au gouvernement de Malaisie. Pour l’ensemble de la communauté chrétienne, c’est une victoire inespérée dans un pays où l’islam est religion officielle et où les chrétiens ne représentent qu’une minorité d’environ 9 % de la population.

En 2007, le gouvernement de Malaisie avait interdit aux chrétiens d’utiliser dans leurs publications le mot « Allah », ainsi que d’autres termes d’origine arabe (comme Kaabah pour désigner l’espace sacré), entrés dans le langage courant des communautés chrétiennes de langue malaise mais que les musulmans considéraient comme appartenant à un vocabulaire purement islamique, risquant donc selon eux, de semer la confusion parmi leurs croyants.

De nouvelles sanctions à l’encontre du Herald – The Catholic Weekly, qui réclamait le droit d’utiliser le mot « Allah » dans sa version malaise, avaient conduit la polémique au-delà des frontières de la Malaisie, et provoqué de vigoureuses protestations de la part des minorités religieuses du pays. Le conflit aboutissait le 16 février 2009 à la levée de l’interdiction, sous condition qu’il soit fait clairement mention dans l’hebdomadaire catholique qu’il ne s’adressait qu’aux chrétiens. Mais, par une nouvelle volte-face remarquée, attribuée par les observateurs aux pressions des groupes islamistes, le gouvernement de Malaisie avait de nouveau, en mai dernier, interdit aux non-musulmans l’emploi des termes controversés qualifiant cette utilisation de « trouble à l’ordre public ». Il y a quelques semaines encore, plusieurs milliers de bibles importées dans le pays étaient confisquées, au même motif d’utilisation illicite du mot « Allah » (1).

L’Eglise catholique, représentée par l’archidiocèse de Kuala Lumpur et son hebdomadaire Herald – The Catholic Weekly, avait alors saisi la Haute Cour, arguant du fait que le mot « Allah » avait toujours été utilisé par les communautés chrétiennes de langue malaise pour désigner Dieu et ce, de façon antérieure à l’islam. Elle avait également souligné que le fait d’interdire l’usage de ces termes allait à l’encontre des droits inscrits dans la Constitution fédérale de la Malaisie. D’autres dénominations chrétiennes, dont une Eglise évangélique de Bornéo, avaient également signifié leur volonté de saisir la justice.

Selon les sources officielles (statistiques de 2008), la Malaisie compte 60 % de musulmans, 19 % de bouddhistes, 9 % de chrétiens (dont 3,5 % de catholiques environ) et 6 % d’hindous (2).