Eglises d'Asie

POUR APPROFONDIR – Le levain de l’évangélisation : étude sur la contribution des Vierges catéchistes

Publié le 26/02/2014




Au sein de l’Eglise catholique, les catéchistes jouent un rôle important dans l’évangélisation. Lorsque la foi chrétienne est arrivée en Chine, il n’y avait pas suffisamment de prêtres pour la mission. Etant donné que les prêtres étrangers ne connaissaient pas la situation concrète en Chine, l’aide …

… de ces catéchistes locaux était particulièrement nécessaire. Les catéchistes étaient choisis essentiellement parmi les laïcs qui avaient une foi inébranlable en Dieu, qui avaient été instruits et avaient de l’expérience. En fonction de la nature de la mission et des objectifs de leur service, les catéchistes hommes et les catéchistes femmes ont été distingués les uns des autres. Le présent article met l’accent sur le rôle et la contribution des Vierges catéchistes – en d’autres termes, sur les femmes vouées au célibat.

Qu’est-ce un catéchiste ?

Un catéchiste est « un catholique baptisé et un enfant de l’Eglise catholique » (傳道員規則, Règles pour les catéchistes, 1934, p. 441). C’est également une personne qui enseigne la catéchèse (la doctrine catholique) à d’autres personnes. Dans l’Eglise primitive, tous les chrétiens avaient la responsabilité de transmettre la catéchèse aux autres personnes. A l’époque des Pères de l’Eglise cependant, seuls les membres du clergé et un petit nombre de catholiques éminents pouvaient enseigner. Après la Réforme, l’Eglise catholique a accordé une attention toute spéciale à l’instruction religieuse et a encouragé les laïcs à participer à ce travail. Dans l’Allemagne du XIXème siècle, par exemple, de nombreuses communautés de catéchistes laïques ont été instituées. Elles organisaient des réunions régulières pour discuter, tenaient des séminaires universitaires et publiaient des journaux sur la catéchèse de l’Eglise. Un magazine spécifique pour les catéchistes a été publié en Autriche. (林淑理, 2007, pp. 21-27)

Pour ce qui concerne l’Eglise en Chine, des catéchistes laïcs ont pris part à la charge d’enseigner et de transmettre la foi chrétienne. Au stade initial, la plupart des catéchistes étaient des hommes catholiques qui ont suivi les missionnaires où qu’ils aillent, les aidant à lire des documents en chinois et à rédiger des supports pour enseigner l’instruction catéchétique. Quelques uns des catéchistes éminents sont devenus prêtres. Luo Wenzao (aussi nommé Gregorio Lopez, 1616-1691), par exemple, a été baptisé par le franciscain Antonio de Santa Maria Caballero. Il est devenu catéchiste et s’est dévoué toute sa vie au service de Dieu. Il est le premier Chinois à avoir été ordonné prêtre et, des années plus tard, il devint aussi le premier évêque chinois.

Les qualités et la tâche des catéchistes

Etant donné que l’évangélisation dans l’Eglise a continué à se développer, des catéchistes étaient présents dans presque toutes les paroisses. La tâche des catéchistes est devenue de plus en plus précise et systématique et, par conséquent, l’Eglise a demandé aux catéchistes d’être mieux qualifiés et formés. Ils devaient répondre aux critères suivants avant d’être envoyés à l’extérieur pour enseigner :

– Education : Les catéchistes devaient atteindre un certain niveau de connaissance. « Ils doivent étudier sérieusement chaque jour. Les catéchistes formés depuis peu de temps doivent se préparer eux-mêmes pour les examens mensuels. Les catéchistes expérimentés doivent être évalués au moins quatre fois par an. Des examens auront lieu dans des écoles de missionnaires et tous les catéchistes devront les passer. Ils devront lire trois ou quatre heures par jour, étudier avec soin la doctrine et planifier judicieusement leur temps pour y inclure les études personnelles. »

– Style de vie : Les catéchistes « ne devront jamais mener une vie d’extravagance. De préférence, il leur faudra suivre les coutumes locales et mener une vie simple ».

– Tâche : les catéchistes devaient tenir un registre de ce qu’ils faisaient dans les paroisses et les villages qu’ils servaient. Un tel registre s’apparentait à un registre paroissial, l’enregistrement devant comprendre « le nom [des laïcs], le nom de baptême, les parents et les parrains, la date de naissance, baptême, le nom du prêtre qui les avait baptisés, le mariage et l’enterrement ». Il fallait également tenir un journal dans lequel étaient enregistrés les détails de leurs activités missionnaires. Les catéchistes rendaient compte aux prêtres de leurs activités pour la paroisse tous les mois, avec les enregistrements des noms des laïcs, l’enregistrement des célébrations de sacrements et les comptes financiers de la paroisse. Quand il n’y avait que quelques prêtres exerçant dans un secteur, la tâche des catéchistes devenait même plus délicate. Parfois, il fallait aider pour les mariages et les enterrements. (傳道員規則, Règles pour les catéchistes, 1934, pp. 446, 448, 449, 450)

Les vierges, qui ont accepté le célibat, soucieuses de répandre la foi chrétienne, avaient un sens aigu de leur mission. Elles travaillaient avec passion pour l’Eglise. Cependant, la tâche d’une catéchiste exigeait un grand effort. Afin de bien remplir cette tâche, les vierges devaient suivre une formation systématique sur la doctrine catholique. Dans cet article, le terme « Vierges catéchistes » fera référence aux femmes catéchistes qui avaient un niveau d’éducation supérieure et qui avaient reçu une formation catéchétique rigoureuse. Elles étaient qualifiées pour une tâche missionnaire et ont donné toute leur vie à la tâche d’évangélisation pour l’Eglise.

Emergence des vierges catéchistes

Les missionnaires européens qui sont venus en Chine continentale durant la dynastie des Ming se sont montrés prudents sur la participation des femmes aux activités missionnaires. Les communautés d’Eglise les plus prospères étaient séparées en deux groupes, masculin et féminin. Parfois, un simple rideau séparait les deux groupes. Dans la société chinoise d’alors, hommes et femmes n’étaient pas supposés vivre ensemble dans un même espace. Les femmes « vivaient retirées du monde extérieur et ainsi c’était très difficile pour les missionnaires d’entrer en contact avec elles et de leur prêcher la Bonne Nouvelle » (燕鼐思, 1976, p. 81). Le travail évangélique pour les femmes n’a pas été couronné d’un grand succès, même dans les églises où elles étaient séparées des hommes.

Puisque c’était impossible pour les ecclésiastiques, qui menaient une vie de célibat, de contacter des femmes chinoises, il va sans dire que leur prêcher la Bonne Nouvelle était encore plus difficile. La façon la plus sûre et la plus efficace d’opérer, par conséquent, était de recruter des femmes catéchistes capables d’entrer en contact avec des femmes chinoises. Cependant, étant donné que les femmes mariées avaient leurs obligations familiales, le corollaire était que seules les femmes non mariées catéchistes pouvaient catéchiser les autres femmes. Au cours des dynasties Ming et Qing, quelques vierges avaient déjà développé un sens profond du zèle apostolique. Il a été dit que c’étaient les domestiques des familles nobles de Pékin qui prêchaient la foi catholique aux femmes autours d’elles (殷弘緒, 2001, pp. 206-207).

Cependant, la mission de ces vierges n’était pas très bien organisée. Etant donné qu’elles n’avaient pas reçu une véritable formation, elles ne pouvaient pas être considérées comme des catéchistes qualifiées. Vers le milieu de la dynastie des Qing, les vierges du territoire missionnaire confiés aux dominicains avaient déjà commencé à enseigner le catéchisme aux femmes locales. Il leur était donc demandé de respecter un code de conduite (燕鼐思, 1976, p. 45). Au Sichuan, « quand les laïcs se rassemblaient le dimanche, les vierges étaient chargées des commentaires et des chants. Elles lisaient à l’assemblée des passages de livres spirituels et expliquaient même les doctrines de l’Eglise comme le faisaient les prêtres ». Les vierges, qui prenaient part à la catéchèse en enseignant, jouaient déjà le rôle de catéchistes. A ce point, cependant, le programme de formation de l’Eglise n’était pas encore complètement développé. L’influence des vierges catéchistes était donc d’une portée assez limitée.

Choix et qualifications des vierges catéchistes

Les vierges catéchistes faisaient partie de la communauté ecclésiale. Elles devaient être formées à la théologie, aux Ecritures saintes, aux dogmes et autres sujets d’intérêt ecclésial et culturel. Pour cette raison, les vierges catéchistes étaient la crème de la crème au sein de leur communauté. Elles étaient donc la colonne vertébrale de la mission évangélique de l’Eglise.

D’une manière générale, les critères de base pour sélectionner les vierges catéchistes étaient leur capacité intellectuelle et leur niveau d’éducation. La maturité et le caractère des personnes étaient également pris en compte. Au Shandong, par exemple, les critères de sélection des vierges catéchistes, étaient très stricts :

« Les professeurs pour les catéchumènes doivent être choisis parmi les vierges les plus capables et les meilleures. Conformément aux lois de notre vicariat apostolique, les femmes catéchistes être âgées au minimum de 36 ans. Elles ont pour mission d’enseigner la foi catholique aux femmes catéchumènes, les coutumes sociales de la population empêchant les hommes d’assurer cette tâche. Les vierges enseignantes sont parfaitement respectées par les catéchumènes et la population locale, particulièrement en raison de leur état de vie. Elles ont reçu un niveau d’éducation supérieure et elles sont un bon exemple à suivre pour les autres. Ici, nous avons de nombreuses vierges d’un certain âge qui travaillent d’une manière exemplaire et qui dédient leur vie entière à leur vocation. Grâce à leur bon exemple, un grand nombre de jeunes filles récemment baptisées aspirent à devenir des vierges. Et leurs parents respectent leurs décisions. » (Lange, 1929, p101).

La mission des vierges catéchistes conférait plus de responsabilité que celle des vierges simples. La différence entre la tâche des vierges simples et celle des vierges catéchistes dans le diocèse de Zhili (province du Hebei) peut être prise comme exemple. Les statistiques du diocèse à la fin du XIXème siècle, indiquaient que « parmi 408 vierges consacrées, 283 étaient enseignantes ». La plupart des vierges participaient au travail missionnaire, mais la contribution des vierges catéchistes pour le diocèse était plus importante.

Formation des vierges catéchistes

Après le bannissement des chrétiens par le gouvernement chinois à la moitié de la dynastie des Qing (sous le règne de l’empereur Yongzheng en 1724), les activités des missionnaires européens se sont trouvées considérablement réduites. C’est pour cette raison que des catéchistes chinoises furent sollicitées pour mener à bien la mission que les prêtres européens ne pouvaient pas faire. Cette stratégie est devenue une des caractéristiques du travail missionnaire de l’Eglise pendant cette période. C’était aussi à ce moment que les vierges catéchistes ont apporté leur plus grande contribution grâce à leur sagesse et leurs qualités positives.

Au milieu de la dynastie des Qing
Le soutien représenté par le travail des catéchistes s’est révélé primordial pour assurer un développement positif de l’Eglise. Par conséquent, une des principales préoccupations de l’Eglise au milieu de la dynastie des Qing était d’améliorer son contenu et la stratégie de sa mission de formation. La formation systématique des vierges catéchistes a débuté dans la province de Sichuan.

Selon une source française, « en 1773, le vénérable P. Moye est arrivé au Sichuan. Il avait déjà fondé un ordre religieux en France, avant qu’il ne parte. La mission de cet ordre était d’assurer l’éducation pour les filles des villages pauvres en Chine. Pendant l’épiscopat de Mgr Potier, évêque du Sichuan, le P. Moye a eu l’idée de construire une école pour filles, afin qu’elles puissent recevoir une éducation et ne pas être touchées par l’illettrisme. Cependant, il n’y avait pas suffisamment de femmes professeurs disponibles. Alors, comment ce projet a-t il pu être mené ? Etant donné que les vierges qui travaillaient dans le diocèse à cette époque étaient illettrées, Mgr Potier a enseigné lui-même aux étudiantes. Parmi ses étudiantes, il a choisi quelques jeunes filles intelligentes et décidées à poursuivre leur éducation. Il les a formées pour leur vie spirituelle, a assuré l’enseignement en classe et a écrit des supports de cours pour elles ». (Gourdon, Paris, p. 267)

Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, l’Eglise au Sichuan avait déjà acquis quelque expérience dans la sélection et la formation des vierges catéchistes. Le P. Moye était le soutien le plus enthousiaste de ce projet. Il « connaissait très bien les capacités de ces vierges catholiques, aussi leur a-t il confié la mission de l’évangélisation. Une petite école pour filles a été fondée avec leur aide » (沙百里, 2005, p. 231).

Le P. Gleyo, collègue français du P. Moye, leur avait fait la suggestion suivante : « Notre mission doit avoir une fondation solide reposant sur la conviction religieuse et la dévotion à la Vierge Marie. Si nous sommes autorisés à faire ainsi, nous devrions fonder une communauté de vierges et l’appeler l’Association des Filles de la Vierge Marie » (沙百里, 2005 p. 232). Les principes de formation du P. Moye se fondaient sur la pureté, l’obéissance à la volonté de Dieu, la pauvreté spirituelle et la pratique des bonnes actions. (沙百, 2005, p. 232). Reposant sur ces quatre principes, le P. Moye a choisi des vierges catéchistes pour la mission.

Etant donné que l’Eglise était contrainte d’œuvrer dans le secret et qu’il y avait une insuffisance générale d’enseignants, il était difficile que le programme de formation des vierges catéchistes atteigne les objectifs espérés. Dans ce contexte, en 1784, la Congrégation pour la Propagation de la Foi a publié la règle suivante : « Les missionnaires doivent fonder des noviciats, où les vierges peuvent acquérir non seulement la connaissance nécessaire pour leur tâche de catéchistes, mais aussi l’expérience de vie en communauté religieuses. » (燕鼐思, 1976, p. 173).

Prenant en considération la nature et l’ampleur de la tâche des vierges catéchistes, la Congrégation pour la Propagation de la Foi a publié, en 1832, un autre document dans lequel les responsabilités concrètes des vierges catéchistes étaient expliquées : « Ce document est publié conformément au canon 525 du Code de droit canon, référence juridique la plus souveraine de l’Eglise latine relativement à sa tâche missionnaire. » (Anton, 2002). Du point de vue des autorités de l’Eglise, la manière la plus efficace de former ces vierges était de les regrouper dans des ordres religieux féminins, semblables à ceux existant en Europe, et d’introduire l’esprit de service et de responsabilité comme principe à leur formation.

Au milieu du XIXème siècle (1840-1860), plusieurs traités inégaux signés avec les grandes puissances ont contraint la Chine à ouvrir ses portes au monde extérieur. La nécessité de la présence de vierges catéchistes se faisait de plus en plus ressentir. Les diocèses en Chine ont commencé à ouvrir des écoles pour filles où la formation à grande échelle des vierges catéchistes pouvait être effectuée.

Les premières écoles pour filles en Chine
Dans la seconde moitié du XIXème siècle, de nombreux diocèses ont fondé des écoles spéciales ou des centres de formation pour vierges catéchistes. Le pionnier en fut le diocèse de Jiangnan, tenu par les jésuites. En 1855, le P. Luigi Maria Aica, SJ, a constitué une communauté de vierges à Huang Tang, à Shanghai. Ces vierges étaient toutes consacrées à l’apostolat missionnaire de l’Eglise. Les autres diocèses devaient bientôt suivre cet exemple : « En plus de prodiguer des soins aux vierges pour leur vie et leurs vertus, l’Eglise a porté une attention toute particulière à leur formation intellectuelle. L’Eglise a fondé des écoles aussi bien pour les garçons que pour les filles. En 1855, le P. P. Sicca, SJ, a commencé un programme de formation pour les vierges à Jiangnan. Après lui, le P. P. Gonnet a assuré une formation pour neuf vierges et leur a fourni ce dont elles avaient besoin pour leur future fonction d’enseignement à d’autres femmes, si bien qu’elles pouvaient être capables de gagner des non-croyants à la foi chrétienne. L’Eglise a poursuivi ce projet à Zhili. Le P. P. Gonnet a fondé une école à Xianxian en 1876. Après cela, il a fondé une école semblable à Wei-ts’uen. En portant l’accent sur les connaissances culturelles et le caractère des vierges, elles étaient en mesure de forcer le respect des non-chrétiens. Les vierges suivaient des études classiques chinoises, mais l’explication du sens des textes n’était pas très approfondie. En plus, elles recevaient un peu de formation en sciences médicales. En 1857, le P. Perny, MEP (Missions Etrangères de Paris), a fondé une école à pour filles au Guizhou, où le nombre d’étudiantes atteignait 26 en 1864. » (Beckmann, 1931, p. 86)

Après la première guerre de l’opium (1838-1842), le programme de formation pour les vierges catholiques a été plus centralisé et, en même temps, il a été plus orienté sur les techniques de l’enseignement catéchétique. Toutes les vierges catéchistes aspirantes ont dû quitter leur maison pour le travail missionnaire dans d’autres diocèses, étant donné que celles qui vivaient avec leur famille étaient jugées inaptes pour ce type de mission. Les diocèses se distinguaient les uns des autres sur l’âge minimum des jeunes filles et la durée du processus de formation. En 1892, toutes les étudiantes de l’école pour filles du sud-est de Zhili « avaient au moins 20 ans. Ces jeunes filles aspirantes catéchistes ou enseignantes devaient suivre un enseignement d’une durée de cinq années, et avoir une connaissance approfondie des Ecritures. Pour les autres étudiantes, le noviciat offrait un enseignement court qui durait deux ou trois ans. Dans la préfecture apostolique du Guizhou, le noviciat durait deux ou trois ans et après cela, les jeunes filles étaient envoyées pour le service dans des écoles, ou dans des centres pour des femmes catéchumènes ». (燕鼐思, 1976, p. 173)

Vers la fin du XIXème siècle, les écoles proposant une formation pour les vierges catéchistes existaient dans tous les diocèses. La mission la plus importante de ces écoles était de « cultiver l’esprit de foi et de nourrir la vie spirituelle de leurs étudiantes » (費爾希, p. 11). En même temps, le développement de l’Eglise catholique constituait un point de référence pour la fondation des écoles de filles, particulièrement dans les domaines de planification du programme d’études et des stratégies pédagogiques. Les qualités des vierges catéchistes furent encore améliorées grâce à l’aide des religieuses venues d’Europe.

Apprendre et prêcher
Pour élever le niveau d’alphabétisation parmi les jeunes filles, quelques diocèses ont utilisé des listes d’alphabet pour les aider à apprendre les caractères chinois. Par exemple, Mgr Augustine Henninghaus, SVD (Société du Verbe Divin), a fondé deux ordres religieux : les Sœurs de la Sainte Famille (ordre religieux chinois) et un autre composé des jeunes filles catéchistes vivant avec leur famille. La plupart de ces vierges catéchistes aspirantes n’étaient pas instruites et, de ce fait, ne savaient pas lire le chinois. Cependant, elles pouvaient lire la Bible et quelques livres de prières chinois écrits en caractères latins. L’usage de l’alphabet latin rendait plus facile pour les jeunes filles l’apprentissage des caractères chinois, et, de cette manière, elles pouvaient apprendre plus rapidement.

Dans les diocèses conduits par la Société du Verbe Divin, toutes les vierges étudiantes et catéchistes qui aidaient à leur formation savaient comment utiliser ces tables de romanisation. Utilisant un alphabet latin, ces vierges étaient maintenant capables de s’écrire des lettres en chinois. La même méthode a été employée par quelques autres diocèses en Chine. Au Fujian, par exemple, la méthode consistant à utiliser l’alphabet latin pour enseigner le chinois remonte à la dynastie des Ming, à l’époque de Xu Guangqi (Leeb, 2001, pp. 31-32). Etant donné que les principales cibles de leur mission étaient les femmes et les enfants, les vierges catéchistes ont adopté une méthode particulière pour prêcher la Bonne Nouvelle. Les Règles pour les vierges consacrées, édité par Ma Quingshan au milieu de la dynastie des Qing, et Les Règles de la vie de célibat, publié au commencement de la République de Chine, étaient deux manuels utilisés pour la formation des vierges catéchistes. Aux pages 17 et 18 de ces Règles pour les vierges consacrées, il est écrit que « le sens des mots doit être judicieusement expliqué comme il convient (…). Il est de la responsabilité du professeur d’apprécier ses étudiantes sans favoritisme, d’enseigner aux enfants pauvres de la même manière qu’aux riches. Ils doivent avoir plus de patience avec ceux qui sont moins intelligents que les autres, de manière à ce qu’aucun d’entre eux ne soit laissé pour compte ».

Dans une lettre pastorale de 1873, un évêque a écrit au sujet de la mission des vierges catéchistes, et de leur mode d’évangélisation : « Elles ne doivent pas prêcher de la même façon que le prêtre prononçant son homélie pendant la messe, mais comme si elles conversaient avec d’autres personnes. Elles ne sont pas autorisées à expliquer les doctrines de l’Eglise aux hommes, sauf quand un homme est en danger de mort et qu’aucune autre personne habilitée ne soit disponible. » (燕鼐思, 1976, p. 111). Estimant que la plupart des catéchumènes n’était pas très bien formé, pour la méthode d’enseignement des vierges catéchistes, l’effort était mis de préférence sur la conversation plutôt que sur la lecture. La méthode consistant à recourir au mode de la conversation convenait mieux aux femmes et aux enfants parce qu’elle était plus détendue et plus vivante.

Signes distinctifs des vierges catéchistes qualifiées
Les vierges catéchistes ont joué un rôle important dans le travail missionnaire de l’Eglise. Aussi longtemps que la formation était nécessaire pour cette tâche, elles étaient les personnes les mieux habilitées à prêcher la foi chrétienne aux femmes aux jeunes comme aux plus âgées (note 25[24], 燕鼐思, p. 110). Cependant, toutes les jeunes filles qui recevaient une formation dans les écoles ne pouvaient devenir des catéchistes qualifiées. Seules celles qui étaient la « crème de la crème » étaient sélectionnées comme catéchistes. Etant donné qu’elles étaient les leaders et « les membres de référence parmi les enseignants de la foi », l’Eglise attendait plus de résultats de leur part. En 1784, la Curie a donné les instructions suivantes en tenant compte de l’âge et des qualifications des vierges catéchistes : « Les vierges auxquelles il a été confié la mission de l’enseignement de la catéchèse doivent être âgées de 30 ans au moins. Elles doivent être remarquables par leur vertu, leur savoir et leur sagesse. » (Coll, 1907, p. 351). En 1793, Mgr Joannes Desiderius de Saint Martin a ajouté quelques autres points à la règle originelle : « Les professeurs de sexe féminin qui ont la responsabilité d’instruire les catéchumènes femmes doivent avoir au moins 40 ans. En outre, elles doivent posséder le niveau de connaissance et de prudence requis d’un catéchiste. » (燕鼐思, 1976, p. 111). De plus, ce document met l’accent sur le fait que les vierges catéchistes « doivent acquérir une formation adéquate pour l’enseignement du Catéchisme de l’Eglise catholique » (沙百里, 2005, p. 234).

La plupart des diocèses suivaient les instructions de la Curie pour la sélection des vierges catéchistes. Dans la pratique, cependant, ils ont différé les uns des autres en ce qui concerne l’âge minimum des candidates. « Au Jinan, dans le secteur nord-est de la province du Shandong, l’âge minimum des vierges catéchistes était de 36 ans. » (Tiedemann, 2008, p. 511). L’Eglise pensait que des catéchistes matures devaient passer le test du temps et de l’expérience de la vie, de façon qu’elles puissent exercer des responsabilités plus grandes, et traiter judicieusement des situations complexes.

La Société du Verbe Divin était l’un des ordres missionnaires les plus actifs de la Chine moderne. Dans leurs districts missionnaires, ils annonçaient : « Personne ne connait le nombre exact de vierges car il y en a un très grand nombre qui sont formées par des religieuses. Si elles n’ont pas reçu de formation, elles ne peuvent pas être en mesure d’exercer la moindre tâche missionnaire. » (Ortrud Stegmaier, 1975, p. 68). Plus tard, quand l’interdiction du gouvernement de pratiquer la religion chrétienne s’est peu à peu relâchée, les diocèses ont pris de l’importance étant donné que plus de non-croyants ont été convertis à la foi catholique. Cela a conduit à une demande de « jeunes filles missionnaires ». Cependant, étant donné que l’effectif était encore insuffisant, la Société du Verbe Divin a décidé de baisser l’âge minimum de 40 à 30 ans pour les vierges catéchistes. On peut trouver plus de précisions pp. 16-18 dans Les règles pour la vie de célibat, concernant la conduite des jeunes filles missionnaires : « Les jeunes filles missionnaires doivent avoir au moins 30 ans. Toutefois, si leur nombre n’est pas suffisant, même celles qui ont moins de 30 ans peuvent prêcher sans la présence d’une autre personne. Elles ne sont pas autorisées à enseigner la doctrine à des hommes de plus de 9 ans ; mais en cas de danger de mort, et si aucune autre personne ayant l’aptitude n’est disponible, les jeunes filles missionnaires peuvent leur faire une prédication. Quand un homme est commentateur dans une réunion de prières, les jeunes filles n’assurent pas le même service. Quand elles prêchent la Bonne Nouvelle, les sœurs missionnaires doivent traiter tout le monde sur le même plan. Elles ne doivent pas piquer des colères ou montrer des signes d’impatience. Elles doivent enseigner la catéchèse à des femmes catéchumènes avec beaucoup d’attention. Elles ne doivent pas s’engager dans des bavardages. Elles doivent informer les prêtres des dangers éventuels dans le dortoir, et de cette façon, elles protègent leur pureté et leur vertu. Quand les femmes catholiques sont malades ou proches de mourir, les jeunes filles missionnaires doivent être présentes pour les aider, et, dans ce cas, elles peuvent baptiser des enfants. »

Bien que chaque diocèse pouvait avoir ses propres critères pour la sélection des vierges catéchistes, les critères de base restaient les mêmes : maturité de l’âge (la plupart d’âge moyen), une période de formation suffisamment longue, une foi forte et de la persévérance.

Par les programmes de formation aux écoles de jeunes filles et les évaluations par les autorités de l’Eglise, les communautés de vierges catéchistes ont progressivement mûri. Tout comme leurs homologues masculins, elles ont quitté leur famille pour aller vivre dans différentes paroisses. Elles sont même montées vers les montagnes élevées pour vivre dans des villages rustiques avec des non-croyants. Elles ont aidé ceux qui avaient besoin de leur amour et de leurs soins. Leur tâche difficile a forcé l’admiration des gens pour l’Eglise, contribuant de ce fait à sa gloire dans l’histoire de l’humanité.

Typologie des vierges catéchistes – Groupes résidentiels et itinérants
Après la deuxième guerre de l’opium (1856-1860), de plus en plus d’ordres religieux sont venus en Chine et y ont établi des districts missionnaires. Le développement rapide de l’Eglise a conduit à une pénurie d’effectifs dans certains diocèses. Par exemple, quand le P. Johann Baptist Anzer, Société du Verbe Divin, (1851-1903), vint en Chine en 1880, il lui a été très difficile de trouver une catéchiste ayant l’aptitude requise. Trois ans après son arrivée, il n’était pas encore en mesure de trouver une femme bonne catéchiste. Il disait : « Je n’ai pas de femme catéchiste qui peut enseigner aux femmes ici et cela est un vrai problème. A Taiwangzhuang, la tâche a été dévolue à une jeune fille de 10 ans. » (周華德, 1996, p. 64).

Du fait qu’une jeune fille de 10 ans ait été sollicitée pour être catéchiste, nous pouvons mesurer la difficulté pour la Société du Verbe divin à répandre la Bonne Nouvelle dans cette région. Cette situation s’est seulement améliorée en 1905, quand les Sœurs du Saint-Esprit arrivèrent au Shandong et débutèrent un programme de formation pour jeunes filles. La première école pour jeunes filles sous la direction de la Société du Verbe Divin a été fondée à Bolizhuang. Plus tard, elle s’est déplacée à Jining, afin d’attirer plus de jeunes filles qui aspiraient à vivre comme les vierges. Comme le nombre d’étudiantes augmentait, la longueur des études a également augmenté. Plus de matières ont été ajoutées au programme, comme les sciences naturelles, qui étaient devenues populaires en raison de la modernisation de la Chine à cette époque. (米格,1997, p. 49)

Au début, la plupart des vierges qui prenaient part au travail missionnaire de l’Eglise, vivaient avec leur famille. Etant donné que l’Eglise a continué à se développer, les vierges catéchistes ont été scindées en deux groupes. Le groupe itinérant s’est organisé au sein des paroisses et a envoyé des catéchistes dans les quartiers voisins. Le groupe appelé Xiantanghui (‘Société de la Présentation’) à Shanghai est un excellent exemple de ce modèle. Le second type était un groupe résidentiel. Les vierges catéchistes vivaient dans une paroisse où le curé célébrait la messe chaque dimanche. Les autres jours, les jeunes dames missionnaires servaient en qualité de responsables de la paroisse. Leur tâche consistait à organiser les femmes croyantes en groupes et à leur enseigner le catéchisme, d’aider à l’administration de l’église et de tenir des classes de catéchisme pour les enfants.

Les vierges catéchistes qui résidaient dans la paroisse aidaient à résoudre le problème du manque de personnel pour l’évangélisation. A la fin de la période de la dynastie des Qing, ces vierges catéchistes jouaient un rôle important dans l’administration des paroisses et la formation des laïques. Il y a de nombreux documents sur ces groupes résidentiels de la dynastie des Qing. Par exemple, parmi 24 églises à Chuanshating, 12 d’entre elles étaient tenues par 11 femmes missionnaires. Les autres étaient administrées par prêtres étrangers ou chinois (《教務教案檔》第六輯 (二), 1981, pp 810-811). Du fait qu’il y avait tant de femmes missionnaires à l’intérieur d’un district, nous pouvons constater le remarquable accroissement du nombre de vierges catéchistes et la croissance de l’Eglise catholique à la fin de la période des Qing.

Cela devint presque une norme à la fin de la dynastie des Qing d’avoir une femme missionnaire pour diriger une église. (Il y avait même quelques femmes missionnaires qui devaient gérer deux ou trois églises). En plus de ces vierges catéchistes résidentielles, il y avait quelques communautés de vierges qui servaient en tant que groupes de charité et qu’équipes d’administration des églises en même temps. A Jiading, par exemple, « il y avait une église fondée par des missionnaires français dans la ville de Loutang, près de la route du Nord. Le complexe était composé d’une église et d’un bâtiment de six chambres dans le style occidental, des chambres pour hommes, et des chambres pour femmes, une chambre d’enfant, et des vestiaires. Au total, il y avait 46 chambres. Le long de la rue voisine, il y avait 39 maisons de pierre louées pour le logement ou pour les affaires. Au total, il y avait 91 maisons dans le même secteur. Un groupe de vierges vivaient dans l’église dirigée par le diocèse missionnaire français ». (《教務教案檔》第六輯(二), 1981, p. 846). Il est évident qu’il s’agissait d’une paroisse très importante. La communauté des vierges servait dans l’école et dans les jardins d’enfants. Il devait bien y avoir quelques catéchistes parmi elles.

Le traitement des vierges catéchistes

La règle de l’Eglise gouvernant les catéchistes ne faisait pas de distinction nette entre les groupes masculins et les groupes féminins. Par exemple, les règles éditées par Mgr Ma Quishan précisent que les catéchistes doivent rester humbles, patientes et avoir l’amour du prochain. Un autre clerc, nommé 古拉, estimait que les catéchistes devaient posséder cinq vertus : la sainteté, l’amour, être digne de confiance, l’altruisme et la prudence (林淑理, 2007, pp. 270-271). Le Guide pour les catéchistes, édité par Mgr Charles Joseph van Melckebeke, indique que des catéchistes doivent être respectables, irréprochables, enthousiastes, exemplaires dans leurs paroles et leurs actes, audacieux, optimistes, prudents et charitables. Dans les manuels, les exigences de base pour les catéchistes étaient pratiquement les mêmes, bien qu’il pouvait y avoir des différences dans les détails.

Beaucoup de catéchistes masculins se trouvaient dans le groupe des itinérants, qui accompagnaient et assistaient les prêtres dans leurs activités missionnaires. Etant donné que les catéchistes masculins étaient mariés, ils avaient besoin de gagner un salaire pour subvenir aux besoins de leur famille. Bien que les catéchistes masculins aient reçu un salaire, ceux qui étaient très motivés par leur travail étaient peu nombreux. Au cours de la dernière période de la dynastie des Qing, il était de plus en plus en plus difficile pour les prêtres de trouver un catéchiste itinérant qualifié. Un prêtre de la Société du Verbe Divin évoque dans une de ses lettres, la situation des catéchistes à Shandong : « Il y a 30 ou 40 ans, il n’y avait que peu de chrétiens. Un missionnaire devait gérer de une à cinq églises. Pour cette raison, les paroissiens devaient souvent prendre soin d’eux-mêmes. Les missionnaires visitaient les paroisses tous les mois et y vivaient avec les catholiques quelques semaines. Il est impossible de nos jours de connaître le coût de la vie à cette époque. Inversement, il était plus facile d’embaucher un bon catéchiste, car il y en avait un dans chaque paroisse. Il recevait chaque mois un salaire d’un à deux dollars. Maintenant, la situation a changé. Le nombre des catholiques au Shandong est passé de 150 à 150 000. Les autres diocèses ont aussi manifesté un remarquable accroissement du nombre de croyants. Cependant, notre méthode de prédication n’a pas beaucoup changé. C’est parce que nous n’avons pas suffisamment de catéchistes. Pour l’instant, nous avons à disposition un villageois dévoué, qui ne sait ni lire ni écrire, et il a la charge de la formation catéchétique et spirituelle des laïcs. Quelques catéchistes peuvent être enseignants, mais ils ne peuvent pas enseigner dans les écoles religieuses car ils ne sont pas estimés par les laïcs catholiques. Chaque mois, nous leur payons un salaire de deux ou trois dollars. Cependant, ces hommes peuvent seulement offrir leur service en hiver. Pendant l’été, ils doivent s’occuper de leurs champs. En conséquence, si nous voulons recruter des catéchistes fiables, éminents et bien formés, nous devons augmenter leur salaire. » (Stenz, 1928, p. 306).

La croissance de l’Eglise a conduit à une amélioration de l’organisation et de la gestion des catéchistes. Une de ces améliorations était l’harmonisation des responsabilités des catéchistes et de leurs salaires. Pour cette raison, le Guide pour les catéchistes précisait : « Les missionnaires catéchistes qui participent à l’évangélisation pour l’Eglise doivent recevoir un salaire. Leur montant n’a pas besoin d’être très élevé, mais il doit être suffisant pour subvenir aux besoins de la famille. L’Eglise tire ses revenus essentiellement des dons. La paye peut être réduite si un catéchiste prouve qu’il est irresponsable. Cependant, si les catéchistes veulent prendre un travail en dehors de leurs responsabilités immédiates, leur paye peut être réévaluée proportionnellement. Chaque mois, le prêtre doit enregistrer les salaires versés. Nous tous, cependant, nous ne devrions pas travailler simplement pour gagner de l’argent, mais pour Dieu et pour le bien de l’Eglise, aussi bien que pour le salut éternel de chacun. » (Règles des catéchistes, 1934, pp. 450-451)

Vers la fin de la dynastie des Qing, le pouvoir économique de l’Eglise s’est considérablement accru. La Société du Verbe Divin a donné aux catéchistes masculins et féminins (y compris les orphelins) un salaire mensuel de cinq à six francs. Cependant, les catéchistes utilisaient leur salaire pour « aider les pauvres et les malades, pour en faire don aux écoles primaires ou pour aider à la construction de chapelles pour prier » (費爾希, pp. 241-242).

D’une manière générale, les règles relatives au paiement des salaires dans le Guide pour les catéchistes concernent seulement les catéchistes masculins. Comparativement aux catéchistes masculins qui devaient faire vivre leur famille, la rémunération des vierges catéchistes était beaucoup plus facile à traiter. Les vierges catéchistes du Shandong par exemple, sont « moins bien payées que leurs collègues masculins, parce qu’elles n’avaient pas de famille à faire vivre. Elles pouvaient utiliser l’argent comme elles l’entendaient. Quelques-unes possédaient même de la terre. Les vierges catéchistes éminentes offraient leur salaire pour soutenir la tâche missionnaire ou pour décorer les églises. Très souvent, elles offraient tout ou partie de leur salaire pour soutenir ces missionnaires qui avaient besoin d’une assistance financière ». (Lange 1929, pp. 101-102).

Bien que leur salaire fût très bas – quelquefois, elles ne recevaient rien pour leur travail – les vierges catéchistes soutenaient l’Eglise avec leur modeste revenu. De cette manière, elles montraient leur dévouement pour le travail missionnaire. Dans le diocèse de Shanghai, cela faisait partie de la tradition des vierges catéchistes de travailler sans être payées. Elles « servaient l’Eglise avec leur cœur et leur esprit. Elles n’étaient pas payées pour leur travail à l’Eglise et elles ont dirigé des petites affaires pour subvenir à leur propre besoin. Elles donnaient toute leur vie au service de l’Eglise » (金魯賢, p. 15). Les vierges catéchistes montraient leur esprit d’altruisme, de service et de sacrifice à travers leur travail difficile, et « l’Eglise ne devrait jamais oublier la contribution de ces grandes femmes » (金魯賢, p.15).

Rôle et contribution des vierges catéchistes

Leur rôle : servir ceux qui sont au plus bas de la société
Le rôle des vierges catéchistes était multiple. Elles étaient le lien entre les missionnaires et les femmes croyantes, l’enseignant spirituel des enfants, la colonne vertébrale de la mission de charité, et les organisatrices et participantes aux activités de l’Eglise. Etant donné que les jeunes femmes missionnaires travaillaient dans des zones rurales, il leur était facile d’entrer en contact avec la population la plus pauvre de Chine. Elles ont joué un rôle important en mettant en œuvre les projets évangéliques de l’Eglise.

Les vierges catéchistes se sont attachées au travail d’évangélisation comme étant la mission de leur vie tout entière. L’Eglise comptait beaucoup sur les vierges catéchistes pour leur savoir, leurs aptitudes, leur persévérance et leur sens de responsabilité. Cependant, cela ne signifie pas que les vierges catéchistes étaient juste des enseignants de catéchèse. A la page 7 du Guide pour les catéchistes se trouve la précision suivante : les vierges catéchistes « doivent préparer les enfants pour leur première communion, encourager et exhorter les femmes croyantes dont la foi n’est pas encore solide et elles doivent décorer les autels ».

La première étape dans le succès des femmes missionnaires venait des choses les plus ordinaires. Etant donné qu’il était difficile pour les prêtres d’entrer dans les villages, c’était un choix avisé de compter sur les catéchistes pour l’administration des églises de village. Dans le même temps, beaucoup « d’hommes missionnaires » étaient mariés et leur identité en tant que maris leur facilitait la prédication dans les villages. Cependant, la plupart du temps, la majorité des personnes converties étaient des femmes. En conséquence, la tâche missionnaire des vierges catéchistes était indispensable. Ce n’était pas seulement une tendance dans le développement de l’Eglise, mais c’était aussi une de ses stratégies missionnaires. Elles servaient les femmes et les enfants des classes les plus nécessiteuses de la société et « les plus petits de tous ». Utilisant leur connaissance médicale et scientifique, les vierges catéchistes se relayaient pour visiter ces villages et prêchaient l’amour du Christ aux frères et sœurs les plus pauvres, qui n’avaient pas de chance de prendre part à la civilisation moderne.

Leur contribution : donner un bon exemple à tous les chrétiens
燕鼐思 a écrit : « Dans la société chinoise où les coutumes assurant l’interaction entre les hommes et les femmes étaient très rigides, les vierges catéchistes ont joué un rôle indispensable pour procurer une formation aux femmes et pour organiser les activités religieuses pour elles. » (燕鼐思, 1976, p. 111). Le nombre des vierges catéchistes s’est accru le temps passant. Dans le vicariat apostolique de Zhili, les croyants étaient plus organisés. De 1906 à 1907, le nombre de catéchistes (comprenant les deux groupes masculins et féminins) était de 1 048. (范文興、耿永順等, 2005, p.111). Dans les années 1930, il y avait plus de vierges consacrées catéchistes que d’hommes catéchistes : « Dans les paroisses, les écoles publiques, les écoles primaires et les nurseries, il y avait 620 enseignants hommes et 680 vierges enseignantes. C’était les plus capables d’aider à la mission évangélique du diocèse. Ils étaient très durs au travail et continuaient à récolter la grande moisson de leur travail. » (劉欽明, 1938, p. 817).

En tant que laïcs, les vierges catéchistes gagnèrent l’estime de l’ensemble des laïcs et les louanges de leurs supérieurs grâce aux contributions qu’elles ont apportées pour le développement de l’Eglise. 林昭, vierge catéchiste du Guizhou, avait été envoyée pour prêcher la Bonne Nouvelle dans les villages Miao à Langdai. (1854-1856) Voici ce dit l’’administrateur du diocèse, Paul Perny (代理主教童文獻) de sa mission : « Cette paroisse n’aurait pas survécu sans elle. » (沙百里, 2005, p. 236). L’évêque allemand Augustin Henninghaus, Société du Verbe Divin, a écrit également dans son rapport : « Dans les dernières décennies, l’Eglise en Europe a été de plus en plus consciente du rôle important des laïcs. Nous sommes heureux de voir la même tendance se confirmer dans la mission de l’Eglise évangélique en Chine. En dépit de sa dimension limitée et de la pauvreté, elle utilise avec succès le pouvoir des laïcs en prêchant la foi du Christ. Comment les activités missionnaires de l’Eglise pourraient-elles continuer sans les hommes et femmes catéchistes tout comme leurs leaders ? Pourtant ces personnes sont seulement des membres laïcs de l’Eglise ». (費爾希, p. 109)

A l’époque moderne, la formation des catéchistes devint plus systématique. Cela a contribué à améliorer leurs connaissances dans les domaines de la culture, de la catéchèse et de la théologie. Les femmes missionnaires du Shandong, par exemple, enseignaient « avec simplicité et exactitude. Bien que les cours pour les hommes et pour les femmes était les mêmes, les vierges catéchistes se distinguaient par leur enthousiasme, leur dévouement et leur comportement exemplaire » (Lange, 1929, p.101). L’éloge des missionnaires et l’affirmation de leur travail reflétait l’esprit de sacrifice des vierges catéchistes. Leur mission était, à bien des égards, meilleure que celle de leurs collègues masculins. Les jeunes femmes missionnaires ont prouvé qu’elles étaient vraiment « les meilleurs serviteurs de la foi et une grande force pour gagner des nouveaux croyants » (Entenmann, 1996, p. 186).

Au début du XXème siècle, le pape Benoît XV encourageait les femmes célibataires à servir l’Eglise et la société. Dans sa célèbre encyclique sur le travail missionnaire, il reconnaissait le travail des vierges catéchistes en ces termes : « Nous ne pouvons pas poursuivre sans mentionner le travail accompli par les femmes, car depuis les tout premiers jours de l’Eglise, elles ont toujours été remarquables par leur diligence et le zèle à assister les prédicateurs de l’Evangile. Nous voulons signaler ici et signaler pour notre plus grande fierté, ces nombreuses femmes qui ont promis leur virginité à Dieu et ont continué à exercer leur vocation pour les missions. Elles y sont engagées elles-mêmes pour l’éducation des enfants et pour de nombreuses autres tâches de charité et de dévouement. Cette reconnaissance de leur réussite, nous l’espérons, encouragera ces sœurs et les incitera à faire d’autres efforts au nom de l’Eglise. Nous espérons avant tout qu’elles seront rapidement convaincues que l’utilité de leur mission augmentera en proportion du soin qu’elles donnent à leur propre perfection » (pape Benoît XV, Maximum illud, n° 30).

Les vierges catéchistes furent des femmes « qui brisaient les barrières culturelles de la communication » (樂培霓, p. 111) Le fondement de leur mission était leur appel à « être le sel de la terre et la lumière du monde ». Leur esprit était animé par un grand sens de la dévotion à Dieu et leurs vies étaient gouvernées par les vertus de sacrifice, de pauvreté et de service. Elles sont un excellent exemple pour tous les membres laïcs de l’Eglise à venir.